Il se montre discret, mais tire pourtant les marrons du feu social. Selon une étude de la Fondation Jean-Jaurès publiée mardi, 26 % des électeurs voteraient aujourd’hui pour le Rassemblement national en cas de dissolution. Une hausse de 7 points par rapport aux résultats de juin 2022, lors duquel le RN avait envoyé 89 députés, un score historique, au Palais-Bourbon. Depuis, à quelques dérapages près, le parti aujourd’hui présidé par Jordan Bardella fait assez peu de vagues, n’a pas été en première ligne lors de la séquence sur la réforme des retraites et semble paradoxalement – ou pas – en tirer bénéfice auprès de l’opinion publique. « Les Français commencent réellement à nous voir comme nous sommes, c’est-à-dire des gens normaux… » affirme Anthony Zeller, nouveau délégué départemental du RN dans le Loiret, une terre qui a envoyé en juin dernier deux députés à l’Assemblée, Thomas Ménagé dans le Montargois et Mathilde Paris dans le Giennois.
Les sénatoriales aussi
Dans cette année sans élection directe, le Rassemblement national souhaite visiblement labourer le terrain pour faire grossir sa popularité. Alors qu’il compte dorénavant 380 adhérents à jour de cotisation dans le Loiret, le parti a pour objectif affiché d’en avoir recruté 500 d’ici à la fin de l’année. Pour ce faire, il souhaite organiser régulièrement des « événements, comme des dîners-débats », aussi bien à l’est du département – déjà plutôt acquis à sa cause – qu’à l’ouest, plus urbain et donc plus rétif à ses idées. Pourtant, il y a encore un peu de boulot : vendredi dernier, le nouveau délégué départemental avait organisé à Orléans une conférence de presse et invité un gros poisson, en l’occurrence Thierry Mariani. Las, cet exercice face aux médias a été annulé faute de journalistes…
La métropole orléanaise reste cependant une terre d’enjeux que veut travailler Anthony Zeller, qui habite d’ailleurs Orléans, alors que ses prédécesseurs étaient davantage localisés dans l’est du département. Nous ne sommes qu’en 2023, mais le nouveau chef de file du RN dans le Loiret commence ainsi à penser aux… municipales de 2026. « Nous savons que nous aurons du mal à prendre de nouvelles villes dans le Loiret, mais l’objectif est clairement de monter une liste à Orléans », explique Anthony Zeller. On se souvient qu’en 2020, le Rassemblement national dans la cité johannique n’avait pas présenté de candidats après le retrait d’une liste que devait mener Ludovic Marchetti, qui avait à l’époque eu bien du mal à dénicher des volontaires… « Je m’active déjà à la tâche, continue le délégué départemental du RN. A priori, nous serons plus dans une logique de liste d’ouverture. » En outre, il ne paraît pas exclu que le parti présente d’autres listes dans des communes de la métropole : troisième commune du Loiret, Fleury-les-Aubrais pourrait faire partie des villes sur lesquelles le RN portera ses efforts. En septembre prochain, les élections sénatoriales seront une autre échéance sur laquelle le Rassemblement national se positionnera. Une liste devrait être dévoilée début mai. Sauf énormes surprises, qui n’arrivent pratiquement jamais aux sénatoriales, ces colistiers n’auront qu’une chance infime de découvrir les ors du Palais du Luxembourg. Cela étant, le RN poursuit sa politique de grignotage, autour d’un discours que, sur le terrain, il continue de porter autour du thème du pouvoir d’achat, plus que sur l’immigration.
