|
|
Groues : une pièce dans la machine

Groues : une pièce dans la machine

Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu parler des Groues ! Depuis le 4 avril, ce site situé entre Orléans et Saint-Jean-de-la-Ruelle refait causer : il a en effet été fléché par la Métropole pour y accueillir environ 150 caravanes en prévision de la fête foraine qui se déroulera à partir du 21 mai à Fleury. Ce choix et les travaux d’aménagement qui en découlent, certains riverains y goûtent fort peu…
Benjamin Vasset
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur email
Partager sur whatsapp

Depuis le début du mois, le site des Groues, au nord de la métropole, crispe de nouveau élus et riverains. Le 4 avril, ces derniers ont en effet vu – et surtout entendu – des camions entamer des travaux d’aménagement sur ce terrain qui, rappelons-le, doit abriter un écoquartier à une échéance indéterminée. L’étonnement fut grand pour ces riverains, qui arguent qu’aucune information ne leur était parvenue. Ils ont finalement appris que la Métropole avait diligenté des travaux aux Groues pour y accueillir les forains qui animeront la fête foraine prévue du 21 mai au 12 juin prochains au Chapit’O de Fleury-les-Aubrais. Ces riverains, représentés par le conseil syndical de la résidence des Murlins, le collectif des habitants des quartiers nord d’Orléans et l’association Pôle Nord, s’émeuvent encore aujourd’hui des nuisances et des vibrations occasionnées par ces travaux.

Un couac de comm’ ?

Après avoir voulu prendre des informations auprès de la mairie de proximité – qui leur a d’abord dit ne pas être au courant – puis alerté des médias locaux, les représentants des riverains ont été reçus dix jours plus tard, le 21 avril dernier, par des élus et des services de la Métropole. Ces derniers leur ont assuré que l’aménagement en cours ne servirait à accueillir les forains que durant la durée de la fête et qu’ensuite, le site serait fermé et clôturé afin que des gens du voyage, par exemple, ne puissent s’y installer. Par ailleurs, les riverains ont obtenu une rencontre avec Serge Grouard, maire d’Orléans et président de la Métropole, ainsi que la tenue d’une « réunion publique » avec les habitants des quartiers nord, qui devrait intervenir à l’automne. Des premiers éléments qui ont permis d’apaiser quelque peu la situation, Charles-Éric Lemaignen, vice-président d’Orléans Métropole en charge des grands équipements, reconnaissant « un petit cafouillage » en terme de communication. Mais si les riverains n’ont pas été prévenus à temps, c’est, explique l’élu, parce que les entreprises choisies pour ce chantier ont commencé les travaux au tout début de la fenêtre de tir afin qu’ils soient finis à temps, le 13 mai prochain. Un empressement qui n’est, paraît-il, pas toujours d’usage.

Cela étant, certaines craintes et interrogations restent toujours vives chez ces riverains, qui ne comprennent pas que la Métropole dépense 660 000 € afin d’aménager un terrain pour un seul mois d’activité. « En tant que contribuables, on ne peut pas accepter que l’argent public soit dilapidé de cette manière ! » tonnent-ils, alors qu’en novembre dernier, Serge Grouard avait annoncé une cure d’austérité après son élection à la tête de la Métropole. À cette critique, l’intercommunalité orléanaise répond que ces travaux permettront d’accueillir les forains non pas un mais deux ans, et qu’une partie de cette enveloppe est dédiée à des « aménagements pérennes » qui serviront au futur écoquartier. D’autre part, ce choix des Groues était, selon Charles-Éric Lemaignen, le moins onéreux parmi les pistes qui avaient été envisagées pour accueillir les forains. « À Marigny-les-Usages, où l’on avait un temps pensé les installer, il nous en aurait coûté 1,2 M€ », fait savoir le vice-président, sachant que le site choisi aux Groues bénéficiait déjà d’une dalle. « Sur d’autres sites, soit on ne maîtrisait pas le foncier, soit il fallait traiter avec d’autres communes », résume Charles-Éric Lemaignen. Enfin, la Métropole indique que cette enveloppe de 660 000 € a été piochée dans le budget… CO’Met, équipement qui a délogé la fête foraine du site où elle était jusqu’alors installée. « Dès l’origine, une somme de 3 M€ a été dégagée pour faire des aménagements à destination des forains », précise Charles-Éric Lemaignen.

Il n’empêche : les riverains des Groues craignent que le site, une fois que les forains seront partis, serve le restant de l’année de « fourre-tout », ou encore que des cirques viennent y planter leurs chapiteaux et leurs caravanes. Une peur infondée, semble dire la Métropole, qui explique avoir déjà refusé une demande de la SNCF, laquelle aurait voulu se servir du terrain des Groues comme zone de stockage. Cela étant, certains habitants disent craindre, aussi, pour la dépréciation de leur bien. Car pour ces riverains, le fait que le site serve d’aire d’accueil aux forains va forcément reculer la concertation autour du futur écoquartier qu’on leur a promis. « On nous a mis un poste électrique, une chaufferie biomasse, maintenant les forains… Ça va être quoi la prochaine fois ? » interrogent-ils, expliquant du reste ignorer, aujourd’hui, où en est l’épineuse question de la Structure d’Accompagnement à la Sortie (SAS) prévue à proximité. Serge Grouard et Florent Montillot ont publiquement indiqué en juin 2021 qu’ils voulaient voir cette structure carcérale s’installer à Saran, à proximité du Centre Pénitentiaire. Mais depuis cette ruade médiatique, c’est le black-out total sur ce dossier dont l’issue dépend de la volonté de l’État d’accéder – ou non – aux desiderata de la Ville d’Orléans. En attendant une hypothétique réponse de Matignon, sollicité par Serge Grouard, les travaux de voirie et d’assainissement, réalisés par la Métropole, semblent au point mort.

Symbole et politique

Dans le projet global d’écoquartier qui avait été validé sous la mandature Carré, 900 logements doivent être bâtis aux Groues, qui reste l’un des « poumons verts » au nord de la métropole d’Orléans. Alors qu’au cours des années passées, des riverains se sont battus pour faire baisser le nombre d’immeubles qui devaient y être construits et préserver ainsi de la nature, certains ont mal pris, en ce mois d’avril, de voir des engins renverser un peu de végétation pour aménager ce site, d’autant que la Métropole a voté en début de mois le lancement de son grand plan de Transition écologique. « Un arbre a été abattu par erreur par Eurovia », confirme par ailleurs Charles-Éric Lemaignen, qui indique que le récent « barème de l’arbre » adopté par la Ville et la Métropole d’Orléans serait appliqué en guise de dédommagement. Un détail symbolique mais qui, politiquement, n’est pas tout à fait neutre. On voit de la politique partout ? À la Métropole, on fait entre parenthèses remarquer que cette nouvelle polémique au sujet des Groues émerge en pleine période électorale, à quelques semaines des élections législatives, et que Jean-Marie Boutiflat, membre du collectif des habitants des quartiers nord d’Orléans et figure de La France insoumise dans la métropole, devrait se présenter comme suppléant sur la deuxième circonscription du Loiret. « Aux Groues, on sait que nos interlocuteurs ne font pas toujours partie de nos amis politiques, mais on a toujours fait avec, s’amuse Charles-Éric Lemaignen. Maintenant, évidemment que Monsieur Boutiflat fait, aussi, un peu de politique… » 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Autres ARTICLES a lire

Signaler un commentaire

Enable Notifications Oui Plus tard