L’eau est non seulement une ressource vitale pour l’homme car, sans elle, il n’y a pas de vie, mais aussi un bien commun auquel il faut garantir l’accès à tous. » En présentant la communication sur l’eau lors de la dernière session du Conseil régional qui était délocalisée à Chambray-lès-Tours, en périphérie de Tours – en raison des travaux toujours en cours dans l’hémicycle de l’hôtel de Région –, Jean-François Bridet, le vice-président en charge de la biodiversité, de la Loire et des rivières, a d’emblée posé le débat dans sa complexité. « L’objectif de cette démarche n’est pas seulement de confronter ou d’opposer les différents points de vue mais d’aboutir à une culture et une politique partagée de l’eau, à une vision commune pour notre territoire, c’est ce que devront permettre ces premières Assises en novembre prochain. » Et, de fait, le débat qui a suivi cette déclaration initiale a permis de dégager un consensus général autour de la nécessité de mettre en œuvre une politique de l’eau au niveau régional.
Marc Fesneau, président du groupe CDRC et ministre de l’Agriculture, concerné au premier chef par cette question de l’usage et du partage de la ressource, s’est inscrit dans la démarche, en expliquant qu’il faudrait « tenir compte des différents points de vue pour trouver un consensus qu’il faudra respecter une fois voté ».
Même si la compétence de l’eau relève de l’État pour la stratégie nationale et du niveau communal ou intercommunal pour la distribution, la Région peut jouer le rôle de chef de file dans l’animation et la communication pour mettre tous les acteurs concernés autour de la table afin de « construire une culture régionale commune » que la majorité appelle de ses vœux. Va s’ouvrir une grande phase de concertation avec les différents acteurs dont les Assises seront l’aboutissement.
81 % des cours d’eau en mauvais état
Les premiers thèmes se sont dégagés au fil des interventions des différents groupes : la sobriété nécessaire ou comment réduire la consommation, l’état du réseau (catastrophique dans certaines communes où la moitié de l’eau se perd au cours de l’acheminent), la récupération et la réutilisation des eaux usées très faibles en France, la tarification sociale de l’eau (premiers mètres cubes gratuits puis prix progressifs pour les plus gros consommateurs), le stockage de l’eau (avec le débat bassines artificielles contre préservation des zones humides naturelles), la limitation de l’artificialisation des sols pour favoriser la recharge des nappes, le soutien au débit des cours d’eau pour assurer le refroidissement des centrales nucléaires, etc.
Et les enjeux sont de taille car les scientifiques du GIEC prédisent une diminution de la ressource de 40 à 50 % d’ici 2050. D’où l’urgence de s’accorder sur les usages futurs et le partage de la ressource. Aujourd’hui, en Centre-Val de Loire, 55 % de l’eau utilisée est destinée à l’irrigation, 34 % à la production d’énergie (dont les deux tiers sont rejetés dans les cours d’eau après usage), 7 % pour l’eau potable et 4 % pour l’industrie. Cette part prépondérante de l’usage agricole interpelle car, si moins d’eau il y a, c’est aussi le modèle agricole, le type de cultures et donc notre alimentation qui seront impactés. Et pas question de stigmatiser les grandes cultures industrielles, le maraîchage est aussi gros consommateur. Il faudra donc faire des choix… Au-delà de la quantité de la ressource, il faut tenir compte aussi de sa qualité car, moins de précipitations signifie une qualité des eaux dégradée. Ainsi en région, seulement 19 % des cours d’eau sont considérés comme « en bon état écologique » contre 40 % au niveau national et 81 % des masses d’eau de surface ne sont pas de bonne qualité. Si la ressource reste encore suffisamment abondante en région, elle est fragile…