Au sortir de son école de commerce, l’Orléanaise Élise Thibault-Gondré entame une carrière dans la finance. « Même si j’adorais mon boulot, se souvient-elle, la question du sens au travail et de l’impact environnemental et sociétal s’est vite posée pour moi. D’autant que mon employeur n’était pas en capacité de mobiliser mes compétences et mon temps au service de cette ambition. » Au point que la jeune femme quitte tout, direction le Népal, pour travailler dans la réinsertion sociale des enfants des rues ! À son retour, Élise constate qu’il y a énormément d’associations qui cherchent des fonds afin d’être en mesure de se payer des compétences pour améliorer leur site internet, apprendre les bases du marketing… Ayant accompagné les PME françaises sur leurs problématiques RH, elle sait aussi que la question du sens en taraude plus d’un et va même tendre à s’accroître avec la pandémie, puisque deux tiers des cadres sont prêts à changer de travail pour cause de perte de sens… Son projet mûrit et Élise Thibault-Gondré crée Day One en 2020 après avoir rencontré ses deux cofondateurs : d’abord Martin Bélorgey, croisé à un cours d’improvisation théâtrale et ayant un profil de développeur, puis Cindy Kargol-Bauer, une autodidacte dont l’expertise est axée RH et qui prend en charge le développement commercial ainsi que le bon déroulement des opérations.
« Éviter le greenwashing »
Au départ, Day One recommande à un salarié d’une entreprise une mission solidaire. Mais rapidement, la start-up est submergée par le nombre d’associations et d’actions solidaires référencées. Côté entreprises, ces dernières sont prêtes à mettre leurs collaborateurs à disposition et à financer la plateforme solidaire, mais préféreraient pouvoir consulter en temps réel toutes les actions proposées avant de pouvoir s’engager. Alors, l’équipe inverse son modèle : la plateforme digitale recense plus de 500 associations et 1 000 actions solidaires directement adressées aux entreprises, qui prennent alors un forfait en fonction du nombre de collaborateurs auxquels elles souhaitent donner accès à la plateforme. « Les dirigeants n’ont pas toujours le temps de s’occuper d’actions solidaires, ou bien ils s’y consacrent une fois par an, dans le cadre d’un événement très ciblé, poursuit Élise Thibault-Gondré. Et si vous n’êtes pas sensible au handicap et que vous souhaitez vous investir pour le climat, vous vous sentirez déconnecté de l’action annuelle que votre entreprise organise en faveur du handicap… » Day One est confortable pour son utilisateur : il n’a qu’à se connecter, s’inscrire, puis choisir son action solidaire afin de décupler l’impact social de l’entreprise tout en répondant à sa propre quête de sens. « Ce n’est pas nécessairement à temps plein ; pourtant, certaines entreprises donnent des jours à leurs collaborateurs pour leur permettre de s’investir », glisse la fondatrice. Parmi les premiers à avoir fait confiance à Day One : Clinitex (Orléans et Lille), Cegos, leader de la formation professionnelle, le groupe Aviva… Aujourd’hui, Day One compte près de 15 collaborateurs, dont 40 % d’Orléanais. « Notre ambition est de devenir ce “grand département RSE déporté”, pour les PME, les ETI et toutes les entreprises qui aimeraient un fonctionnement sérieux, avec de vraies retombées, pour éviter le greenwashing. Nous avons été très bien soutenus par les acteurs régionaux, comme la BPI, la Région ou le Lab’O, qui nous a accompagnés dans notre levée de fonds », conclut Élise.