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À Orléans, la résidence Rocheplatte montre l’exemple

À Orléans, la résidence Rocheplatte montre l’exemple

Les matériaux biosourcés ont convaincu les collectivités, et les nouvelles infrastructures qui poussent dans les communes du Loiret en sont la preuve. Mais du côté de Monsieur-tout-le-monde, il reste un gros travail à accomplir. À Orléans, la résidence d’habitation Rocheplatte, rénovée entièrement en éco-matériaux, entend pourtant offrir aux sceptiques loirétains la preuve d’une efficacité à grande échelle... 
Laurence Boléat
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Chez Faire, le service public qui accompagne les particuliers dans leurs projets de rénovation énergétique, les conseillers s’étonnent : « c’est un peu paradoxal, mais les personnes qui s’intéressent aux matériaux biosourcés sont ceux qui ont de plus en plus chaud l’été, raconte Patrick Bonneau. Le confort en été devient une problématique, alors que l’on a toujours construit des maisons pour le confort hiver… » Les canicules récentes ont effectivement laissé des traces, et beaucoup redoutent celles qui pourraient arriver lors des prochaines années. Or, comme nous l’avons expliqué auparavant (lire p.14), l’une des forces des isolants végétaux est de tempérer aussi bien le chaud que le froid grâce à leur inertie qui entraîne un déphasage thermique plus important qu’un isolant minéral classique. Une isolation en paille, en bois ou en chanvre peut ainsi éviter l’installation d’une climatisation dans toute la maison.

Autre exemple de performance trop peu connue : la gestion de la vapeur d’eau et de l’humidité. C’est un fait : une isolation extérieure en biosourcés plutôt qu’en polystyrène génère moins de risques d’avoir des murs intérieurs qui se tâchent d’humidité dans le temps. Au-delà de l’aspect écologique – et sans vouloir décourager les adeptes de la laine de verre… – il existe donc un véritable intérêt autre que le pouvoir isolant dans le choix d’un matériau biosourcé. Chez Faire, les conseillers sont ainsi là pour éclairer, voire réorienter les choix, que ce soit à la lecture des devis ou en réalisant un pré-diagnostic de base, en amont du projet (voir encadré).

Trois degrés de plus

Alors, pourquoi les artisans ne proposent pas davantage ce type d’isolation ? Parce que s’ils maîtrisent dans les combles la projection de ouate de cellulose (fabriquée avec de vieux papiers) ou de laine de coton (issue de tissus recyclés), tous n’ont pas la connaissance nécessaire ou la formation technique pour s’attaquer à la pose murale d’autres solutions biosourcées. La paille, qui reste la moins chère de tous, nécessite ainsi des règles strictes et exige une formation spécifique. L’enjeu est donc d’attirer l’attention des clients, qui eux-mêmes créeront la demande chez les artisans. D’autant que le surcoût fréquemment invoqué comme objection est en réalité bien faible eu égard au confort qui en découle et aux économies réalisées sur le long terme. « Souvent, les gens me disent qu’ils ont gagné jusqu’à trois degrés chez eux, sans augmenter leurs factures ! », insiste Patrick Bonneau, conseiller Faire dans le Loiret. Deux types de comportement se profilent dans cette quête énergétique : d’abord les archi-convaincus du biosourcé, qui font appel aux entreprises expertes, voire réalisent de plus en plus leurs travaux eux-mêmes en prenant le temps de s’informer tous azimuts, et les autres, qui laissent leur projet entre les mains des entreprises et se laissent convaincre par les objections traditionnelles, qui correspondent en réalité à la zone de confort de l’artisan. 

Confort thermique… et phonique

Et pourtant, les isolants écologiques font leurs preuves, y compris sur les grands immeubles d’habitation. À Orléans par exemple, la résidence Rocheplatte, située rue des Maltotiers, qui abrite 76 logements de types 1 et 2 répartis sur quatre niveaux, a été entièrement réhabilitée afin d’atteindre deux performances majeures : une réduction de 60 % de la consommation énergétique et une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 77 %. Financés en grande partie par l’ANAH et le fonds européen FEDER – qui exige une obligation de résultats et l’utilisation de fibres bois et d’éco-matériaux – les travaux, achevés en décembre 2021, ont déjà reçu un retour positif : « les habitants nous confirment que, d’un point de vue thermique et phonique, c’est beaucoup mieux », affirme Rudy Brière, gestionnaire de la copropriété chez le syndic Bimbenet. Exit ici les grandes baies vitrées du sol au plafond sur toute la largeur de l’appartement, vestiges de cet ancien immeuble de bureau. Une première isolation par l’extérieur avec des murs manteaux en ossature bois et fenêtres intégrées ont recouvert toute la façade. À l’intérieur, l’isolation a été entièrement refaite en laine de bois et tout le système d’aération a été revu.

Autre vertu de ce type de rénovation : le circuit court, entendez 100 % français. Les structures ont été assemblées en atelier avec des résineux provenant du Jura ou de scieries locales, l’isolation en laine de bois est provenue du Rhin et les menuiseries ont été fabriquées en Vendée. À cette échelle de travaux, c’est assez remarquable. D’autant que le défi était de taille, au vu du problème de cette résidence, véritable passoire thermique, qui nécessitait de booster à fond le chauffage urbain pour que tous les étages aient une température acceptable mais ne gommait pas pour autant les disparités entre le rez-de-chaussée, qui pouvait avoir très chaud, et le dernier étage qui avait toujours froid… L’ensemble de la résidence est aujourd’hui chauffé en collectif jusqu’à 13°C et, au-delà, des radiateurs électriques individuels prennent le relais dans chaque appartement. « Mais étant donné que nous sommes désormais sur-isolés, les radiateurs électriques ne devraient pas beaucoup tourner », précise Rudy Brière. Ce sont d’ailleurs les ouvriers qui ont constaté les premiers le bénéfice, travaillant à l’intérieur sans chauffage supplémentaire sur les quatre niveaux, de septembre à novembre…

Les copros tous d’accord 

Les copropriétaires, eux, ont déboursé 20 000 € chacun, largement financés par des fonds publics. Au départ, le projet partait sur de l’isolation classique. Mais pour obtenir davantage de subventions, le cahier des charges requérait l’utilisation de matériaux biosourcés. L’architecte a donc revu sa copie et, malgré un coût plus important, les aides ont compensé la différence. À tel point que sur tous les copropriétaires présents, aucun vote négatif n’a été comptabilisé, tous souhaitant voir leur bâtiment transformé, aussi bien pour le confort que pour l’esthétisme. Premier bâtiment écologique de la région ayant obtenu une subvention européenne, la résidence Rocheplatte, désormais site exemple, a pour vocation de sensibiliser à ces nouvelles pratiques. 

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