La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, s’est déplacée, en personne, mercredi dernier, à Orléans, pour participer à l’installation de la première « conférence régionale du sport » sur le territoire national. Cet outil, qui ne dira rien à 99,99 % des gens, vise en fait à mettre sur pied une « gouvernance partagée » du sport dans les régions autour d’une conférence d’une cinquantaine de membres, à la tête de laquelle se tiendra un président (en l’occurrence François Bonneau pour le Centre-Val de Loire) et deux vice-présidents.
Cette conférence va devoir rédiger un « diagnostic sportif territorial », duquel devra être tiré, à horizon 2023, un « projet sportif territorial ». Le but ? Favoriser la pratique du sport sur le terrain et, accessoirement, aider à la compétitivité du sport français de haut niveau à l’échelle internationale, en répartissant de façon plus coordonnée l’argent de l’État (et de son bras armé, l’Agence Nationale du Sport) et d’autres bailleurs de fonds. La ministre des Sports a ainsi défendu cette réorganisation en expliquant que ce n’était, en gros, pas à Paris de décider de tout.
Au pays de la « jargonerie »
Se dégage ainsi un parfum de décentralisation qui, à première vue, paraît séduisant. Sauf qu’après avoir assisté à son installation, on a encore bien du mal à comprendre à quoi va servir cet outil qui a tous les airs d’une nouvelle couche rajoutée à l’inextricable millefeuille politico-administratif dont la France est la championne toutes catégories. Pour résumer, on a l’impression qu’on a surtout passé beaucoup de temps à se réunir pour organiser conférences régionales du sport, sortes de grandes réunions qui, elles-mêmes, devront caler d’autres réunions, et notamment des « conférences des financeurs ». Celles-ci, comme leurs noms l’indiquent, devront réfléchir à la façon dont les entreprises privées pourraient renforcer leur accompagnement du sport. Ce qui ressort in fine de tout cela, c’est qu’en France, on adore dire qu’il faut « se mettre autour de la table », mais qu’on a bien du mal à le faire rapidement. Pourquoi d’ailleurs mettre sur pied ce type de « conférences » alors qu’une direction décentralisée de l’État, comme il en existe déjà partout, sur tous les territoires, aurait pu le faire directement ? Parce que Paris ne veut pas tout imposer, dixit encore la ministre.
Au sein même des collectivités territoriales, qui sont en théorie associées au bon avancement de ces « conférences régionales du sport », on ne savait pas trop, la semaine dernière, si celles-ci auraient un effet contraignant sur leurs décisions. « L’idée, ce n’est pas d’imposer, mais de susciter, suivant une méthode participative en intra-régional », ont répondu Roxana Maracineanu et François Bonneau, assombrissant ainsi l’utilité pratique de ce nouveau bébé qui prouve toutefois qu’en France, à tous les niveaux, on peut faire très compliqué tout en faisant croire que c’est très simple.