Dans deux mois, les Simones tenteront de décrocher leur Graal, à savoir une montée en championnat de France Élite, c’est-à-dire le plus haut niveau français de roller derby. Les 25 et 26 juin prochains, elles participeront en effet à un week-end de barrage au cours duquel elles affronteront trois concurrentes. L’équipe gagnante accédera au gratin national. « Ce serait l’aboutissement de dix ans de travail, explique Émilie Blachon-Renouard, la présidente de l’Orléans Roller Derby. Une fois les vacances passées, nous allons mettre un bon coup de collier, avec des matchs de préparation tous les week-ends. » Les Simones ont largement leurs chances : le travail plus intense mené cette année en termes de préparation physique a déjà porté ses fruits les 9 et 10 avril derniers, lors de la dernière session de championnat de France de National 1. 152/50, 102/75, 180/66 et… 198/37 : ces scores disent tout de la domination sans partage des Simones sur leurs concurrentes.
Pas assez considérées ?
Qu’elles atteignent ou non leur objectif, les filles aimeraient cependant bénéficier, à l’avenir, de meilleures conditions d’entraînement. Aujourd’hui, le gymnase Gare est mis à leur disposition le jeudi soir par la Ville d’Orléans. Or, le terrain, trop petit, n’est pas adapté à la pratique et ne permet pas de déployer l’intégralité du track, c’est-à-dire l’anneau autour duquel les joueuses tournent. « Il nous faudrait un terrain de 40 m sur 20 ; or celui du gymnase Gare fait 38 m sur 18. C’est comme si des footeux s’entraînaient sur un terrain de hand », compare Émilie Blachon-
Renouard, qui évoque aussi des vestiaires « datant des années 80 et sentant mauvais ». Si les Simones pouvaient par exemple bénéficier de créneaux supplémentaires au gymnase Olympe de Gouges, à La Source (où elles bénéficient déjà d’heures le dimanche), elles en seraient ravies. « On a tout à fait conscience qu’on ne pratique pas le sport le plus vendeur, qu’on est sur une niche, mais on a quand même un petit sentiment d’injustice, ajoute la présidente de l’Orléans Roller Derby. On est un sport féminin, qui accueille des membres de la communauté LGBT, Trans… Est-ce que cela joue contre nous ? Les élus devraient comprendre qu’on est un espace safe pour plein de communautés. » Sollicité, Thomas Renault, adjoint orléanais aux Sports, dit réfléchir « à un lieu d’entraînement plus décent » pour le club, mais indique devoir faire avec des « équipements surchargés ». « Changer les créneaux, en trouver de nouveaux, c’est un vrai jeu de chaises musicales », explique l’élu, qui assure « traiter tout le monde de la même façon. Je sais qu’elles (les Simones) sont un peu vindicatives, mais je les ai déjà reçues quatre fois. Et ce n’est pas parce qu’elles se répandent dans la presse que cela va aller plus vite ». Les filles de l’Orléans Roller Derby, qui ne se sentent pas assez considérées par rapport à d’autres disciplines plus médiatiques – « l’USO, par exemple, est très soutenue, mais c’est du foot et ce sont des garçons… » –, ne réclament pas, cependant, une hausse de leur subvention municipale. Thomas Renault indique qu’en 2022, celle-ci est passée de 1 400 à 1 500 €.