Drôle d’invitation au voyage que celle de l’exposition présentée au jardin botanique de Tours. Drôle de hasard du calendrier aussi, puisque, comme en écho, une grève des éboueurs de la métropole a donné lieu récemment à une autre exposition, plus odorante celle-ci, mais qui a eu le mérite de rendre visibles les quantités considérables de déchets que nous produisons.
« Voyage au cœur de nos poubelles » a été conçue par la géographe Bénédicte Florin, de l’université de Tours, et Pascal Garret, architecte et sociologue. Spécialistes des déchets, ils travaillent depuis une quinzaine d’années sur la question devenue centrale de leur devenir. L’exposition, fruit de ces recherches scientifiques, en recense les multiples aspects et dresse un bilan inquiétant. Dans la serre du jardin, une première partie de l’exposition, générique et historique évoque notamment une « archéologie des poubelles », depuis leur histoire antique et médiévale, jusqu’aux chiffonniers du XIVe siècle. Une récupération et un recyclage à l’œuvre aujourd’hui au plan international quant aux métaux mais que les organisateurs espèrent voir intensifier en appelant à une « écologie de la ferraille ». Restent des matériaux plus problématiques, comme le plastique aux conséquences désastreuses sur l’environnement à l’échelle planétaire et dont les limites du recyclage sont évoquées sur un panneau.
Du global au local
Une deuxième partie, plus locale, retrace l’histoire de la gestion des déchets à Tours, évoque l’incinérateur de déchets de la ville, ou encore les centres d’enfouissement de Sonzay et Chanceaux-près-Loches. L’exposition cite les initiatives locales en matière de recyclage et rend hommage aux agents en charge du traitement des déchets avec une galerie de portraits. Mais ce ne sont là que quelques angles de cette exposition dense et vivante, qui fourmille d’informations, de pistes de réflexions mais aussi d’objets réalisés en matériaux recyclés.
« Nous avons voulu montrer et valoriser les recherches scientifiques, d’ordinaire invisibles au grand public, explique Bénédicte Florin, qui se réjouit que le calendrier des visites scolaires soit rempli. Notre production de déchets est très inquiétante, voire dramatique. Pour autant, nous ne souhaitions pas verser dans le catastrophisme ni le fatalisme. » Pour la chercheuse, beaucoup de choses sont possibles et, en premier lieu, comme le martèle l’exposition : « Réduire, réduire, réduire ! ».
PRATIQUE
Jusqu’au 16 juillet, jardin botanique de Tours ; entrée libre. + d’infos sur tours.fr