Membre du conseil des prud’hommes, Nicolas*, la soixantaine, a comparu la semaine dernière pour avoir violenté sa conjointe le 6 novembre dernier à Orléans, lui infligeant cinq jours d’ITT (incapacité totale de travail). Si le prévenu a depuis reconnu les faits c’est, selon son avocat, « pour apaiser le climat de son foyer. Il cherche à le sauver ». La victime, peu loquace et les yeux mi-clos devant la juge, a cherché à retirer sa plainte avant l’audience. Cependant, à la barre, elle a demandé par l’intermédiaire de son avocate 2 000 € de préjudice moral… « Ma cliente est sous emprise et a voulu retirer sa plainte pour ses enfants, a justifié son avocate. Elle vit sous le même toit que Monsieur, car elle n’a pu obtenir de place en hébergement d’urgence. C’est compliqué pour elle de maintenir une plainte… Monsieur est également la seule source de revenus du foyer… »
Ce climat d’emprise concernerait toute la famille. « Les enfants disent bien avoir vu le cocard de leur mère mais, pour eux, il n’y a pas de violence dans la famille. Ce sont pourtant des violences qui existent depuis 2003, car monsieur a déjà cassé la main de ma cliente lorsqu’elle était enceinte… » a rappelé l’avocate de la victime. Avant d’homologuer la peine proposée dans le cadre du plaider-coupable, la juge a sermonné le prévenu : « Madame n’est pas un défouloir. Une fois, c’était déjà trop ! » Nicolas a déclaré regretter son geste : « J’ai été poussé à bout, s’est-il défendu. J’ai présenté mes excuses dès la sortie de la garde à vue. » Condamné à quatre mois de prison avec sursis et à un stage de responsabilisation des auteurs de violences conjugales, il devra également verser 500 € à la victime au titre du préjudice moral. Une peine qui ne figurera pas au casier B2 du prévenu, à sa demande, mais qui néanmoins restera visible aux yeux de la justice. « Quand on doit rendre une décision de justice, il faut être exemplaire », lui a rappelé la juge, en référence à son statut de conseiller prudhommal.
* Les prénoms ont été modifiés.