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Vers une « démétropolisation » ?

Vers une « démétropolisation » ?

Va-t-on bientôt assister, sur le territoire orléanais, à un retour de certaines compétences de la Métropole vers les communes ? Deux audits commandés à des cabinets privés doivent rendre d’ici mai-juin leurs conclusions. Seront-ils les précurseurs d’un rééquilibrage entre les villes et l’intercommunalité ? Christophe Chaillou, le président d’Orléans Métropole, pose les éléments d’un futur grand débat...
Benjamin Vasset
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À quoi va servir l’audit demandé pour évaluer les transferts de compétence ?

Le basculement en Métropole, à partir de 2017, s’est fait très vite. Après les dernières élections municipales, il y avait le besoin de prendre un peu de recul, de regarder les plus-values apportées par le passage en métropole, mais aussi les dysfonctionnements, les compétences facultatives : un audit est donc en train de se faire sur l’organisation et les équipements. Un second audit est également en cours pour questionner les relations financières entre les communes et la Métropole (voir encadré). 

Très clairement, le sens de l’Histoire, c’est la « démétropolisation » ?

L’enthousiasme des débuts est un peu retombé. Nous cherchons à voir aujourd’hui, de façon pragmatique, ce qui est le plus efficace. Les cabinets chargés des audits m’ont expliqué que cette réflexion n’était pas propre à Orléans : un peu partout, on n’est plus dans un discours qui dit que « tout doit être
métropolitain ». 

Le passage en Métropole, c’était une bonne affaire, financièrement parlant ?

Pour la Métropole, il y a eu des dotations supplémentaires de l’ordre de 16 M€. À un moment donné, cette « métropolisation » correspondait à une évolution logique du territoire et à une dynamique. Mais ce mouvement s’est fait sur la base de compromis et de transferts que, désormais, nous devons réinterroger. Car quand vous évoluez dans un environnement mutualisé, il y a une tendance naturelle à l’inflation. Les communes ont aussi tendance à demander plus que si c’était elles qui payaient. Aujourd’hui, on a l’impression que la Métropole doit être la solution à tout ; or, moi, je la vois plutôt comme un espace d’échanges entre élus, qui débouche sur des solutions comme celle que nous avons mis en place pour les étudiants (voir p.6). De plus, on sait bien, également, que des compétences majeures transférées sans grand enthousiasme ne sont pas traduites par des politiques cohérentes. 

Vous parlez ici du sport de haut niveau. Justement, pour cette compétence comme pour le MOBE ou des musées, faut-il les faire revenir dans le giron des municipalités ?

Moi, j’essaye d’abord d’objectiver les débats. Sur le sport de haut niveau, il y a une dimension passionnelle qui est parfois déraisonnable, y compris dans les réactions d’un certain nombre de nos partenaires que nous finançons de manière conséquente et qui se permettent ensuite de dire que ce n’est pas assez. La culture, elle, a toujours fait partie de l’identité des communes. Sur le Musée des Beaux-Arts et le MOBE, Serge Grouard a cette fibre de dire qu’ils font partie de l’identité de sa ville. Qu’une Métropole soutienne largement ses équipes de haut niveau ou un Musée des Beaux-Arts n’est pas illogique, car ils font partie de l’attractivité d’un territoire. Maintenant, la Métropole doit-elle les gérer ? Parlons-en. 

La question des Pôles Territoriaux est aussi en débat…

En 2017, l’idée était de dire : on regroupe des compétences et des moyens comme la voierie ou l’entretien, et on sera plus efficace. Mon sentiment, c’est que globalement, ça fonctionne, mais que dans des secteurs comme le pôle Est, qui est énorme, des questionnements se posent. Sur le dossier de la mise à disposition des agents, nous devons également revoir les règles financières, et la discussion ne s’annonce pas simple. 

