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Métropole : un PLUM au poil ?

Métropole : un PLUM au poil ?

Des réunions publiques en visio-conférence ont actuellement lieu pour présenter aux citoyens de la Métropole l’état actuel de l’avancement du Plan Local d’Urbanisme métropolitain (PLUm). Un document clé pour l’avenir du territoire, qui doit entre autres sceller pour une dizaine d’années les zones à bâtir et les zones à préserver.
Benjamin Vasset
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C’est un document du genre épais, lourd d’environ 300 cartes et de plus de 5 000 pages de texte. Assez peu probable, donc, que vous l’offriez en cadeau d’anniversaire à un ami. Et pourtant : le Plan Local d’Urbanisme métropolitain (PLUm) va concerner, d’ici quelques mois, l’ensemble des 280 000 habitants de la Métropole. C’est pour cette raison que, depuis le début du mois de mars, plusieurs réunions publiques ont lieu par visio-conférence pour en faire comprendre les enjeux. Sur ces premiers échanges en virtuel, entre 60 et 100 personnes se sont connectées pour écouter la bonne parole prêchée par le service planification de la Métropole et les élus des communes concernées. Une audience convenable, qui correspond à peu de chose près à celles que l’on peut décompter lors de réunions publiques classiques. Évidemment, ceux qui travaillent sur le sujet aimeraient qu’il passionne un peu les foules, mais enfin…

Nécessité d’être « raisonnable »

Dans les faits, un PLUm, c’est quoi ? Comme le définit très officiellement Orléans Métropole sur son site Internet, il s’agit d’un « plan d’urbanisme et d’aménagement qui prenne en compte les identités de chacune, tout en accompagnant leur développement dans un document commun ». « Ce n’est pas du tout un document administratif, rappelle Jean-Vincent Valliés, maire de Chécy et vice-président d’Orléans Métropole en charge de l’aménagement durable du territoire. C’est un document qui crée en fait de bonnes conditions pour exécuter les projets que des particuliers ou des entreprises peuvent avoir. »

Pour faire (très) court, ce PLUm en cours d’élaboration projette 527 ha de la métropole (laquelle en compte 33 500, ndlr) à urbaniser. « Et sur ces 527 ha, 87 % des projets sont des coups partis, des opérations déjà lancées », explique le service planification. Écolo, ce PLUM ? « Disons qu’on a tous (les maires) pris conscience de la nécessité d’être raisonnable et de faire des économies sur la consommation des espaces, souligne Jean-Vincent Valliès. Dans ma commune, à Chécy, nous avons ainsi renoncé à urbaniser un peu plus de 50 hectares. »

Les élus de la métropole ne se sont cependant pas réveillés un beau matin avec l’idée de bouter les méchants promoteurs hors de leurs territoires. Depuis la loi du 27 juillet 2010, l’idée générale est ainsi, selon les services, de « consommer moins, mais surtout de consommer mieux » en termes d’espaces. On n’aura donc pas attendu la crise du Covid, ni l’avènement du monde d’après, pour tenter de réfléchir à un meilleur équilibre dans les territoires, et notamment sur celui d’Orléans. « Le PLUm marche sur deux jambes : poursuivre un développement assumé du territoire tout en le gardant attractif et en préservant aussi les espaces agricoles et naturels. » Plus de 100 hectares de Zones Agricoles Protégées (ZAP) sont ainsi sanctifiés. Le Schéma de Cohérence Territorial (SCoT), voté en 2019 et dont le PLUm relève (voir encadré), avait déjà, quant à lui, fixé le seuil maximal de 845 ha à bâtir sur les dix prochaines années.

Pour parvenir aux 527 ha « consommables » inscrits dans le PLUm, il y a cependant eu des discussions. De très longues discussions… Qui ont permis de préserver 1 000 ha de terres agricoles et naturelles supplémentaires, par rapport à ce que prévoyaient les 22 PLU communaux. En conséquence, l’effort en matière de logements devrait être davantage porté sur les friches, « afin de construire la ville sur la ville. Il faut d’abord urbaniser à l’intérieur de la tache urbaine et réintensifier la ville. » Mettre sur pied un PLU métropolitain qui doive satisfaire 22 communes ayant chacune – ou presque – leur propre PLU, ce n’est pas juste réunir des pages, boire un café entre deux coups d’agrafe et envoyer le tout au Préfet : le projet de PLUm a, en effet, mobilisé une vingtaine d’ateliers réglementaires entre communes, sept réunions d’élus, une trentaine de comités de pilotage et une multitude d’autres réunions pour aboutir, selon Jean-Vincent Valliès, à une forme de « cohérence ». « Le rôle de la Métropole, c’est de tenir compte de l’ensemble des projets et de trouver un fil conducteur entre tous les projets municipaux. » D’un point de vue très pratique, sur une rue à cheval entre deux communes, le PLUm apporte une cohérence en termes de règles d’urbanisme des deux côtés de la rue.

Sur un plan plus « macro », ce document métropolitain a nécessité de se mettre d’accord, en termes de zonages, pour savoir qui allait recevoir quoi, et qui pouvait construire quoi. « Des élus pouvaient avoir des ambitions plus poussées en termes d’urbanisation », résume Jean-Vincent Valliès, sans donner les noms des vilains bétonneurs. Mais pour le maire de Chécy, l’esprit de consensus, cher à l’esprit des élus métropolitains, anciens comme nouveaux, l’a emporté.

« Trouver un fil conducteur »

Évidemment, en 5 000 pages de documentation, ce PLUm ne fait pas seulement que fixer dans le marbre de grandes et belles orientations. S’il nécessite, dans sa phase finale de rédaction, le jus de cerveau d’environ huit agents métropolitains à temps plein et des services « urbanisme » communaux, c’est aussi parce qu’il s’attaque à des détails plus précis de notre vie en collectivité, comme la taille des haies ou la longueur des abris de jardin. Des points follement affriolants qui ne font pas partie de la séquence du mois de mars : pour cela, des permanences ont lieu avec les personnels compétents. « Aujourd’hui, nous sommes d’accord à 99 % sur les éléments du PLUm », exprime toutefois Jean-Vincent Valliès, qui a bon espoir de faire passer ce Plan Local d’Urbanisme au vote du conseil métropolitain d’ici l’été. Après, ce n’en sera pas terminé pour autant, puisque ce plantureux document sera étudié de près par les « personnes publiques associées » (et notamment les services de l’État), avant qu’une enquête publique n’ait ensuite lieu puis qu’un commissaire-
enquêteur ne s’en empare. Après un nouveau passage au conseil métropolitain, le PLUm, d’ici une dizaine de mois, deviendra pendant l’alpha et l’omega en matière d’urbanisme sur toute la métropole orléanaise. Évidemment, il pourra être amendé ou revu à la marge, mais ne devrait pas souffrir de possibles changements politiques après 2026, suite aux prochaines élections municipales et métropolitaines. « Ce PLUm n’aura pas vocation à être révisé, insiste Jean-Vincent Valliès, sauf pour le mettre en règle avec de nouveaux règlements d’urbanisme. Et je suis persuadé qu’en 2026, il ne bougera pas sur les éléments structurants. »

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