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Front commun pour sauver le commerce

Front commun pour sauver le commerce

Outre la protection des populations face au virus, les élus locaux semblent n’avoir qu’une obsession : prendre toutes les mesures possibles pour éviter la faillite des (petits) commerces. Mardi, Serge Grouard, le maire d’Orléans, a par exemple annoncé un plan de bataille qu’il va mettre en place en urgence afin de sauver les commerces de proximité.
Benjamin Vasset (avec G.M)
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Mardi après-midi, le contenant avait au moins autant de poids que le contenu : en invitant à sa conférence de presse Gérard Gautier, président de la Chambre des Métiers du Loiret, et Alain Jumeau, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du département, Serge Grouard a voulu envoyer un signal fort : oui, élus et représentants des chambres consulaires sont « unis » pour soutenir un pan de l’économie locale qui inquiète beaucoup : les commerçants (et artisans). « Ils sont à bout, insiste Alain Jumeau. On voit aujourd’hui une grosse différence avec le confinement du printemps : les commerçants ne voient pas le bout du tunnel. » Gérard Gautier lui emboîte le pas de ce constat alarmiste : « il va y avoir une crise financière ; et nous craignons aussi une crise sociale, avec des commerçants qui n’en peuvent plus. »
Si ceux-ci, grâce à leur réactivité et aux différentes aides de l’État et des collectivités, ont plutôt bien réagi lors du premier confinement, ils arrivent aujourd’hui à un moment où les premiers reports de charge du printemps deviennent effectifs. « Les entreprises artisanales sont encore sous perfusion », soupire Gérard Gautier. D’autant plus que, au vu de la situation économique générale, les banques vont désormais être réticentes à accorder de nouveaux crédits.

Du reste, dès l’annonce du reconfinement, cette problématique du « petit commerce » a très vite été le sujet numéro un des discussions. Et un sujet de polémiques, aussi, lancé avec la fermeture des librairies, alors que quelques jours plus tard, les grandes surfaces devaient finalement se résoudre à fermer elles aussi leurs linéaires de bouquins. En mars, les Français se découvraient une passion pour le jogging ; en novembre, c’était pour les livres ! Blague à part, ce moment n’a pas été tout à fait glorieux, ni pour les uns, ni pour les autres, puisqu’on a eu l’impression de revivre un match des années 50 au temps de Pierre Poujade… « Cette passe d’armes, c’était une erreur », regrette Alain Jumeau, le président de la CCI du Loiret, qui aurait pour sa part souhaité une ouverture de certains commerces classés non-essentiels, et non une fermeture de rayonnages dans les grandes surfaces… « La fermeture de l’ensemble des commerces n’était pas une bonne solution, relève pour sa part Gérard Gautier, le président de la Chambre des Métiers du Loiret. Qui mieux que les commerçants ont appliqué les règles de façon exemplaire depuis la fin du premier confinement ? » « Je n’ai pas eu vent d’un seul foyer de contamination venant d’un commerce orléanais », abonde Serge Grouard.

Une plateforme pour favoriser l’achat numérique en local

Très « inquiet » pour ses commerçants, le maire d’Orléans a cependant choisi de « ne pas se lamenter » trop longtemps, et a donc présenté un plan de soutien aux commerces de proximité. Il faut croire que celui-ci a été élaboré à vitesse grand V, puisque lundi, on ignorait encore, dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, ce qui allait sortir du chapeau de Serge Grouard. Celui-ci a décidé d’agir en trois temps : d’ici à la fin de cette semaine, « le site Internet d’Orléans Métropole va héberger un catalogue recensant l’ensemble des commerçants orléanais qui proposent un service de livraison en ligne, tous secteurs confondus. » Dès la fin de la semaine prochaine, une « plateforme numérique d’achats en ligne » devrait voir le jour, autour d’un « concept simple : les commerçants locaux de touts type mettent en ligne leurs produits et, comme sur Amazon, les internautes peuvent parcourir un catalogue unifié de produits. Après l’achat, il est possible de se faire livrer à domicile partout en France. Pour la clientèle locale, il sera possible de retirer ses achats dans le commerce grâce au concept de « cliquez-collectez ». Pour la réalisation de cette plateforme, un appel à prestation va être lancé « très vite » auprès d’entreprises intéressées. Au sein des chambres consulaires, on applaudit cette idée, mais l’on se demande comment elle va pouvoir être mise en œuvre dans un laps de temps aussi réduit.

Comme Serge Grouard ne veut pas s’en laisser compter, il a dégainé d’autres mesures à mobiliser durant le confinement. Il va ainsi faire voter aux prochain conseil municipal et métropolitain une aide de 2 000 € aux commerçants. L’histoire va-t-elle bégayer ? Non, pense le maire d’Orléans, puisque cette aide prendra désormais la forme d’un « fonds de concours versé à la Métropole, et c’est ensuite le service « commerces » de la Ville d’Orléans qui va gérer et verser la somme le plus vite possible ». Mais ce dispositif pourrait-il, de nouveau, se heurter à des obstacles juridiques ? Serge Grouard monte dans les tours : « alors là, si c’est refusé, il ne faudra pas me chauffer les oreilles très longtemps ! Nous, on veut juste verser une aide, et on le fait à la sauce orléanaise. Si ça ne passe pas, je pense que je vais directement à Matignon ! » Au-delà de cette mesure, le maire d’Orléans confirme que le fonds de soutien métropolitain Covid-19 en faveur des très petites entreprises et des commerces va passer de 400 000 à 1 M€, et que la municipalité allait exonérer jusqu’à la fin de l’année les loyers et les charges des commerçants locataires des locaux commerciaux de la Ville. « La Sempat et la Semdo devraient faire de même. Et nous allons également prendre contact avec les bailleurs privés pour leur suggérer de faire un effort de réduction des loyers auprès de leurs locataires commerçants ».

Enfin, à partir du déconfinement, les stationnements de surface et d’ouvrage à Orléans seront gratuits deux heures par jour, et ce « jusqu’aux soldes de début février ». Jusqu’à cette même échéance, les transports en commun, sous réserve d’une acceptation de la Métropole, devraient également être gratuits un samedi par mois. Enfin, des bons d’achat d’une valeur de 30 € seront très probablement délivrés aux agents de la Ville et de la Métropole pour aller consommer dans des commerces de proximité. « Tout cela a un coût », estime Serge Grouard, qui le chiffre à « quelques millions d’euros » pour la Ville d’Orléans. Mais l’idée, à travers ce « plan », est de montrer aux commerçants « qu’ils ne sont pas seuls ». Le maire d’Orléans va même plus loin et lance un message aux habitants de la ville : « attendez peut-être un peu pour consommer et revenez dès que possible dans vos commerces, quand ils seront rouverts ! » Tout le monde espère que ce soit avant Noël.

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