Cela faisait trois ans que c’était dans l’air. Depuis 2018, très exactement, les services et les élus d’Orléans Métropole travaillent à l’élaboration d’un Règlement local de publicité au niveau intercommunal. La loi l’imposait, et la Métropole l’a donc fait, en indiquant avoir mis sur pied un arsenal de mesures qui vont justement plus loin que ce que la loi nationale prescrit. Il faut dire qu’on partait de loin, certaines villes de la métropole ayant été récemment épinglées par l’association Paysages de France, qui avait notamment remis à Saint-Jean-de-la-Ruelle le « prix de la France moche ». Celui-ci « récompensait » le trop grand nombre de panneaux publicitaires qui, selon l’association, balisaient certaines artères stéroruellannes.
Tailles, répartition et luminosité des panneaux seront revus
Depuis jeudi donc, les communes ont donc dans leur besace un texte sur lequel elles vont pouvoir s’adosser pour faire « un peu de ménage ». Le maire d’Orléans et vice-président délégué à l’énergie et à la biodiversité, Serge Grouard, n’a pas non plus caché sa satisfaction de voir ce règlement émerger, lui qui s’agace depuis des années devant l’entrée nord de la métropole par la RD 2020 du côté de Saran et Fleury-les-Aubrais, qu’il trouve particulièrement repoussante. « En termes d’image, c’est catastrophique, a-t-il encore souligné jeudi dernier. On se croirait dans les années 60. En conséquence, cette délibération est très importante. Nous allons diminuer de moitié le nombre de panneaux publicitaires et limiter ces « forêts de publicité » en entrées de métropole. »
Très concrètement, que prévoit donc ce Règlement local de publicité métropolitain ? D’abord la réduction du nombre des panneaux et une meilleure répartition : « La densité sera revue à la baisse, les doublons seront interdits (deux panneaux l’un à côté de l’autre), et l’implantation de deux panneaux successifs ne sera possible que tous les 80 m », indique la Métropole. Ensuite, la taille des panneaux connaît une évolution : elle est désormais limitée à 8 m2 pour les plus grands contre 12 m2 actuellement autorisés par la réglementation nationale. D’autre part, les panneaux numériques de grands formats seront désormais autorisés uniquement dans les Zones d’activité « expressives » et sur une surface de 6 m2. « Le défilement des publicités sera interrompu la nuit pour faire place à une image fixe », précise la Métropole, qui affirme enfin que les horaires d’extinction nocturne passeront de 23h à 6h du matin. Au niveau des délais d’application de ce nouveau règlement, Jean-Vincent Valliés, maire de Chécy et vice-président délégué à l’aménagement durable du territoire, a expliqué que « les afficheurs auront deux ans pour se mettre en conformité, et qu’un zonage important de la métropole a été réalisé pour permettre une adaptation fine à chacune des communes ».
Le bon moment ?
Sur ce sujet, difficile de ne pas jouer la carte du consensus. Les élus du conseil métropolitain se sont à peu près tous félicités de cette avancée, même si certains, comme Jean-Philippe Grand (EELV), ont déjà espéré qu’il y aurait un après, et que celui-ci sera encore plus restrictif. Ce règlement a donc été voté à la quasi-unanimité de l’assemblée métropolitaine, où le conseiller Gérard Vesques a porté une voix discordante. En gros, cet élu de Saran s’est demandé s’il était judicieux, dans le contexte actuel de récession économique, de contraindre les commerçants dans leur communication. De plus, il craint que cette diminution importante du nombre de panneaux publicitaires dans les deux ans à venir favorise l’accroissement du volume de publicités sur Internet : « Il va y avoir une augmentation de la publicité ciblée et une plus grande « pollution » numérique de nos cerveaux. D’un autre côté, les entreprises vont être de plus en plus dépendantes par rapport aux GAFA. Pour moi, on se tire un peu une balle dans le pied… » Un raisonnement intéressant sur le fond, mais qui n’a pas convaincu le reste du Conseil métropolitain. Désormais, ce sont près de la moitié des 1 376 « dispositifs » recensés sur le territoire intercommunal qui devraient passer dans les années à venir sous les fourches caudines de ce Règlement local de publicité.