Si la Touraine est concernée par quelques affaires – une dizaine de victimes ont témoigné dans le cadre du rapport pour des viols et abus remontant aux années 70-80 –, ce n’est pas le territoire le plus touché. Mais devant l’émotion suscitée par le rapport de la CIASE, dénommé aussi « rapport Sauvé » du nom de son président, le diocèse de Tours, par la voix l’archevêque Vincent Jordy, n’a pas manqué de saluer « le travail rigoureux et éprouvant qui a été accompli » par les membres de la CIASE. « Mais nous pensons bien entendu, et avant toutes choses, aux victimes d’abus, à leurs vies brisées et à la manière de les accompagner », a-t-il exprimé dans un communiqué. Avant de s’adresser à toute la communauté catholique : « Nous pensons aux fidèles qui découvrent pour beaucoup cette dimension enfouie de la vie de notre Église. Nous pensons aussi aux prêtres blessés de voir leur ministère abîmé. »
Pas d’excuses directes aux victimes ni de repentance mais pas de déni non plus : l’Église tourangelle regarde en face le constat dressé par la CIASE et rappelle que « depuis vingt ans les Évêques de France ont pris des mesures contre la pédocriminalité ». Ce que conteste une des associations des victimes qui a demandé la démission collective des 120 évêques de France. Mgr Jordy préfère voir le verre à moitié plein et le travail déjà accompli : une journée de travail sur la pédocriminalité a été organisée en juin dernier à Tours pour les prêtres et les responsables diocésains, rappelle le diocèse qui entend poursuivre ce travail en appliquant les recommandations de la CIASE contenues dans son rapport remis à la conférence des Évêques de France pour éradiquer ce fléau.
Une vision partagée par Mgr Jordy qui abonde dans le sens de la CIASE ave des mots très forts : « En faisant ainsi la lumière, elle doit nous conduire à nous interroger sur notre vie ecclésiale et à tout mettre en œuvre pour que l’Église soit une maison sûre. Elle exige une conversion dans nos manières de faire vivre notre Église. C’est ainsi seulement que le message de l’Évangile pourra continuer à être annoncé. »
Il a à nouveau exprimé sa position dans une lettre distribuée aux fidèles lors des offices. Tout en concluant, sur un ton grave, mais sur une note d’espérance qui caractérise la foi : « Dans un moment comme celui que nous vivons les mots sont pauvres, sinon inopérants voire parfois insupportables. […] Dans notre diocèse, des hommes et des femmes, des prêtres et des laïcs vont continuer, sans bruit, à visiter les malades, les prisonniers, les personnes isolées, à accueillir les pauvres de toutes les pauvretés, à annoncer l’espérance à ceux qui en manquent, à prier et à aider à prier, à préparer aux sacrements… Quand nous ne pouvons plus dire le bien, nous pouvons au moins essayer de le faire […] » CQFD
+loin :
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