Un peu de poésie pour commencer dans un monde de plus en plus brutal où même la salle du conseil municipal de Tours n’est pas épargnée par, a minima, la hargne, pour ne pas dire la haine parfois… On entend beaucoup parler d’anxiété climatique et de saturation informationnelle devant les mauvaises nouvelles qui s’accumulent et qui nous promettent des jours pires, mais devant le spectacle infligé par ces conseils municipaux à rallonge jalonnés d’invectives, que ressent-on ? Une grande fatigue démocratique a minima, si ce n’est une grande lassitude de la politique à la petite semaine marquée par les polémiques de bas étage et la mauvaise foi à tous les étages… Revenons donc à nos chevaux vapeur qui préoccupent tant les citoyens comme les politiciens depuis qu’on a découvert que le moteur à explosion, emblème de la liberté au 20e siècle, était en fait à l’origine d’un bilan explosif sur la mortalité humaine et qu’il était temps de lever un peu le pied sur les émissions de gaz en tous genres…
« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse, et le repolissez, ajoutez quelquefois, et souvent effacez »; disait l’écrivain Nicolas Boileau. Une maxime que pourrait faire sienne l’équipe municipale de Tours qui, en matière de mobilités, n’a de cesse de remettre l’ouvrage sur le métier. Et ce d’autant plus qu’elle n’est pas motrice en la matière puisque les mobilités sont une compétence métropolitaine. Malgré tout, les aménagements cyclables avancent lentement, la vélorue d’Entraigues en fait tousser plus d’un (mais ce n’est pas à cause des gaz d’échappement qui sont en diminution), les vélobox sont annoncés pour bientôt (dès qu’ils auront été libérés par la Métropole qui les a en sa possession depuis de longs mois mais ne les a toujours pas installés)… Bref, la politique de dépollution de la ville via le développement du vélo n’avance pas à la vitesse d’un Pogacar avalant d’une seule bouchée un mont des Flandres mais elle avance, elle avance…
Des vélobox toujours au garage
Dernier coup d’accélérateur en date : la baisse des tarifs de stationnement dans les parkings « en ouvrage » ou souterrains pour le commun des mortels. Depuis le 1er janvier 2023 donc, les tarifs ont baissé pour passer à 1,70 € de l’heure contre 1,90 € auparavant. « Ces parkings ont coûté plusieurs dizaines de millions d’euros à la collectivité et dans un souci de bonne gestion des finances publiques, il est de notre responsabilité d’optimiser l’occupation des ces parkings en ouvrage » explique le maire de Tours, Emmanuel Denis. Cela s’accompagnera en parallèle d’une hausse des tarifs de stationnement sur les places en ville à compter du 1er janvier 2024 qui passeront de 1,90 € à 2 € et de 1,30 € à 1,50 € selon le zonage. L’idée étant aussi de faire passer le nombre de zones de trois à deux en ne conservant que les zones rouge et bleue et en supprimant la zone orange intermédiaire. Cela s’accompagne aussi de l’augmentation du forfait post-stationnement – autrement dit l’amende ou la « prune » pour le commun des mortels – qui passe de 25 € à 30 €. Enfin, au 1er juillet prochain, la gratuité pour les véhicules électriques disparaît. Ce dont s’est ému l’opposition, Olivier Le Breton en tête. L’ancien adjoint à la sécurité a lancé aux élus de la majorité : « Je pensais que c’était les voitures sales que vous n’aimiez pas mais c’est la voiture tout court ! » Ce à quoi le maire lui a répondu que 6 000 voitures électriques étaient aujourd’hui recensées dans les rues de Tours et que la mesure d’incitation de la gratuité n’avait plus lieu d’être car « si on ne change rien, bientôt les véhicules électriques prendront toutes les places sans payer et les autres ne pourront plus stationner… » Ce qui représenterait évidemment un manque à gagner pour les finances de la Ville qui, par ailleurs, n’a pas à se plaindre de la collecte des parcmètres et des FPS (Forfaits post-
stationnement) par la société SAGS, prestataire qui donne toute satisfaction en la matière.
Cela a donné aussi lieu à un débat auquel, il faut l’avouer, nous n’avions pas pensé, à savoir la sécurité dans les parkings souterrains. Ce sont les figures féminines de l’opposition, Cécile Chevillard et Alexandra Schalk-Petitot, qui ont mis en avant cet argument : « C’est bien beau de vouloir favoriser l’occupation des parkings souterrains, mais, vous savez, les femmes seules ne vont pas se garer en sous-sol car il y a des problèmes de sécurité et de propreté qui sont très dissuasifs pour elles… » Ce à quoi le maire a répondu que la nouvelle délégation de service public renouvelée à l’entreprise Indigo en début d’année prévoyait aussi la mise en œuvre par le concessionnaire de mesures visant à améliorer les conditions d’accueil et de sécurité dans les parkings, car « si on veut accroître leur occupation, il faut les rendre plus attractifs, mais c’est prévu… ».
Davantage de bornes électriques
Tout comme est préveu aussi par la nouvelle convention avec Indigo l’installation de 132 bornes de recharge pour véhicules électriques contre quatre actuellement. Et ce dans le même but de rendre les parkings plus attractifs pour ce type de véhicules qui pourront profiter de leur période de stationnement pour recharger leur véhicule…
Enfin est aussi annoncé la création en ville d’un « jalonnement dynamique » avec l’installation de panneaux indicateurs affichant les disponibilités dans les différents parkings afin de permettre aux automobilistes de s’y rendre directement sans avoir à tourner en rond pour se garer, ce qui occasionne aussi de la pollution.
Avec ces mesures, la Ville – qui pour ce qui est des sept parkings publics souterrains (Vinci-Gare, Nationale, Champ-Girault, Halles, Mirabeau,Jacquemin et Anatole-France)* est liée aux DSP signées par la Métropole – espère bien accroître la fréquentation et la rentabilité des parkings souterrains tout en libérant de la place sur l’espace public en ville. Et Christophe Boulanger, conseiller municipal à Tours et président par intérim du Syndicat des Mobilités de Touraine qui gère ces questions, de rappeler que « la ville propose 25 000 places en surface, dont 3 300 payantes, ce qui représente 30 hectares consacrés au stationnement sur l’espace public, soit l’équivalent de 5 fois le jardin botanique… ».
« More car or less car ? That is the question », pourrait-on dire en guise de conclusion car c’est le débat qui anime tous les élus aujourd’hui. Tours travaille par ailleurs sur son futur plan de circulation qui doit aussi voir le jour d’ici 2025, année programmée pour l’instauration de la ZFE (Zone à faibles émissions) visant à limiter la circulation en centre-ville des véhicules les plus polluants… Les mobilités n’ont pas fini de donner des sueurs aux élu(e)s, même celles et ceux qui ne se déplacent pas à vélo !
* Les parkings Gambetta et Palais-Jaurès sont gérés par des privés et ne relèvent pas de la DSP avec la société Indigo. Le parking de L’Heure Tranquille, le plus grand de tous avec 1 000 places, est géré par la SET (Société d’aménagement de la Touraine).
