Parlons d’abord du contexte. Les pouvoirs publics imposent à tous les « obligés », comprenez les fournisseurs d’énergie en électricité, gaz ou carburants dont les ventes dépassent un certain seuil, de faire en sorte que les ménages et les collectivités réduisent leur consommation énergétique. Chaque prestataire se voit donc attribuer un volume d’économies à réaliser, avec un quota spécifique au bénéfice des familles en situation de précarité énergétique.
À défaut d’atteindre son objectif, l’entreprise est sanctionnée financièrement. Pour échapper à ces amendes, ces « pollueurs payeurs » peuvent contribuer, entre autres, au financement de travaux chez les particuliers, sous forme de primes, de bons d’achat, de chèques ou de prêts bonifiés. Pour bénéficier de cet avantage, le client peut passer par une société agréée et la prime est déduite du montant de sa facture finale. À charge pour l’artisan de récupérer ensuite son dû. Il est aussi possible d’opter pour une solution directe avec le fournisseur. Celui-ci verse alors un chèque ou des bons d’achat directement à son client. Ensuite, à chaque chantier, pour prouver sa contribution, le fournisseur récupère un certificat d’économie d’énergie (CEE), calculé à partir du libellé du devis.
Une offre finale étrangement ouverte à tous
Première bonne nouvelle, tout le monde peut bénéficier de l’offre. Mais bien évidemment, tous les ménages ne sont pas censés recevoir une facture finale à 1 euro. D’abord parce que le montant des primes est différencié en fonction des ressources du foyer fiscal, qui, comme toutes les aides de l’État, est calculé sur le revenu fiscal de référence figurant sur l’avis d’imposition.
Si vous faites partie des ménages à revenus modestes, vous disposerez de 20 euros par m² d’isolant posé pour isoler vos combles et vos rampants de toiture, et de 30 euros pour vos planchers bas. Pour les autres, la prime chute à 10 et 20 euros, ce qui semble bien faible pour couvrir tous les frais d’une isolation digne de ce nom.
Pourtant, nombreuses sont les enseignes qui garantissent une facture à 1 euro, quel que soit le niveau de revenus. Comment est-il possible d’isoler des combles pour 10 euros le m² ? « En réalité, ces entreprises ont pris le problème à l’envers. » explique Maxime Bourassin, d’Isol-centre. « Elles ont conçu leur offre en fonction des subventions accordées par l’État, afin d’arriver à une facture finale proche de zéro ». Et en inventant au passage l’argumentaire commercial « isolation à 1 euro ».
À ce prix là, le consommateur devrait sans doute s’intéresser à la qualité de la prestation, et savoir que la plupart de ces sociétés font appel à des travailleurs détachés. Puis se renseigner sur le matériau utilisé. L’idéal étant d’avoir recours à des matériaux biosourcés pour rentrer dans un cycle écologique vertueux…