|
|
|
Petits candidats, grosse motivation

Petits candidats, grosse motivation

À l’ombre des gros partis ou des candidats référencés, plusieurs femmes et hommes ont décidé de se présenter aux élections législatives. Sans étiquette ou bien représentants de mouvements jeunes et/ou en quête d’audience, ces « petits » candidats font campagne comme des grands, sans se bercer de trop d’illusions, mais pas sans ambition. Exemple dans la sixième circonscription du Loiret.
Benjamin Vasset
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email
Partager sur whatsapp

La politique n’est pas encore morte. Alors que de nombreux électeurs ne vont plus voter parce qu’ils ne se sentent pas assez représentés, les élections législatives permettent de mettre en lumière d’autres partis que ceux qui retiennent habituellement l’attention médiatique. Les Altruistes, le Mouvement de la Ruralité, l’Union des démocrates musulmans de France, le Parti ouvrier indépendant démocratique… : voici quelques-uns de ces mouvements méconnus qui seront représentés, ce dimanche, dans le Loiret, au premier tour des élections législatives. Puisqu’il n’y a pas besoin de parrainages d’élus pour se présenter à ce scrutin, plusieurs candidats qualifiés de « petits » se plaisent à se lancer, tous les cinq ans, dans cette aventure des législatives. Parfois sans en mesurer toutes les conséquences, notamment sur les plans logistique et financier. En 2017, faute d’avoir pu faire imprimer ses bulletins de vote, le dénommé Maurice Valix, candidat du « Parti pirate » dans la deuxième circonscription du Loiret, avait par exemple recueilli… zéro voix.

Vraiment novices ?

Dans la sixième circonscription du Loiret, qui s’étend en gros d’Orléans-est jusqu’à Lorris, 12 candidats se présenteront dimanche au premier tour des élections législatives. Hormis les représentants des grands partis (Ensemble, Nupes, RN, LR, Reconquête…), d’autres candidats porteront donc les couleurs de structures plus discrètes, à l’instar des Altruistes, un mouvement né après la crise des Gilets jaunes et promouvant « l’échange d’infos et la remontée de terrain ». D’après Xavier Delaguette, le candidat qui le représentera dimanche, l’ADN de ce parti « est plutôt centriste. On ne tolère aucun propos haineux. Quand on entend quelqu’un tenir des paroles racistes, on la sort tout de suite. Dans un sens, oui, nous sommes modérés, nous pensons qu’il y a des bonnes idées à gauche et à droite ». Bien qu’il se dise « aujourd’hui plus proche d’un Ruffin que d’un
Sarkozy », Xavier Delaguette, par ailleurs élu en 2020 à Saint-Jean-de-Braye sur la liste de la socialiste Vanessa Slimani, a pourtant commencé à militer à l’UMP époque… Sarko !

Dans cette sixième circonscription, Dylan Silvestre présente lui aussi pour la première fois sa candidature aux législatives. Ce jeune entrepreneur solognot de 28 ans exerçant dans le bâtiment porte les couleurs du Mouvement de la Ruralité. Descendant de Chasse, Pêche, Nature et Tradition, ce parti a ajouté à son message traditionnel de défense de la chasse la volonté de sauvegarder le petit commerce et l’artisanat dans les territoires ruraux. « Après CPNT, on a décidé d’ouvrir un peu les mœurs (sic), explique Dylan Silvestre. Parce que certaines communes du coin donnent l’impression d’être abandonnés et transformés en villages-dortoirs. » Ce jeune candidat, qui ne nie pas que son mouvement penche plutôt à droite, s’est décidé à se lancer après la présidentielle. Depuis, il laboure le terrain, faisant le tour des « entreprises traditionnelles, des scieries, des exploitations agricoles et des petits restaurants » ; bref, là où il a déjà quelques entrées et où il estime que son message sera le plus entendu. Peu de chances, donc, que les Orléanais et les Abraysiens l’aient croisé ces dernières semaines au détour d’un marché… « Sur la métropole, mon discours a moins de chances d’intéresser », plaisante Dylan Silvestre, qui découvre les joies d’une campagne en son nom. « Quand on va à la rencontre des citoyens, on n’y va pas en costard-cravate, relève-t-il d’ailleurs. Du coup, les gens sont moins fermés à venir discuter. D’une certaine façon, je me considère aujourd’hui comme un “politicien”, mais je ne fais pas de grandes promesses : je parle de choses concrètes. »

Voir plus loin

Certes accompagné par le Mouvement de la Ruralité, Dylan Sylvestre a aussi forcément pris sur son temps d’entrepreneur pour faire campagne. Son activité professionnelle, Xavier Delaguette l’a également mise en pointillés depuis quelques semaines. « Ma campagne me prend aujourd’hui 60 % de mon temps, raconte ce gestionnaire en patrimoine de 36 ans, qui a créé sa propre structure. Je commence à 6h du matin, je me couche à 2h, je prends mon bâton de pèlerin. » Malgré ce rythme soutenu, vous ne l’entendrez surtout pas se plaindre : « Je suis hyper content, j’échange avec plein de gens, dit-il. Même si je fais 0 % dimanche, je serais fier d’être allé au bout de mon projet. C’est une façon de dire aux Français qu’on peut y arriver, qu’il faut arrêter de laisser la politique aux technocrates. » Accompagné d’une trentaine de sympathisants Altruistes loirétains, Xavier Delaguette affirme avoir « tissé une toile d’araignée » sur le terrain, se targuant même d’avoir obtenu le soutien d’un responsable d’association que se disputaient Les Républicains et Ensemble. Alors, cela peut paraître étonnant, mais pour dimanche, ce candidat néophyte y croit… « En 2017, sur cette circonscription, Alexandrine Leclerc, qui était soutenue par LR et l’UDI, avait obtenu 6 150 voix pour se qualifier au second tour. Je pense que dimanche, je peux les faire, déclare-t-il avec aplomb. S’il y a une année où il y a la place pour les “petits” candidats, c’est bien celle-ci. » Xavier Delaguette compte notamment sur son ancrage à l’Argonne, où il habite, pour faire le plein de voix : « Ici, ça fait trente-six ans que les gens me connaissent. Et en plus, ma famille est l’une des plus vieilles du quartier… » À l’autre bout de la circonscription, Dylan Silvestre est plus mesuré. « Je suis réaliste, dit-il. Si je fais quelques pourcents, ce sera déjà bien. Mais ce sera le début de quelque chose. » Une aventure politique qui commence, c’est aussi ce que veut croire Xavier Delaguette : « Je ne pense pas qu’avec Les Altruistes, nous irons aux élections européennes, mais après, nous travaillerons pour les municipales. » 2026, c’est déjà dimanche.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres ARTICLES a lire

Signaler un commentaire

Enable Notifications Oui Plus tard