Vous n’étiez pas favorable à cette date du 28 juin…
J’ai toujours dit qu’on s’adapterait et qu’on accepterait la date quelle qu’elle soit, mais j’estime en effet que ce n’est pas le meilleur choix et que c’est prématuré. Pourquoi ? On a vécu et on vit encore une crise d’une ampleur inédite qui a profondément marqué les gens. Or, une élection réclame sérénité et sincérité et, actuellement la sérénité n’y est pas et la sincérité est aussi un sujet complexe dès lors que dès avant l’élection, on sait que plusieurs parties du corps électoral n’iront pas voter, moi, ça me pose un problème. On doit voter dans une société prête à le faire, sereine d’une certaine façon et, à mon sens aujourd’hui, la population a d’autres préoccupations. La participation est aussi une inconnue : quelle serait la signification d’une élection si elle était plus faible qu’au 1er tour encore, ce qui n’est pas exclu ? Il y a beaucoup d’incertitudes mais, bon, la date est fixée et nous sommes prêts à mener campagne…
Justement, la première échéance est le dépôt de la liste mardi 2 juin. On évoque une alliance avec la liste LREM de Benoist Pierre arrivée en 3e position, qu’en est-il ?
Ce serait bien qu’il n’y ait que deux listes au second tour en effet donc ça passe par une alliance entre nos deux listes qui, a priori, n’est pas une alliance d’une grande complexité. Nos programmes ne sont pas si différents l’un de l’autre, les personnalités des deux listes ne sont pas si éloignées les unes des autres. Il faut se mettre d’accord sur une base programmatique, les hommes et les femmes qui la composent ainsi que sur le mode de gouvernance futur… Mais tout ceci n’est pas insurmontable. On a déjà évoqué le sujet avec Benoist Pierre, on va en discuter cette semaine et on verra ce qu’il en sort… Réponse le 2 juin ou avant si les choses avancent bien.
Un mot sur le 1er tour où vous êtes arrivé en 2e position à 10 points de la liste d’Emmanuel Denis.
Il a été conforme à ce qu’on avait imaginé, vu le nombre de listes engagées avec beaucoup de francs-tireurs, à un détail près, qui a son importance : le taux de participation. L’abstention a touché tout le monde, toutes les listes. Mais elle a beaucoup touché la tranche d’âge des plus de 65 ans qui, traditionnellement, vote plutôt pour notre sensibilité politique. Ils se sont moins déplacés, donc on peut estimer qu’on a été un peu plus pénalisés que d’autres. Mais globalement, ce 1er tour nous a été plutôt favorable et je ne suis pas inquiet pour la suite…
Comment avez-vous vécu cette crise inédite du Covid-19 en tant que maire ?
On a bien vu, très rapidement, à quel point les gens étaient démunis psychologiquement devant cette crise parce qu’on est face à un péril, un ennemi invisible, ce qui est très angoissant. Moi ma hantise, dès le départ, c’était la crainte d’ajouter du drame au péril en se retrouvant avec des personnes mortes seules dans leur appartement. D’emblée, on a beaucoup travaillé pour identifier les personnes isolées, les plus âgées, les plus fragiles, pour les suivre et voir si tout allait bien pour être certain qu’une personne ne se retrouve pas en difficulté. Avec une difficulté qui est apparue : comment rentrer en contact avec elles ? Il y a quelques années, nous aurions pris l’annuaire et on aurait pu les contacter rapidement par téléphone. Mais aujourd’hui, on n’a pas un tel fichier pour les contacter par téléphone. C’est un vrai sujet en cas de crise : comment contacter certaines populations…
Sur un plan sanitaire, le bilan à Tours est plutôt positif…
Oui, nous avions la hantise des décès, mais la mobilisation de tous a permis que ça se passe relativement bien. Tout a été mis en œuvre et la ville, les services ont fait ce qu’il fallait… Un exemple parmi d’autres avec les masques. Chaque Tourangeau a pu bénéficier d’un masque pour le déconfinement, cela n’a pas été le cas dans toutes les villes…
Sur le plan économique, la ville a initié le plan Étincelle pour soutenir le commerce qui a fait couler beaucoup d’encre…
Le raisonnement est simple : quand, dans votre ville, vous savez que deux des moteurs principaux de l’emploi sont le CHU et le commerce qui représente à lui seul 10 000 emplois à Tours, vous mettez tout en œuvre pour le soutenir ! Au-delà des emplois que les commerces génèrent, c’est un facteur d’attractivité pour une clientèle qui vient de tout le département et au-delà, et que cela ressurgit bien évidemment sur les autres secteurs que sont les cafés, bars, restaurants, hôtels, etc. Il n’y a pas de questions à se poser : on doit tout mettre en œuvre pour sauver les commerçants et les emplois qu’ils représentent. Oui, je suis fier de ce plan Étincelle qui a d’ailleurs inspiré d’autres villes…
Certains vous ont reproché une mesure électoraliste…
Qu’est-ce qu’on fait alors ? On laisse le commerce couler, on ne fait rien ? Non, il faut agir ! On est en temps de crise, il faut faire vite pour ne pas laisser le cancer se propager. Si des commerces ferment, ça commence à miter la ville, les rues sont moins vivantes et on ne sait pas où ça finit. C’est comme un cancer : tu as une cellule infectée qui meurt, puis deux, puis trois et à un moment, c’est l’organisme entier qui est malade ! On a mis en place une action forte, ça ne suffira peut-être pas mais on va injecter 1,5 M€ dans l’économie locale pour créer un électrochoc. D’autres veulent créer des fonds de ceci ou de cela mais ça sera trop tard, le corps sera gangréné, il faut agir vite et ce plan Étincelle est une solution !