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Célébration de Jeanne d’Arc et de la Victoire de 1945 à Orléans le 8 mai

Célébration de Jeanne d’Arc et de la Victoire de 1945 à Orléans le 8 mai

Lors du 8 mai, Orléans fête tout à la fois la victoire de 1945 et sa libératrice en 1429, Jeanne d’Arc. Une journée entre discours engagés et acclamations de la foule en liesse devant celle qui figurait Jeanne d’Arc.
G.M.
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Lundi 8 mai, Orléans rendait hommage à Jeanne d’Arc

Samedi, les Anglais fêtaient le sacre de Charles III mais à Orléans, la foule des grands jours se réunit chaque année, euphorique, pour Jeanne d’Arc depuis 594 ans. Un rituel qui témoigne de la « fidélité du peuple orléanais à la tradition », estimait l’évêque d’Orléans Jacques Blaquart, au moment de la remise de l’étendard en souhaitant que chacun emporte symboliquement cet étendard avec lui. Serge Grouard, maire d’Orléans, soulignait, pour sa part, l’aspect « hors du temps » des fêtes et la subtile « alchimie » de ce rendez-vous orléanais. Un discours moins politique qui contrastait, en cette fin de journée, avec celui du discours officiel précédant le défilé militaire. Peut-être que l’accueil des Orléanais, les « Vive Jeanne » et les applaudissements au son de l’infatigable fanfare de Chézy-sur-Marne ont replacé le maire d’Orléans dans l’intemporalité et l’universalité des fêtes. La concorde. Il faut dire que de six mois à plus de quatre-vingts ans, les Orléanais étaient au rendez-vous. Armé de portable, à vélo ou en fauteuil roulant, le public se pressait en masse sur le passage de Clairvie qui figurait Jeanne d’Arc. Une Jeanne souriante, un peu fatiguée à mi-parcours, mais aussi impressionnée par l’accueil de la foule. « Pour les petits, c’est vraiment Jeanne d’Arc », lâchait la jeune fille, consciente de « l’honneur de figurer Jeanne ». Jeanne 2023 n’était pas la seule à être impressionnée, il y avait également l’invitée des fêtes, Chahdortt Djavann. « Je croyais que ce serait plus intime », reconnaissait la romancière franco-iranienne, présente depuis la messe solennelle à la cathédrale jusqu’au soir. « J’irais jusqu’au bout », affirmait, à Saint-Marceau, cette femme de convictions, pleine d’humour.

Jeanne, symbole de résistance 

Devant la cathédrale Sainte-Croix, Chahdortt Djavann en tant qu’invitée des fêtes a rappelé que la première école européenne, créée en Iran, s’appelait Jeanne d’Arc et que c’est dans cette école de filles que la reine Farah Diba avait été instruite tout comme la ministre de l’éducation Farrokh-Rou Parsa. Cette dernière a été pendue par l’ayatollah Khomeiny et l’école a été fermée… La romancière a poursuivi son discours en expliquant avoir été marquée par l’histoire de Jeanne, « une femme qui incarnait les plus hautes valeurs et qui a défié les grands hommes de son époque. Une jeune fille avec une foi inébranlable qui va tordre le cou à son propre destin et à celui de l’Europe ». Chahdortt Djavann, qui a connu la prison à l’âge de 13 ans pour avoir protesté contre le régime des mollahs, a également évoqué la révolution islamique et la guerre ainsi que l’islamisme qui trouve ses racines dans l’organisation islamique de l’Iran. L’intellectuelle a averti du danger des liens entre la Russie de Poutine et cet Iran. « Négocier avec ce régime, c’est encourager la barbarie », a asséné Chahdortt Djavann qui rêve d’un Iran démocratique, ami de la France. « Deux pays pour lesquels je suis prête à mourir », a ajouté l’écrivaine. 

Un discours contesté 

Le maire d’Orléans, Serge Grouard a, quant à lui, salué son invitée en tant que résistante – »comme Jeanne »– à l’obscurantisme du régime iranien « qui met ses femmes en cages » puis, dans le contexte des fêtes « immuables », il a rappelé que le monde explose et que la barbarie est de retour en Europe. « Il ne peut y avoir de troisième voie entre résistance et soumission ! » a insisté l’édile, passant de la guerre en Ukraine à l’islamisme « présent y compris sur le sol français ». Une prise de parole achevée par une comparaison avec les années trente, où le pays se souciait plus, selon lui, des congés payés que de la montée du nazisme. L’opposition de gauche et des écologistes de la municipalité d’Orléans n’a, en tout cas, pas goûté ce discours et a réagi, par communiqué, indiquant que « l’idée qu’il n’y aurait pas de réaction face à l’islamisme est factuellement fausse. On peut estimer que ce qui est fait est insuffisant, inefficace ou contre-productif mais pas qu’il n’y a pas de réaction ». Les élus de gauche et écologistes voient dans ce discours une « délégitimation du mouvement social » et estiment également que Serge Grouard « émet ainsi l’idée que les droits sociaux, et à travers eux les syndicats et la gauche, paralysent le pays et le rendent impuissant et faible ». De quoi donner matière à réflexion, au-delà des sourires de la jeune Clairvie et de l’animation du défilé. 

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