 « Il va y avoir un moment de vérité » 

Jusqu’à quel point le contexte politique né du conseil métropolitain d’installation pèse, aujourd’hui, sur votre faculté à faire consensus ?

La métropole fonctionne, les délibérations sont adoptées à de très larges majorités. Honnêtement, même sans le contexte que vous connaissez, je pense que nous aurions quand même eu ces débats, car cela ne pouvait pas continuer comme avant, où certaines décisions étaient personnelles ou prises dans un cercle très restreint. Aujourd’hui, nous avons trois blocs : les élus de gauche, Orléans, et les élus divers droite du sud de la Loire. Sur certains sujets, on est encore dans des postures, mais c’est classique dans une assemblée aussi large. Cependant, des sujets de fond avancent dans le consensus, comme Interives
ou CO’Met.

Pour vous, il n’y a donc pas de risques de blocage dans les mois qui viennent ?

Personne ne peut le dire. Moi, j’essaye d’objectiver les débats, comme sur les transports. Après, nous sommes dans une assemblée politique… Cet été, il va y avoir un moment de vérité où vont converger les décisions qui seront prises suite aux audits, mais aussi les conclusions des Assises de la Transition et les décisions sur le Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI), qui va nous engager pour cinq ans. Dans ce cadre, il va y avoir des priorités à définir. Lors des trois premières années de la Métropole, c’était très souvent oui. Aujourd’hui, nous allons devoir dire « non » sur certains dossiers.

Vous parlez beaucoup de consensus, d’objectivisation, de pragmatisme…
N’avez-vous pas l’impression d’être dans la peau d’un pompier permanent ?

(Il sourit). J’essaye de faire mon boulot en n’oubliant pas que je suis un maire. En tant que président de la Métropole, tout passe par le dialogue, l’écoute et la « gestion de personnalités » (sic). Je ne suis pas dans une logique d’affirmation d’un rôle. Pour être clair là-dessus, la Ville d’Orléans est la capitale de la région : il est normal qu’elle ait des choses à dire.

Justement, vous entendez la petite musique qui monte, à savoir que Serge Grouard vous « mettrait la pression » pour imposer ses décisions…

J’échange beaucoup avec Serge Grouard. À ceux qui disent cela, je leur réponds que si nous étions dans une configuration différente, on ne pourrait pas faire sans – et encore moins contre – la ville d’Orléans. Qu’on me démontre qu’un autre dispositif est possible… Moi, je ne crois pas. Mais je rappelle aussi que la Métropole n’est pas au service d’une commune. 

Orléans veut justement amender le Pacte de Gouvernance métropolitain…

Nous en débattrons collectivement le moment venu. La grande majorité de ces amendements ne me posent pas de problèmes. Dire qu’il ne peut y avoir d’intervention de la Métropole sans l’accord du maire ? C’est déjà le cas. Les deux derniers amendements sont plus problématiques, mais ils sont liés à l’audit que nous avons demandé sur les compétences. 

Le premier de ces amendements concerne l’emploi de l’écriture inclusive dans le Pacte de gouvernance, qu’Orléans voudrait supprimer…

Ce type de débat fait partie de ceux qu’on adore en France, mais qui ne doivent pas trop nous occuper. Sur ce sujet encore, il faut être pragmatique : dans des textes engageants comme la charte de gouvernance, je pense que l’approche inclusive est logique. Après, je ne suis pas certain qu’il faille la systématiser, notamment parce que certaines formulations sont illisibles. Cela dit, je ne suis pas certain que cette proposition médiane fasse consens…

Une réponse

  1. Deux audits pour faire le point sur l’évolution de l’intercommunalité en métropole, c’est une bonne chose !
    Mais nous sommes dans une période ou le développement de la participation citoyenne est devenu un axe fort des municipalités ou de la métropole (avec par exemple les « assises de la transition »), alors ne serait il pas intéressant de demander aux citoyens ce qu’ils pensent de la métropolisation de l’intercommunalité lancée en 2017 ?

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