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Renouvellement de la délégation de service public de l’aéroport de Tours : tensions et inquiétudes

Renouvellement de la délégation de service public de l’aéroport de Tours : tensions et inquiétudes

Alors que la délégation de service public de l’opérateur EDEIS se termine le 31 décembre prochain, le SMADAIT (Syndicat Mixte pour l’aménagement et le développement de l’aéroport international de Tours) a lancé la procédure de renouvellement avec deux candidats en lice. De quoi susciter l’inquiétude de l’opposition à la Métropole qui réclame plus de transparence quant au contenu de cette nouvelle DSP, l’actuelle ayant fait l’objet de critiques sévères de la part de la Cour régionale des comptes.
Patrice Naour

Je m’attendais à ce que le sujet de l’aéroport soit abordé, je peux vous dire que les choses avancent et nous préparons la future DSP, nous recevrons les dossiers complets le 15 mars et le nouveau délégataire sera désigné avant l’été, il y a deux candidats en lice. » Bruno Fenet, maire de Parçay-Meslay et président du SMADAIT, lui-même ancien militaire dans l’Armée de l’air, s’attendait peut-être à ce que ce sujet qui divise les élus tourangeaux soit abordé, il n’avait sans doute pas prévu la tonalité. Et si Christine Blet, conseillère à Tours, s’est contentée de réclamer « plus de transparence » sur le processus d’attribution de cette nouvelle DSP avec une commission générale « pour que tout le monde soit informé sur cette désignation », sa collègue, Annaelle Schaller, a elle fait part de sa colère. « On est sur l’autoroute de l’enfer climatique et au lieu de ralentir, vous avez le pied sur l’accélérateur pour passer la 4e, la 5e, et même la 6e vitesse ! s’est emportée l’adjointe à la démocratie permanente de Tours. L’heure est plus que grave, on le voit encore avec cette sécheresse hivernale, et vous voulez doubler le nombre de passagers. Au lieu de réduire les émissions de CO2, on va les multiplier, c’est toujours aussi déprimant ! »

Le réalisme économique contre la raison écologique

Bruno Fenet, livré à lui-même et quelque peu décontenancé par cette intervention pleine d’une émotion inhabituelle en conseil métropolitain, n’a pu que reprendre son exposé avec les arguments avancés habituellement par les partisans de cet équipement. L’aéroport de Tours – le seul à vocation commerciale de la région Centre-Val de Loire – est une porte d’entrée importante pour le territoire. 200 000 passagers l’ont emprunté en 2022 et les visiteurs ont engendré 20 M€ de retombées selon une étude du comité régional du tourisme, c’est donc un vecteur économique important. Sur ce point, les trois collectivités membres du SMADAIT (la Métropole, le Département mais aussi la Région à majorité socialiste et écologiste) qui financent l’aéroport avec une subvention publique de 3,6 M€ chaque année sont sur le même ligne et entendent donc pérenniser cet équipement.

Sans oublier sa vocation médicale, avec plus de 200 rotations pour l’acheminement d’organes pour le CHU. Sans oublier non plus son futur prospère, avec le développement à venir d’une zone d’activités sur les 220 hectares cédés par l’Armée en 2020 suite au départ de l’École de chasse qui pourrait aussi rapporter des subsides appelés à se substituer aux deniers publics… Sans oublier, sans oublier… Mais à cet instant, c’était oublier quand même un état de fait que personne ne peut nier : le climat est bien déréglé et le développement de l’aéroport pour passer de 200 000 à 400 000 puis 500 000 visiteurs comme le préconise un rapport du CESER (Conseil économique social et environnemental régional) est-il une priorité dans un tel contexte ? Ne faut-il pas changer de logiciel et envisager le futur de l’aéroport autrement que comme le développement à l’infini du nombre de passagers ? Annaelle Schaller a raison de poser la question. Les politiques qui siègent au SMADAIT, élus démocratiquement, sont dans leur droit quand ils apportent une réponse différente à cette question. Mais, en cette soirée du 27 février, au sein de ce Conseil métropolitain, on ne pourra pas dire que la question de l’impact de l’aéroport de Tours sur les émissions de gaz à effet de serre n’aura pas été posée. Et les élus en responsabilités ont apporté une réponse qui pèsera dans l’avenir de la collectivité.

Et alors que l’Indre-et-Loire est l’un des derniers départements français à refuser l’installation d’éoliennes sur son territoire – ce qui avait fait dire à l’ancienne préfète Marie Lajus qu’il ne prenait pas sa part dans la production d’énergies renouvelables pour lutter contre le réchauffement climatique –,
au moins il conservera, selon cette volonté des élus, toute sa part dans les émissions du transport aérien. C’est ce qui s’appelle prendre ses responsabilités. Au nom du réalisme économique à court terme, cela peut se comprendre. Au nom de devenir de la planète et du bien-être des générations futures, cela mérite d’en débattre…

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