Baisse d’un degré de la température de l’eau dans les piscines municipales et de la température dans les gymnases ou déclenchement de la climatisation à 28 °C et non plus 26 °C sont les plus faciles, mesures à prendre et qui ont un effet immédiat. Mais la Ville de Tours étudie d’autres pistes pour changer les habitudes à moyen terme. « Nous n’avions pas le choix de toute façon, notre contrat de fourniture d’électricité et de gaz arrivait à terme en juin dernier, explique Martin Cohen, adjoint à la transition écologique et énergétique. Dès le début du printemps, nous avons donc créé un groupe de travail pour réfléchir à des solutions afin de réduire notre facture d’énergie qui va augmenter de 130 % en 2023 ! »
La Ville payait en effet 4,3 M€ par an et devra débourser 10 M€ en année pleine, à partir de l’an prochain. Cette année, puisque la hausse ne porte que sur une demi-année de juin à décembre, la facture s’élèvera tout de même à 7,1 M€ !
La chasse aux gaspis à l’école comme dans les gymnases
Mais la chasse aux gaspis est ouverte et l’ensemble des services a été sollicité pour voir où des économies pourraient être réalisées. « On s’est fixé comme objectif de réaliser 5 % d’économies sur la facture l’an prochain, précise Martin Cohen. Un gain de 500 000 à 600 000 € serait déjà bien. Au-delà des économies immédiatement et rapidement réalisables, nous travaillons sur le moyen terme pour changer les usages et les pratiques ou réorganiser certaines façons de faire qui peuvent aussi avoir un impact sur la consommation ».
Parmi les solutions étudiées par exemple : dans la plupart des écoles, le four pour réchauffer le plat du midi livré par la cuisine centrale est allumé dès le matin. L’idée est de retarder l’allumage des fours au plus près de la pause déjeuner pour économiser des heures de chauffe. Toujours dans les écoles : le chauffage reste allumé pendant les vacances même si c’est à basse température, notamment pour permettre l’intervention des services d’entretien dans des conditions pas trop pénibles en hiver. « On aimerait mettre en place un nouveau fonctionnement, poursuit Martin Cohen. On pourrait envisager de caler toutes les interventions sur une seule semaine, ce qui permettrait de fermer l’école complètement sur l’autre semaine et d’économiser ainsi une semaine de chauffage. Cela demande une mobilisation des services et une organisation très pointue pour caler les interventions, mais c’est possible, les agents de la mairie sont plutôt réceptifs car ils savent qu’il en va des finances de la Ville mais aussi des familles que nous sommes tous… »
Mais la meilleure solution est toujours de rénover les écoles, même si cela demande bien plus de temps et représente un investissement plus conséquent. Ainsi la facture de l’école Michelet rénovée depuis la rentrée 2021 doit baisser de 40 %. On imagine ce que cela pourrait représenter sur les 58 écoles de la ville !
L’éclairage public totalement éteint ?
Autre exemple de réorganisation à l’étude, dans les gymnases cette fois : « On pourrait imaginer des plannings d’occupation avec des plages réservées aux sports co qui nécessitent moins de chauffage et des plages avec des activités plus douces comme la gym qui demandent plus de chauffage, explique l’élu. C’est complexe à mettre en œuvre mais il y a forcément des progrès à faire pour optimiser l’occupation des salles afin d’éviter qu’elles soient chauffées en permanence à la même température. Sur certaines plages, on doit pouvoir chauffer moins… » Cela semble être frappé du bon sens, mais pour la mise en œuvre des plannings, cela va aussi être une sacrée… gymnastique !
La Ville pratique déjà l’éclairage alterné (un lampadaire sur deux éteint la nuit) et la réduction à 70 % de l’éclairage public à partir de 22 h 30 dans certains secteurs. Mais elle pourrait aller plus loin en éteignant complètement l’éclairage dans des zones non habitées. « Nous sommes en train de définir trois secteurs tests sur lesquels nous pourrions tester ce dispositif, poursuit Martin Cohen. Mais cela demande des interventions sur les réseaux pour que les armoires qui permettent d’éteindre l’éclairage public correspondent bien à des secteurs définis, il ne s’agirait pas qu’une rue soit à moitié éteinte, les gens ne comprendraient pas la logique… »
En attendant de trouver la bonne solution, la Ville va déjà réduire l’éclairage des bâtiments du parcours lumière d’une heure et met en place aussi un système permettant d’éteindre les ordinateurs et imprimantes à distance dans les différents services. Comme cela, si les agents oublient d’éteindre leur poste en partant, ceux-ci ne resteront pas allumés toute la nuit… Il n’y a plus de petites économies, on vous dit !
Des vélos cargos pour les agents municipaux
Évidemment, les économies d’énergie se font aussi sur les carburants, qui représentent entre 500 000 et 600 000 € par an. L’objectif est bien sûr d’accélérer le renouvellement du parc avec des véhicules électriques qui représentent aujourd’hui 10 % du parc, lequel compte environ 400 véhicules, tous types compris, comme les machines pour la tonte ou les vélos. « Et nous allons proposer aussi des vélos électriques et vélos cargos. Certains services comme les parcs et jardins sont intéressés par avoir ce type de vélos pour se déplacer plus facilement dans les espaces verts. Cela nécessitera peut-être une formation pour les agents volontaires afin de prendre en main ces vélos car, quand on n’est pas
habitué au quotidien, ce n’est évident à manier… »
Mais c’est une certitude : l’adaptation à des nouveaux modes de fonctionnement, plus sobres, passera aussi par de la formation. Pas seulement pour les agents publics mais pour tous les citoyens ! C’est l’un des grands enjeux des transitions énergétiques et écologiques, c’est de se former à de nouvelles façons de faire. Plus sobres et plus économes en énergie car sinon la facture risque d’être très, très salée dans les années à venir. Et pas seulement sur le plan financier…