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Découverte de l’ancienne abbaye de Beaumont lors des fouilles archéologiques : plongez dans 800 ans d’histoire !

Découverte de l’ancienne abbaye de Beaumont lors des fouilles archéologiques : plongez dans 800 ans d’histoire !

Le chantier des fouilles sur l’ancien site des casernes Beaumont-Chauveau a permis de mettre à jour les vestiges de l’ancienne abbaye des sœurs bénédictines de Beaumont, construite au tout début du XIe siècle, à partir de l’an 1004, à proximité d’un petit village situé dans la campagne à 1 km de l’enceinte de Tours. Elle sera démantelée à partir de 1790 au moment de la Révolution. Les fouilles conduites par l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont permis de révéler des bribes de ces 800 ans d’Histoire… Le chantier sera accessible au public les 17 et 18 juin dans le cadre des Journées européennes d’archéologie.
Patrice Naour

Non, ce n’est pas une abbaye qui est en train d’être construite sur le site des anciennes casernes Beaumont-Chauveau, mais ce sont les vestiges de l’ancienne abbaye de femmes bénédictines qui sont actuellement exhumés dans le cadre des fouilles d’avant-chantier du futur quartier des Casernes. Et, une nouvelle fois, l’archéologie permet des découvertes passionnantes car, avec l’étude des éléments enfouis dans le sol – d’architecture en premier lieu – mais aussi à la découverte de sépultures avec des squelettes qu’on peut dater et divers objets de la vie quotidienne à différentes époques de l’abbaye, on la voit revivre sous nos yeux grâce aux explications des archéologues qui fouillent le site. C’est le miracle de l’archéologie qui, avec quelques bribes du passé, nous fait replonger dans la vie de l’époque le temps d’une visite guidée que le public pourra aussi vivre mi-juin lors des Journées européennes d’archéologie (lire ci-dessous).

6,5 hectares d’Histoire

Revenons donc à notre chantier qui dure déjà depuis quelques années et qui s’achèvera fin 2023 pour laisser la place aux constructions du futur quartier des Casernes. « Nous sommes entrés dans la phase la plus intéressante avec la fouille des bâtiments de l’abbaye, précise Philippe Blanchard, directeur scientifique du chantier pour l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives). Le site s’étendait sur 6,5 ha et nous avons commencé par des sondages dans ce qui fut les jardins et les vergers. Jusqu’à la fin de l’année, nous fouillons le cœur de l’ancienne abbaye dont l’histoire est assez bien documentée, nous disposons de plans et d’archives puisqu’elle a existé pendant près de huit siècles. »

L’abbaye a été érigée au tout début du XIe siècle puis a été modifiée au fil des époques. Le chantier a mis au jour l’ensemble des fondations des bâtiments et on retrouve donc l’organisation de l’abbaye aux différents époques, avec l’église abbatiale, sa nef et son transept, le cloître, le réfectoire, les cuisines, les différents lieux de stockage de la nourriture, sellier et autres glaciaires, le logis de l’abbesse, etc. Les fouilles ont permis de mettre au jour un vaste cimetière avec plus de 3 000 sépultures qui datent des différentes époques. Avant la construction de l’abbaye notamment, il existait déjà un lieu de culte, Notre-Dame des Miracles, qui devait être entouré d’un cimetière. Plus tard il y eut aussi le cimetière du village de Beaumont. Mais le plus intéressant reste les coffrages et un sarcophage en pierre retrouvés dans l’enceinte de l’ancienne église abbatiale, ce qui signifie que des dignitaires religieux se faisaient inhumer dans l’église. De même, ont été retrouvés un chapelet (sans doute du XVIIe ou XVIIIe siècle, époque où on se faisait inhumer avec quelques objets pieux contrairement à la période médiévale), un médaillon, une petite croix de Marmara, le sceau d’une abbesse qui aurait pu s’appeler Jeanne, ou encore des poteries qui devaient servir à faire brûler de l’encens à la période médiévale pour masquer l’odeur de la mort…

Des sarcophages en tuffeau

L’une des découvertes les plus inattendues est une série de 90 figurines polychromes (terre cuite, jais ou os) cassées. Il s’agit probablement de statuettes de dévotion rapportées à l’occasion de pèlerinages et qui ont été détruites lors d’un événement violent. Elles avaient été enfouies puis rejetées dans une tranchée lors du démantèlement de l’abbaye… Son histoire est relativement bien connue puisqu’on sait, notamment, qu’elle a abrité, à une certaine époque, jusqu’à 46 sœurs, 35 sœurs de chœur et 11 converses ou converties qui n’étaient pas destinées initialement à rentrer dans les ordres. À la Révolution, il a été décidé de la supprimer. Elle a été rachetée par un carrier parisien qui, pour faire du réemploi de matériaux comme on dirait aujourd’hui, a démantelé les bâtiments afin de récupérer tout ce qui pouvait l’être (fenêtres, huisseries, pierres, etc.). L’abbaye a donc été vendue au détail si l’on peut dire. L’opération a duré une bonne dizaine d’années au tournant du XIXe siècle puisqu’il ne reste plus trace de l’abbaye à partir de 1810. Après une période de friche, le site devient à partir de 1866 le potager du premier hôpital Bretonneau. On y fait travailler « aliénés », le mur d’enceinte de l’abbaye, toujours debout alors, faisant office de clos. Puis, en 1913, l’armée construit les casernes militaires qui dureront un siècle, jusqu’en 2013. Cette ancienne affectation militaire a d’ailleurs donné bien des frayeurs à l’équipe d’archéologues – entre 20 et 30 personnes en permanence sur le site avec, en plus de l’INRAP, les personnels du service archéologique départemental – puisque régulièrement ont été découvertes d’anciennes caches d’armes avec encore des munitions (grenades, balles, mines anti-char ou antipersonnel, etc.) qui ont nécessité des opérations de déminage et occasionné des retards dans les fouilles. À tel point aussi que lors des fouilles de certains secteurs, les responsables du chantier étaient assistés d’un démineur pour repérer les zones à risques et intervenir en cas de découvertes dangereuses…

Le chantier s’achèvera à la fin de l’année, les pièces issues des fouilles seront stockées dans un entrepôt des services de l’État à Orléans pour pouvoir être analysées et, pourquoi pas, faire l’objet d’une exposition ultérieure. Et puis le site pourra reprendre le cours de sa destinée et devenir le nouveau quartier des Casernes à partir de l’an prochain avec la construction programmée sur cette parcelle de la nouvelle école Maryse-Bastié !

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