En feuilletant les livrets des différentes saisons culturelles, ne soyez pas surpris : nombreuses sont les municipalités et leurs équipes qui ont fait le choix de n’annoncer qu’un trimestre d’événements. Face aux incertitudes du Covid, et après deux années passées à programmer, reporter, décaler ou annuler des spectacles, les salles de spectacles font pour beaucoup le choix de la prudence.
Mais ce n’est pas le seul défi qui attend les différents acteurs du spectacle vivant. L’un des premiers écueils a déjà été franchi par les programmateurs : réussir à composer une saison qui mêle spectacles reportés des deux saisons précédentes, et nouveautés. Le résultat ? Des programmes parfois plus chargés que d’habitude. À Saint-Cyr-sur-Loire, l’Escale accueillera ainsi sur la saison 2021/2022 dix reports, sur un total de 24 spectacles. À l’espace Malraux, 60 % des 15 événements sont des reports des saisons passées qui n’avaient pas pu se jouer.
Une fois cette équation résolue, une inconnue reste : le public reviendra-t-il ? Si la peur du Covid s’estompe, avec le pass sanitaire et les nouvelles habitudes prises durant les mois écoulés, le retour en salle n’est pas garanti. « Le thème de notre saison, c’est vraiment la fidélité. La fidélité aux artistes que nous n’avions pas pu accueillir et que nous programmons dans les mois qui viennent. Mais aussi la fidélité avec le public : nous devons refidéliser les spectateurs, leur redonner le plaisir du spectacle et du moment partagé ensemble », explique Marie Hindy, programmatrice de l’espace Malraux.
L’inconnu ? Le public
Dans les musées, le pari est le même. « Parmi nos défis 2021/2022, il y a celui de repartir à la conquête de nos publics, faire revenir les publics scolaires, et les publics éloignés de la culture que nous avions mis du temps à attirer chez nous. La crise a cassé des dynamiques qui avaient été longues à construire », commente Hélène Jagot, directrice des musées et château de la Ville de Tours.
Pour les structures publiques, le risque financier est limité, même si les subventions ne pourront pas indéfiniment combler les vides laissés par la pandémie. Mais chez les producteurs privés, le problème est tout autre. AZ Prod a par exemple souffert de la pandémie : perte de chiffres d’affaires, activité quasiment à l’arrêt. Mais comme le constate Julien Lavergne, fondateur et directeur de la société de production tourangelle, c’est maintenant que tout se joue : « Les aides de l’État nous ont permis jusqu’ici d’éviter le désastre financier. Mais maintenant qu’elles vont s’arrêter, si les salles ne se remplissent pas suffisamment, nous ne couvrirons pas nos frais fixes. Et c’est là que cela
deviendra compliqué. »
À l’heure où les abonnements et les réservations sont ouverts pour tous les spectacles des mois à venir, un mot d’ordre s’impose donc à destination des Tourangeaux : revenez profiter du spectacle vivant, pour vibrer, rêver et vous évader du quotidien !