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L’autisme, cet inconnu…

L’autisme, cet inconnu…

À l’occasion de la Journée mondiale de l’autisme, le 2 avril prochain, l’Etablissement public de santé mentale du Loiret Georges Daumézon et le Centre de Diagnostic et de l’Accompagnement de l’Autisme du Loiret (CDAA45) organisent une action de sensibilisation auprès des professionnels en lien avec la petite enfance. Un point avec le docteur Stéphanie Dupuch, pédopsychiatre et responsable du CDAA45.
Gaëla Messerli
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Que sait-on aujourd’hui des causes de l’autisme ?

Il reste encore à explorer, mais on sait qu’il s’agit d’un trouble du neuro-
développement : le cerveau se développe de façon particulière. Il y a une part génétique : beaucoup de gènes sont mis en cause. Nous en connaissons déjà certains, mais pas tous. C’est pour cela que nous proposons aux familles une recherche génétique des gènes connus.

Y a-t-il plus de risques d’avoir d’autres enfants autistes quand on en a déjà un ?

Statistiquement, oui. Nous sommes ainsi très attentifs, lorsqu’il y a des fratries, au développement des frères et sœurs. On retrouve souvent des antécédents de « troubles du neuro-développement » dans les familles.

Combien d’enfants autistes naissent dans le Loiret ?

Cela représente 70 à 80 naissances par an dans le département, ce qui est beaucoup. C’est difficile de mesurer une évolution. Il n’y a pas d’« épidémie », mais on diagnostique mieux et plus tôt aujourd’hui. Le diagnostic lui-même a évolué : on parle désormais de « troubles du spectre de l’autisme ».

On dit souvent que l’autisme touche plus les garçons que les filles ? Est-ce le cas ?

Oui, nous voyons plus de garçons que de filles. Après, celles-ci sont souvent diagnostiquées plus tardivement, car leurs formes d’autisme sont différentes ; elles ont en outre une capacité d’adaptation.

Quels signes doivent alerter les parents ?

Ce n’est pas un signe spécifique, mais une accumulation qui doivent alerter. Les parents peuvent se rappeler, a posteriori, d’un bébé trop calme… On parle aussi souvent d’absence de contact oculaire avec l’enfant. Mais quand on a une inquiétude, il faut en parler avec son médecin ou son pédiatre, qui peut orienter vers un bilan. Cela permet de constituer un dossier et d’amorcer une prise en charge. Souvent, l’autisme est détecté avec l’entrée en maternelle. C’est la maîtresse qui s’aperçoit qu’au-delà du retard de langage, l’enfant ne joue pas avec les autres et ne répond pas aux consignes. On aimerait encore pouvoir diagnostiquer plus tôt, car plus on intervient jeune, plus la plasticité du cerveau est grande. Cela permet un meilleur rattrapage des décalages.

Comment diagnostique-t-on l’autisme, justement ?

On parle de « dyade autistique », ce qui correspond à deux champs : des enfants qui ont des particularités dans la communication verbale et non-verbale. Même s’il y a un retard de langage, on cherche par exemple à voir s’ils arrivent à faire coucou avec la main ou savent dire « chut ». Au niveau des interactions sociales, lorsqu’un autre enfant veut venir jouer avec lui, on regarde si le « patient » va se cacher derrière sa maman ou bien au contraire répondre à la demande.

L’autre champ concerne des comportements restrictifs, au niveau de la sensorialité : cela peut être des intérêts restreints, réagir de manière intense au bruit en se bouchant les oreilles… Les deux champs sont concernés. Ainsi, un enfant qui se cache peut seulement être timide et une sensibilité à certains stimuli peut ne relever que de troubles « dys ».

« Toutes les prises en charge ont leur place »

Quels sont les possibilités d’inclusion pour les personnes autistes ?

Tout dépend de l’intensité des troubles, mais aussi de l’accompagnement et du soin. Ce n’est pas pareil pour une personne qui a un retard intellectuel et un TSA*. Il est possible d’intégrer le CP avec une AESH**, une classe ULIS*** ou un Institut médico-éducatif (IME), selon les cas.

Et pour les enfants ayant le syndrome d’Asperger ?

Ce sont des autistes ayant une intelligence normale, voire un bon développement intellectuel avec des capacités très ciblées, comme les chiffres, la capacité spatiale… Ils ont cependant les caractéristiques de l’autisme. Un bilan cognitif permet d’affiner si c’est un autisme classique avec un bon niveau intellectuel ou un autisme Asperger. Pour l’intégration scolaire, les compétences intellectuelles jouent, même s’il faut des aménagements.

Et dans le monde du travail ?

Cela reste compliqué. Après, il existe des IME professionnels qui font découvrir des emplois manuels, comme les espaces verts… Mais cela reste essentiellement du travail en milieu protégé. On retrouve cependant des personnes autistes dans le monde de l’entreprise.

En matière de prise en charge de l’autisme, la psychiatrie  est parfois critiquée…

Toutes les prises en charge ont leur place. C’est un handicap complexe. Un enfant autiste peut avoir besoin de psychomotricité, d’orthophonie, et les parents peuvent aussi avoir besoin d’un accompagnement. Je pense que la psychiatrie a sa place, mais certains parents ne passent pas par elle. On doit être honnête avec les parents : ils doivent pouvoir connaître toutes les possibilités pour faire le choix le plus judicieux. Aujourd’hui, les prises en charge sont souvent mixtes, et le parcours de soins évolue dans le temps. 

* Trouble du spectre de l’autisme.
** Accompagnant des élèves en situation de handicap.

*** Unités Localisées d’inclusion scolaire : classes particulières pour les élèves en situation de handicap.

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