Vendredi dernier, alors que le mercure dépassait les 30°C au soleil, il était tentant d’oublier toute forme de retenue et d’aller piquer une tête dans les eaux bleues du nouveau centre nautique de La Source. Dans le bassin nordique de 50 m, des jeunes pousses de l’Alliance Orléans Natation enchaînaient les longueurs en suivant les consignes d’un mentor pas tout à fait comme les autres : Alain Bernard, champion olympique du 100 m à Pékin en 2008 -sans doute l’un des plus grands nageurs qu’ait produit la natation française- leur livrait quelques conseils pour les aiguiller sur le chemin de la réussite. Sur le bord du bassin, Vincent Hurel, le coach habituel de ces jeunes talents, buvait du petit lait. Ravi, d’abord, qu’un champion de la trempe d’Alain Bernard soit présent pour booster ses poulains. Rasséréné, ensuite, par les conditions d’entraînement dont vont dorénavant pouvoir bénéficier ses nageurs : « j’espère que ce bassin de 50 m va attirer ici de futures pépites. C’est important pour Orléans d’être l’une des places fortes de la natation française ».
Vincent Hurel parle en connaissance de cause : il a été, jusqu’à cette année, l’entraîneur de Florian Truchot, le meilleur nageur qu’Orléans ait accueilli dans la dernière décennie. Parce qu’il devenait de plus en plus difficile à ce dernier de vivre de son sport, l’athlète a dû mettre un terme (provisoire ?) à sa carrière en début d’année pour se concentrer sur sa formation de pompier de Paris. Ces dernières années, pendant qu’il performait au prix de nombreux sacrifices, Florian Truchot n’avait cessé de réclamer de meilleures conditions d’entraînement à Orléans, et notamment un bassin de 50 m. Malheureusement pour lui, son vœu s’est exaucé, mais un peu tard… Mais l’équipement est, là, désormais et profitera donc à ses successeurs, qui montrent les dents… « Ici, dans ce groupe, j’ai quatre nageurs qui ont le niveau Championnat de France Nationale 1, pointe Vincent Hurel. L’image de la natation et la pédagogie ont évolué. Désormais, nous sommes plus dans une démarche de développement personnel. Maintenant, pour faire de la natation à un haut niveau, il faut toujours avoir du caractère… » Et l’entraîneur de préciser que ses nageurs universitaires passaient toujours entre 20 et 22 h dans l’eau par semaine, auxquelles s’ajoutent 3 h 30 de préparation physique hebdomadaire, plus leurs cours, évidemment.
Trop cher, cet équipement ?
Ces nageurs de haut niveau, Orléans souhaite en voir débarquer des wagons d’ici les quatre prochaines années. Au-delà des champions qui seront formés sur son territoire, la Ville espère en effet pouvoir draguer quelques délégations internationales qui pourraient venir s’entraîner au centre nautique de La Source, avant la grande parade des JO 2024. Labellisée « Terres de Jeux », Orléans veut ainsi vendre à l’étranger ses « huit lignes d’eau » de son bassin de 50 m et son « virtual training » d’intérieur, « une technologie qui place la ville parmi les premières au monde à l’utiliser », annonce la mairie.
Le centre nautique de La Source est ainsi l’un des premiers gros équipements lancés par la municipalité précédente à sortir de terre. Fléché sport-santé, il aura coûté 17 M€ à la collectivité. Pas du luxe, diront certains usagers, qui se plaignaient de la mauvaise isolation de l’ancienne piscine. Il n’aura cependant échappé à personne que Serge Grouard, qui a inauguré lui-même le bâtiment, aura mis un petit taclé glissé à ce centre nautique, insistant sur sa cherté (voir pages 6-7). La communication de la Ville d’Orléans affirme cependant qu’il n’y a eu « aucun dépassement » sur le coût initial.