À l’âge de 5 ans, Tim Silver reçoit une boîte de magie pour laquelle il se passionne. Il en demande une autre, puis une autre, et découvre Micmagic, une boutique orléanaise de farces et attrapes, costumes et tours de magie, où il se rend tous les week-ends en compagnie de son père. Il y achète des cassettes vidéo (« voilà, ça vous donne mon âge », glisse-t-il en riant) et commence à monter des petits spectacles, dès ses 12 ans, pour les kermesses. Il assiste à des conférences, intègre des clubs de magie et apprend son futur métier relativement vite, assorti de cours de théâtre et de danse à l’adolescence. Puis viennent les congrès en France, en Europe, dans le monde. La majorité approchant, Tim Silver passe son bac par correspondance et se dédie à 100 % à son art, au point de monter sa société le jour de ses 18 ans, avec un objectif très clair : faire de la grande illusion.
Son expérience se forge avec de nouvelles propositions, comme l’unique show qu’il ait créé sur le thème de l’Amazonie et dans lequel il fait disparaître un tigre, protégé de son ami Rémy Demantes, fondateur du musée du Cirque et de l’Illusion, à Dampierre-en-Burly. « C’était ça que je voulais faire : de la magie moderne, très dynamique, où les tours s’enchaînent », explique-t-il. Les étoiles s’alignent alors. Tim Silver se produit au cirque Gruss, où il appréhende une scène à 360°, un autre enjeu. Le petit écran le remarque et pour son premier passage à la télévision, il se produit sur un prime de la Star Academy, en direct. Il rencontre alors Sarah qui devient sa partenaire (et l’est toujours).
Tous les gains de ses spectacles, il les réinjecte alors dans la création de ses décors. Il se produit dans un théâtre de variété à Hambourg, en Allemagne, dans les villages vacances et dans les arbres de Noël d’entreprise. Les appels se multiplient, non plus pour du close-up en entreprise, mais pour de la grande illusion, qui nécessite alors un technicien, un camion, une équipe… Jusqu’à l’appel tant attendu : celui de l’agent de Patrick Sébastien. « Depuis tout petit, je regardais Le plus grand cabaret du monde. Je suis né en même temps que l’émission. Ma famille me disait : « si un jour tu es invité là, tu y seras arrivé ». L’animateur le prend alors sous son aile pendant cinq ans. Hanouna ou Arthur l’invitent aussi sur leurs plateaux. Son équipe grossit, entre les danseuses, les soudeurs menuisiers qui créent les décors, et les régisseurs. Ils sont maintenant quatorze, attribuant à Tim Silver la lourde casquette de chef d’entreprise.
« Sur scène, il a décidé d’être lui-même, en exagéré… »
En 2017, l’équipe remet en état un théâtre de 700 places au sein du parc Walygator (Metz), en échange de 120 jours de spectacles annuels et à raison de trois shows par jour. Tim Silver crée de nouveaux numéros sur scène, qu’il teste puis rôde. Le succès est tel que lors d’un concours pour lequel il est juré, Tim Silver repère un jeune artiste très dynamique, « une furie » qu’il décide de former pour dupliquer son spectacle dans un autre parc d’attraction, le parc Bagatelle, au Touquet.
Une pile électrique
Généralement, les professionnels qui ont développé une telle structure en si peu de temps ont le double de son âge. Il faut dire que Tim Silver, qui se lève et se couche en pensant magie, est toujours en alerte pour créer : une vitrine, une publicité peuvent l’inspirer. Ses numéros intègrent désormais des illusions numériques et du digital. Il l’explique ainsi : « Je veux que le public puisse s’identifier à moi. Faire évoluer la magie, c’est faire évoluer le magicien. » Son prochain spectacle se tiendra d’ailleurs dans un décor industriel et intégrera des objets du quotidien. Plutôt que d’interpréter un rôle sur scène, Tim Silver a tout bonnement décidé d’être lui-même, en exagéré. Considérant la pile électrique qui nous fait face, nous avons une petite idée du dynamisme que cela sous-tend…
À ce jour, l’homme s’est entouré de gens de confiance – de son équipe de départ, pas un seul membre n’est parti – et a réalisé tout ce dont il rêvait sur scène, hélas au détriment de tout le reste, surtout d’une vie de famille. La Covid s’est assortie de l’heure des bilans pour le jeune homme, qui revient toujours au bercail, à Orléans, où il retrouve ses meilleurs amis. « S’il n’y a pas une reprise correcte du secteur d’ici mars prochain, il s’écroulera », annonce-t-il. Mais il reste toutefois tourné vers l’avenir, car « le spectacle, ce n’est jamais fini… »