Adoptée par 98 voix pour et 2 voix contre, la « loi visant à limiter l’engrillagement des espaces naturels et à protéger la propriété privée » a été définitivement votée le 25 janvier 2023. D’ici au 1er janvier 2027, les grandes clôtures sont donc censées disparaître en Sologne et dans toute la France. Pour les Solognots, il s’agit d’un véritable évènement, que l’on fasse partie des « anti-grillages » ou de ses partisans. D’ailleurs, au cours des derniers mois, de nombreux contre avaient cessé d’y croire, tant le combat de David contre Goliath s’éternisait en l’absence de réelle volonté des pouvoirs publics. Les pour, eux, peu nombreux mais puissants financièrement, répétaient à l’envi que la loi ne passerait jamais, offrant pour tout regard un mépris condescendant sur ces trublions regroupés en association. C’était sans compter avec la ténacité du couple Louis, lanceur d’alerte historique avec leur association Les Amis des chemins de Sologne, ni avec celle du populaire et tonitruant ambassadeur-réalisateur Nicolas Vanier. Cette victoire législative est aussi à mettre au crédit du député du Cher François Cormier-Bouligeon (Renaissance), premier politique à s’être saisi du dossier à bras-le-corps même si, aujourd’hui, le sénateur LR Jean-Noël Cardoux et le député Modem Richard Ramos récoltent d’abord les fruits d’un texte que le premier a rédigé et que l’autre a enrichi et réussi à faire passer dans une niche parlementaire en première lecture, en septembre dernier. Le président de la Région Centre-Val de Loire, François Bonneau (PS), s’était lui aussi mobilisé au cours des dernières années. Il a salué, le 26 janvier, « une décision historique et indispensable ».
Le casse-tête de l’application
Voilà les satisfecit sur la forme ; sur le fond, exit donc les clôtures en fil de fer ou barbelés de deux mètres de haut érigés depuis 1993 : ceux-ci devront être retirés et remplacés le cas échéant par « des ouvrages en matériaux naturels ou traditionnels », à 30 cm au-dessus du sol, et sans dépasser 1,20 mètre de hauteur. Si tout se passe comme prévu, les usagers des routes de Sologne ne devraient donc bientôt plus observer des bêtes apeurées se cogner contre des grillages en cherchant désespérément un passage… Contrepartie de cette décision, destinée à rappeler le droit inaliénable du droit à la propriété privée (mais surtout à contrer l’argumentation des forcenés de l’enfermement) : une contravention de 750 € pour le promeneur « égaré » qui aura eu l’envie de pénétrer chez autrui pour raccourcir son jogging ou agrémenter son omelette de girolles… Pour autant, le combat des associations ne s’arrêtera pas là : celles-ci comptent bien utiliser leur réseau pour surveiller toute nouvelle installation et surtout vérifier que la loi s’appliquera autant que nécessaire. Il se pourrait donc que le combat soit loin d’être terminé…
