En janvier 2019, l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO), une association de préleveurs volontaires qui réalisent des prélèvements selon un protocole agréé par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), effectuait un contrôle des eaux de la Loire au niveau de Saumur. En juin dernier, les résultats permettaient de constater « une contamination radioactive anormalement élevée » avec 310 becquerels par litre de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène « dont la toxicité génétique est avérée ».
Devant l’absence de réponse d’EDF et des autorités depuis cette annonce l’été dernier, quatre associations anti-nucléaires, le collectif Vienne-Loire zéro nucléaire*, le réseau Sortir du nucléaire, France nature environnement Pays de la Loire et La Sauvegarde de l’Anjou désignent comme responsables les centrales nucléaires implantées sur la Loire et la Vienne, et notamment celle de Chinon, située à quelques kilomètres de Saumur.
Elles ont donc décidé de déposer plainte mardi 18 février contre EDF et X pour « faire condamner le pollueur ». Pour le collectif, il ne fait aucun doute que l’origine de cette « contamination » est à chercher du côté des cinq centrales nucléaires qui se situent dans le bassin Loire-Vienne, à savoir Belleville (18), Dampierre (45), Saint-Laurent-des-Eaux (41) et Chinon sur la Loire ainsi que Civeaux en amont de Poitiers sur la Vienne.
Un an après, rien n’a été fait
Toujours selon le collectif, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), l’autorité indépendante chargée du contrôle des installations nucléaires, « écarte la possibilité d’un rejet accidentel plus élevé que prévu […]
et n’a pas remis en cause la mesure de cette concentration de 310 Bq/l en tritium », ce qui, pour le collectif des plaignants, conforte la validité de sa démarche et justifie à tout le monde cette action en justice pour faire la lumière sur cette concentration anormale observée bien en aval des points de rejets. Elle est trop élevée pour résulter du cumul des rejets maximum autorisés des cinq centrales. Ceci laisse donc suspecter qu’une ou plusieurs installations n’auraient pas
respecté la limite de rejets autorisés.
La plainte pourrait déboucher sur une enquête et/ou un contrôle accru de la qualité des eaux aux abords de chaque site pour voir si les rejets constatés sont dans les limites autorisées.
En attendant que la lumière soit faite et que la plainte suive son cours, le collectif Loire-Vienne zéro nucléaire assure qu’il engagera d’autres actions en justice si nécessaire tandis que les préleveurs volontaires continuent d’effectuer leurs prélèvements. Mais cela instille tout de même le doute sur le niveau de toxicité des eaux rejetées par les centrales – si l’enquête permet d’établir qu’elles sont bien à l’origine de cette contamination – et donc sur la qualité des eaux de la Loire…
*Les associations membres de Loire-Vienne zéro nucléaire signataires sont : SNE (Sarthe Nature Environnement), SDN Touraine, SDN 72, SDN 49, SDN Pays nantais, SDN 41, SDN Berry-Giennois-Puisaye, CSDN 79, Réseau l’EPR ça suffit, Comité Centrales, CHENAL (Collège d’histoire de l’énergie nucléaire et de ses aléas), ACEVE (Association pour la cohérence environnementale en Vienne), ACIRAD Centre.