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Emmanuel Brouard, C’est la Loire qu’il lui faut !
Portrait

Emmanuel Brouard, C’est la Loire qu’il lui faut !

Début décembre est paru le livre La Loire et ses vins, 2 000 ans d’histoires et de commerce, qui relate vingt siècles d’une relation qui, via le transport commercial, a donné à l’une comme aux autres une certaine identité. Rencontre avec un auteur qui, lui aussi, fait partie du paysage.
Rédaction
1985, Installation à Saint-Maturin-sur-Loire
2017, Parution de l’ouvrage Au risque de la Loire, auto-édité.
2021, Parution de La Loire et ses vins, 2 000 ans d’histoires et de commerce, éd. Flammarion

Il la quitte rarement des yeux. Même quand il s’agit d’aller mettre le nez dans les archives des villes qui jalonnent la Loire, c’est à vélo qu’il « sillonne les rives du fleuve dans tous les sens », du Roannais à l’estuaire. « Je me rends d’abord en train dans les villes puis je me déplace à vélo. J’ai fait 250 km comme ça, dans les alentours de Nevers. Une bonne balade ! Le vélo, c’est ce qu’il y a de plus pratique. » C’est ainsi qu’Emmanuel Brouard redécouvre les villes portuaires dont il a retracé l’histoire au cours de ses travaux de recherche, « pour avoir une idée plus claire de la géographie ». Évidemment, « les villes ont changé et parfois empiété sur la Loire, et beaucoup d’îles ont disparu… ».

Une jeunesse face à la Loire

La Loire, il aurait très bien pu, littéralement, tomber dedans quand il était petit. Né à Angers, sa famille s’installe par la suite dans une maison qui fait face au fleuve, à Saint-Mathurin-sur-Loire, petite commune de 2 500 habitants, à mi-chemin entre Angers et Saumur, un port consacré au commerce du chanvre au XVIIe siècle. Ado, il navigue en canoë avec des amis et écoute les chansons de marins de Loire du groupe traditionnel Ellébore. Une proximité avec le fleuve qui lui fournira un sujet tout trouvé pour un mémoire de maîtrise sur ce village au XVIIIe siècle, où « il y avait peu de mariniers mais beaucoup de pêcheurs ».

Viendront ensuite un master puis une thèse sur « La société rurale en basse vallée de l’Authion (1750-1870) » et plusieurs publications, dont une recherche sur la rivière du Layon en Anjou. Un travail comme en reflet de la démarche de l’historien Roger Dion, auteur de référence sur le Val de Loire, que le chercheur ne pouvait que croiser sur son chemin. « C’était un géographe qui s’est intéressé à l’Histoire et moi, je suis un historien qui s’intéresse à la géographie ». Au reste, comment dissocier l’une de l’autre s’il s’agit de l’histoire de l’agriculture ?

Au fil du vin

Presque fatalement, en étudiant la vie passée du Val de Loire, l’historien rencontre celle du transport fluvial et du commerce des productions des rives du fleuve, le chanvre, le sel, venu de Nantes, la pierre… C’est comme ça qu’il en vient à s’intéresser au vin. Il y a deux ans, à l’occasion de la commande d’Interloire, via les éditions Flammarion, d’un livre sur la Loire et ses vins, le chercheur planche sur l’histoire commune de ces deux éléments patrimoniaux, qui ont longtemps entretenu une relation quasi symbiotique. « Sans la Loire, on pourrait produire du vin, mais à quelle fin ? » résume-t-il. C’est, en effet, grâce au fleuve que les vins de Loire se sont retrouvés sur les tables de Paris, de Bretagne et d’ailleurs, voire au-delà des mers, en transitant par Nantes. Une histoire des vins ligériens très ancienne, que l’on a coutume de dater des premiers monastères, mais qui, en réalité, a commencé dès l’Antiquité, comme l’indiquent des découvertes archéologiques de pressoirs ou de jarres des premiers siècles. Le commerce de ces vins a engendré toute une vie sur le fleuve comme sur ses rives. Propriétaires, vignerons, commerçants, bateliers, constituaient une petite société, intégrant même des marchands hollandais, attirés par cette manne, et qui, au XVIIIe siècle, s’installèrent jusqu’en Touraine. Le commerce a dessiné les villes et villages portuaires et déterminé la place des vignobles, « greffés sur les rives de la Loire pour envoyer le vin ailleurs ». « Ce qui est surprenant, c’est que cette localisation des vignobles n’a pas été remise en cause par la fin du commerce fluvial sur la Loire au XIXe siècle. Ils sont devenus un paysage culturel », ajoute l’auteur.

Le livre paru, celui qui est aujourd’hui bibliothécaire se consacre désormais à la préparation d’un autre ouvrage, fruit d’une récolte d’informations depuis vingt ans, sur la marine de Loire qui réserve encore des surprises. Comme à Angers où « 10 % des bateliers étaient des femmes et constituaient des équipages. Alors qu’ailleurs, c’étaient des veuves de bateliers, qui ne dirigeaient pas, précise-t-il. Elles formaient un groupe solidaire, organisaient des activités communes. » Le sujet « Loire » est loin d’être tari !

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