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Production d’hydrogène vert pour poids lourds : conflits lors du dernier conseil métropolitain à saran

Production d’hydrogène vert pour poids lourds : conflits lors du dernier conseil métropolitain à saran

Lors du dernier conseil métropolitain, les élus se sont affrontés en raison d’un projet de production et de distribution d’hydrogène vert pour poids lourds porté par TotalEnergies. Un projet que la Métropole voudrait imposer à Saran, accuse Maryvonne Hautin, qui remet en question la gouvernance de l’intercommunalité.
B.V
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 À la fin de la dernière mandature, certains maires trouvaient que les conseils métropolitains étaient trop consensuels. Ce temps est désormais révolu : fin janvier, un nouveau sujet a fait l’objet d’une discussion animée entre le maire d’Orléans et président de la Métropole, Serge Grouard (LR), et la maire de Saran (PC), Maryvonne Hautin. « Aujourd’hui, la Métropole peut décider de ce qu’elle veut contre l’avis d’un maire ! » a ainsi asséné cette dernière. Ce qui a déclenché sa colère tourne autour du projet d’implantation d’un centre de production et de distribution d’hydrogène vert porté par TotalEnergies sur un terrain propriété d’Orléans Métropole, mais situé sur la commune de Saran, au site dit du Grand Sary, sur une parcelle de 4,5 ha. Pour autant, ce n’est pas tant le projet en lui-même que la « méthode » employée pour potentiellement faire voir le jour à ce projet qui a passablement énervé Maryvonne Hautin.

Qui décide, qui commande ?

Explications : pour que ce site se construise, il faudrait, préalable indispensable, envisager une modification du Plan Local d’Urbanisme métropolitain. Jusqu’à juillet dernier, les communes bâtissaient chacune leur PLU mais désormais, cette compétence est métropolitaine, de façon à mieux harmoniser les règles d’urbanisme sur l’ensemble de l’agglomération. Si la rédaction de ce document de plus de 7 000 pages (!) s’est plutôt bien déroulée, voilà qu’a commencé à être préparée, à l’automne dernier, la première modification de ce PLU, modification qui concerne plusieurs communes de l’agglomération (Orléans, Fleury, Chécy, etc.). Le 23 septembre dernier, les services de la Métropole indiquent aux services de la Ville de Saran vouloir inscrire une modification partielle du zonage du Grand Sary, dans l’optique d’y construire « un projet de pompe hydrogène TotalEnergies ». Les services de Saran répondent dans la foulée n’avoir « aucune information » sur ce projet : « les élus attendent une présentation et des échanges pour se prononcer », est-il écrit. Le 24 octobre, une présentation « rapide » du projet est faite à ces élus par le service « Développement économique » de la Métropole, mais il n’y avait toujours « aucun dossier concret », assurent-ils aujourd’hui. Le 12 janvier, Maryvonne Hautin dit rencontrer pour la première fois des représentants de Total. Avec toujours « rien de concret pour le site visé à Saran », insiste l’édile. Entretemps, le 18 novembre, la Métropole a saisi la Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAE) pour qu’elle se prononce sur un point : la modification envisagée du PLUm peut-elle se faire sans réaliser une « évaluation environnementale » qui rallongerait les délais ? Le 26 janvier dernier, le conseil de Métropole vote l’avis de la MRAE qui a été saisie, selon Saran, « sans en informer la commune et malgré (sa) désapprobation ». Le jour de cette assemblée métropolitaine, Maryvonne Hautin laisse éclater sa colère. Pour résumer, la maire de Saran a l’impression de s’être fait tordre le bras. La première magistrate de la Ville et son adjoint, Christian Fromentin, assurent en effet n’avoir pas été « mis au courant ». Mais de quoi ? De la modification du zonage du Grand Sary ou de la teneur exacte du projet d’hydrogène vert ? C’est l’interstice dans lequel se jette Serge Grouard, qui accuse Saran, lors de ce conseil métropolitain, de « chercher la polémique ». « Vous êtes au courant depuis septembre 2022 ! » martèle-t-il. Dans son style habituel, le président de la Métropole refuse que cette affaire serve de prétexte à un débat sur la gouvernance, ou plutôt sur sa gouvernance. « Je n’ai aucune idée de forcer la main à qui que ce soit, assène-t-il. Cette suspicion est insupportable. » Le problème, c’est que d’autres maires de la Métropole ne sont pas loin de prendre fait et cause pour Saran dans des positions qui ébrèchent les rapports de force politiques du conseil métropolitain. « On met Saran devant le fait accompli », estime Valérie Barthe-Chesneau, la maire socialiste de La Chapelle, tandis que Christophe Chaillou (PS) explique que les communes doivent « garder la maîtrise du sol ». De façon plus surprenante, Luc Milliat, le maire de Boigny, membre du groupe de Matthieu Schlesinger (centre-droit), se dit « gêné » par ce dossier. « Car derrière tout cela, résume-t-il, il y a la question de l’existence des communes. » Bref, les lignes bougent et, sur cette délibération, Serge Grouard finit par obtenir une majorité très relative : 40 pour, 31 abstentions et 10 contre.

Le reflet d’un climat bouillant

« On aurait pu recompter… » déclare une semaine après les faits une Maryvonne Hautin suspicieuse, qui élargit le débat et prévient : « Ce qui m’arrive peut arriver à d’autres maires », clame-t-elle, toujours plus convaincue que « désormais, les Métropoles ont la main sur les communes ». « Serge Grouard n’est pas un bon président de la Métropole », ajoute-t-elle, précisant qu’elle sait se montrer coopérante quand elle est traitée « avec respect ». « Quand Matthieu Schlesinger est venu me voir pour me présenter un projet afin de récupérer la chaleur de l’UTOM*, c’était clair. Là, ce projet Total, je ne sais pas d’où il sort. » Maryvonne Hautin se demande en outre si elle ne paye pas le fait d’avoir publiquement refusé d’accueillir sur sa commune le projet de SAS**, toujours prévu aux Groues, que Serge Grouard aimerait voir s’implanter à… Saran. S’il s’agit là d’une supposition, une réalité semble cependant plus certaine : le climat d’incompréhension qui sied à ce mandat métropolitain a passé le cap de l’année 2023.

* Unité de Traitement des Ordures Ménagères, située à Saran.

** Structure d’Accompagnement à la Sortie.

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