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Michel Lelong Blues old cool
Portrait

Michel Lelong Blues old cool

Le confinement a été l’occasion pour beaucoup de se mettre à la musique. Michel Lelong, qui pratiquait déjà les cours en distanciel, n’a guère vu de changement. Et la distance, ce discret prof de guitare l’a expérimentée en voyageant au plus près des racines de son répertoire de prédilection : le blues.
florian mons
Michel Lelong Blues old cool-HEBDO-TOURS copie
1961 Naissance à Tours
1984 1er voyage aux États-Unis
2013 Invite le musicologue David Evans à Tours

Le local de la rue Febvotte est petit. C’est sans doute pour cela que les tabourets sont scrupuleusement numérotés : élève n° 1, élève n° 2, n° 3… Pas plus. Le reste de l’espace est principalement occupé par des rayonnages de disques et de recueils de partitions ou de tablatures et, bien sûr, par quelques guitares. Au mur, des portraits de bluesmen, dessinés par son frère, le regretté Jean-Marc Lelong, auteur de la BD culte « Carmen Cru ».

Décryptage à l’oreille

C’est ce dernier, alors adolescent, mordu depuis l’écoute d’un disque de Sonny Terry et Brownie McGhee, prêté par un voisin, qui a refilé le virus à Michel. « Il a été très tôt passionné, il allait en Angleterre chercher des disques importés des États-Unis. En France, on ne pouvait guère trouver que Big Bill Broonzy ou Mike Seeger. Et à Tours, c’était encore plus compliqué, se souvient le prof de guitare. Sans compter le prix des disques… »

Michel Lelong se plonge alors lui aussi dans le monde du blues et du ragtime d’avant-guerre qui, s’il fut remis au goût du jour de jeunes amateurs américains et par la « british explosion » quelques années auparavant, faisait beaucoup moins recette que le rock des Rolling Stones. Mais « à l’époque, les Stones, je m’en fichais, ça me hérissait même un peu le poil ». À 13 ans, il préfère passer des heures à jouer en picking, à écouter et à décrypter Mississippi John Hurt ou Gary Davis. Quand on sait la complexité mélodique et rythmique du genre, on mesure l’importance formatrice de l’exercice, formation qu’il complète ensuite avec des cours d’harmonie. Résultat, des cahiers entiers de partitions qu’il finit, un peu plus tard, sur les conseils du frère de Marcel Dadi, par soumettre à Stefan Grossman, spécialiste du genre aux États-Unis, une référence dans le milieu. « On a échangé quelque temps par fax et je lui ai envoyé une cassette, se souvient Michel, et vers 1990, il m’a proposé d’éditer un recueil. » Cet adoubement sera suivi par quatre autres éditions.

Mais l’initiation n’aurait pas été complète sans quelques pèlerinages incontournables. À 25 ans, après avoir réuni suffisamment de sous grâce au cours qu’il donnait depuis quelques années, Michel Lelong part aux États-Unis pendant deux mois et parcourt, en bus Greyhound, le Tennessee, la Caroline du Nord, Houston ou Chicago. Il y retournera trois ou quatre fois, pour arpenter les Appalaches, le Kentucky, puis Clarksdale, la Mecque du delta blues, « délabrée », oubliée du développement économique comme, à ce moment-là, des circuits touristiques. D’autres voyages, en Angleterre, en Hollande, en Belgique, lui feront faire d’autres rencontres avec des pointures : Phil Wiggins, Jerry Riggs, Jerron Paxton, David Evans, qu’il fit venir à Tours il y a quelques années, ou encore Michael Roach, croisé au festival Blues in Chédigny. Dans sa quête d’authenticité, Michel ira même jusqu’à jouer en Slovaquie, pays de naissance des frères Dopyera, inventeurs des célèbres guitares à résonateur Dobro.

Distance ou présence ?

S’il joue çà et là de temps à autre, comme à la Maison du Blues de Châtre-sur-Cher il y a deux ans, c’est sur son métier de pédagogue et la retranscription, sur commande, des morceaux de blues que se concentre Michel Lelong. Le confinement n’a pas fait se ruer les nouveaux pratiquants à ses cours, contrairement à un mouvement général qui a amené une foule de nouveaux amateurs vers l’apprentissage de la musique : Fender a augmenté son chiffre d’affaires de 17 % en 2020 et le distributeur Woodbrass a vendu 30 % de guitares en plus. « Ce confinement a un peu changé les mentalités sur les cours à distance, estime Michel. Avant, quand je proposais des cours par Skype, les gens n’étaient pas emballés. Maintenant, ils en voient l’utilité. » « Ceci dit, je pense que certains en ont un peu marre et préfèrent les cours en présentiel », nuance-t-il.

Quant à une éventuelle concurrence de YouTube, qui propose des milliers de tutoriels et de cours de guitare, Michel ne la craint pas. Lui-même poste parfois des vidéos sur sa chaîne, mais « le problème c’est que ces gens prennent des choses à droite et à gauche et se dispersent, et au bout d’un moment ils décrochent. » Les réseaux sociaux ont tout de même du bon : « J’ai reçu les compliments de la petite-fille de Mississippi John Hurt via Facebook », glisse-t-il, l’air de rien… λ

michel-lelong-music-house.com

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