Ils ne sont pas des inconnus. Le public a déjà pu souvent admirer leurs créations au détour d’une exposition. Mais la belle idée d’Alain Plouvier, c’est de les avoir réunis en un même lieu pour que leurs œuvres se répondent, s’éclairent mutuellement. La scénographie imaginée à l’hôtel Goüin – qui a bénéficié de travaux importants pour devenir depuis la réouverture des lieux culturels cette année un lieu d’exposition bien pensé – y participe largement. Mais ce sont avant tout les œuvres choisies qui créent ce sentiment, non pas d’unité, mais de complémentarité, et même d’harmonie. Car les artistes invités ont en commun de puiser leur inspiration dans la matière brute, de la travailler pour la transformer en œuvre d’art.
Il en va ainsi du « ferrailleur » Lionel Tonda. À la fois artisan, ferronnier et sculpteur, il façonne, découpe, soude, chauffe, martèle l’acier pour donner naissance à des créatures uniques. Il en est de même pour Dominique Spiessert, enseignant aux Beaux-Arts de Tours, qui donne aussi naissance à des créatures imaginaires, sur toile cette fois. Il lui faut pour cela tirer le trait à l’infini comme s’il dévidait sa pelote sans jamais lever le crayon. Cela donne des formes, des « déformes » et des « reformes » tout à fait fascinantes. À voir pour le croire !
Autant Spiessert peut privilégier le noir et blanc, autant les œuvres de Takeshi Inaba sont multicolores, chamarrées, incandescentes. Des tableaux aussi mais en relief, composés de matières diverses et variées pour restituer des formes labyrinthiques où le regard aime se poser, se plonger, se perdre même, pour ne pas dire se noyer en quête des innombrables détails que la main du maître – et sa pensée – ont posé là comme autant d’énigmes soumises au spectateur.
Un véritable « art-chéologue »
Dans son registre, la céramiste Agnès His travaille aussi la matière terre pour façonner des céramiques extraordinaires, des pièces uniques nées de son imagination et de ces techniques qu’il faut maîtriser parfaitement pour arriver à une tel degré de finesse.
Et que dire de Martine Dubois, reine du chas et de l’aiguille à Beaulieu-lès-Loches, qui, chaque jour, se donne du fil à retordre avec ses tableaux de fils qui tissent le temps filant de jour en jour, de fils en aiguilles.
Enfin, last but not least, Alain Plouvier est présent avec ses œuvres d’art brut, qui reprennent des thèmes primitifs qui pourraient nous faire dire qu’il a quelque chose d’un « art-chélogue ». Là encore, le spectacle de ses créations interpelle, interroge, intrigue. On ne peut les regarder sans se demander « mais pourquoi ? », « mais comment ? », tant le travail mis en œuvre semble titanesque, « cath-art-ique » peut-être ? Plus que regardable, recommandable et, à coup sûr, admirable au sens premier du terme : qui mérite d’être admiré… Voire plus si affinités !