Après les messages hivernaux à mesurer sa consommation d’énergie, voici déjà les appels à réduire sa consommation d’eau en vue de l’été. Il faut dire que les données à l’instant T ne sont guère réjouissantes : l’hiver 2023 n’a pas permis de recharger des nappes essorées par une année 2022 particulièrement sèche. Sur l’ensemble du bassin Loire-Bretagne, qui regroupe huit régions, dont le Centre-Val de Loire, « les précipitations ont été nulles pendant 32 jours entre la fin du mois de janvier et le 22 février ; c’est un record absolu », explique Hervé Brulé, directeur de la DREAL Centre-Val de Loire. Le mois de mars, plus humide, a certes permis de limiter un peu la casse, mais il « n’a pas permis de reconstituer les ressources en eau » du territoire. Début avril, 13 départements du bassin, dont le Loiret, étaient ainsi déjà placés en vigilance, et un autre en alerte. Ajoutez à cela un été prochain que les prévisionnistes voient déjà « très sec », et vous comprendrez pourquoi le message est, dès le début du mois de mai, d’appeler les usagers, professionnels comme particuliers, à faire preuve de sobriété dans leurs consommations d’eau. Car même s’il se met à pleuvoir en ce début mai, les précipitations seront davantage captées par la végétation que par les nappes.
La Loire en souffrance
Gérer « une situation tendue » : c’est ce que à quoi disent se préparer, dès à présent, les services de l’État en région. Il est ainsi fort probable que des arrêtés préfectoraux de restriction d’usage de l’eau arrivent plus tôt cette année. Certains agriculteurs se seraient déjà préparés en modifiant très vite dans la saison leur assolement. Est-ce à dire que les cultures de maïs, très consommatrices d’eau, seront moins nombreuses dans les champs de Beauce et de l’Orléanais ? C’est à espérer… En attendant, les autorités sont également vigilantes sur les débits des cours d’eau qui, dans le bassin Loire-Bretagne, étaient déjà en moyenne « très inférieurs aux valeurs de saison avec des déficits allant jusqu’à 80 % ». À Gien, durant la première quinzaine d’avril, le débit de la Loire oscillait ainsi entre 190 et 270 m3/seconde, alors qu’il est normalement de 370 m3/s à cette période de l’année. Pour tenter de résorber cette situation, les services de l’État ont dans leur manche l’atout du soutien d’étiage, qui permet de libérer de l’eau en provenance de deux barrages situés à Villerest et Naussac. Si le premier affichait fin avril un taux de remplissage de 100 %, le second était dans un état plus problématique, rempli à moins de la moitié de sa capacité (40 %). Alors, ce dispositif de soutien d’étiage sera certes encore employé cet été pour soulager le faible débit de la Loire mais, face à des réserves qui ne sont pas vraiment au beau fixe, les services de l’État recommandent, encore une fois, de faire preuve de sobriété en « réduisant les prélèvements d’eau » dans le Fleuve royal. Car « 2,5 millions de personnes dépendent de près ou de loin de la Loire dans leur ressource en eau potable », complète Hervé Brulé. D’après lui, les centrales nucléaires de la région se sont d’ailleurs déjà coordonnées pour arrêter cinq réacteurs durant l’été.
Malgré ces nouvelles un brin anxiogènes, les services de l’État n’envisagent pas que des habitants du Centre-Val de Loire soient privés d’eau au robinet durant l’été : « En général, les communes les plus impactées par ce risque de pénurie sont petites, rurales et se trouvent plutôt en zone montagneuse. » Pas une raison, cependant, pour faire n’importe quoi : c’est d’ores et déjà sobriété à tous les étages, ou « sobriété pour tous les usages ».
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Comment économiser l’eau ?
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