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« Nous entrons dans une nouvelle ère »

« Nous entrons dans une nouvelle ère »

Élu en novembre dernier à la présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Loiret (CCI 45), Philippe Gobinet, PDG du groupe Partnaire, appelle, dans un contexte économique forcément particulier pour les entreprises, à renforcer l’attractivité du territoire loirétain, dont les atouts ne sont, selon lui, pas « toujours mis en valeur ».
Gaëla Messerli
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Comment se présente ce début d’année au niveau de la CCI du Loiret ? 

Nous sommes encore en démarrage, avec une rencontre prévue avec Jean-François Rézeau, le président de la CCI Occitanie, qui devrait a priori devenir le futur président de CCI France. Nous sommes, en région Centre-Val de Loire, trois nouveaux présidents territoriaux. Nous avons également un nouveau président au niveau de la région avec Jacques Martinet, que je connais depuis la Jeune Chambre Économique. C’est facilitateur avec la Région, car nous travaillons beaucoup avec Dev’up, et Jacques connaît bien les différents interlocuteurs. Nous avons d’ailleurs des projets en collaboration, comme les tiers-lieux, qui sont une bonne solution pour éviter l’isolement des salariés et répondre au problème de connexion à la campagne et dans les zones grises. C’est un handicap d’être en télétravail sans la fibre, on ne peut pas avoir la même productivité. 

Quels sont vos autres projets ?

Il y a bien sûr l’accompagnement des PME à la transformation numérique et autour de sujets d’actualité comme la cyber-sécurité. Cela concerne les entreprises et les commerces. Il y a également les questions écologiques : on fait aujourd’hui la promotion de la voiture électrique et hybride, mais il faut développer un maillage pour les recharger. Nous devons travailler sur ce dossier avec d’autres acteurs. Cela fait partie du développement économique et de l’attractivité d’un territoire car, dans ce domaine, nous avons beaucoup de concurrents…

Qui sont ces concurrents ?

Il faut penser aujourd’hui une offre globale pour vendre un territoire : cela veut dire penser à l’emploi du conjoint, aux infrastructures sportives pour les enfants… On dit que nous sommes une région touristique, mais il n’y a pas un seul hôtel 5 étoiles à Orléans ! Alors que CO’Met s’installe, le seul projet de 5 étoiles est à… Blois. D’autres villes ont fait l’effort d’attirer des chefs, comme Reims. Reims, Rouen et Orléans sont justement trois villes en concurrence pour attirer les entreprises, car elles sont situées à une heure de Paris. Il faut donc se donner les moyens ! Nous avons des atouts, mais ils ne sont pas toujours mis en valeur. Sur ce sujet, la Région peut travailler de concert avec la Chambre régionale de Commerce et d’Industrie, car il y a un vrai enjeu en développement économique. 

La désertification médicale dans le Loiret est-elle un point noir dans cette compétition ? 

Le problème, pour les entreprises, c’est plutôt l’absentéisme lié à la  Covid en ce moment… Cela touche tous les secteurs. Heureusement que nous ne sommes pas en pic d’activité. Il ne faudrait cependant pas que cela dure, car ce n’est pas bon pour la production en entreprise. 

En ce début d’année, le télétravail est de retour. Quel regard portez-vous sur cette mesure ? 

Ce n’est pas compliqué à mettre en place car nous y sommes habitués maintenant, mais il ne faudrait pas que ce passage de deux à trois jours ne dure trop longtemps. Cela ne facilite pas la communication en entreprise. On s’adapte, mais ce n’est pas sans conséquences. 

Avec la crise, des Prêts Garantis par l’État ont été souscrits par des entreprises loirétaines. Quelle est la situation aujourd’hui ? Y a-t-il des inquiétudes ? 

Au printemps 2020, nous ne savions pas à quelle sauce nous allions être mangés. Un tiers des entreprises avait pris un PGE comme filet de sécurité et l’ont déjà remboursé. Un autre tiers l’a prolongé d’un an et le dernier tiers l’a transformé en prêt à moyen terme. Pour le moment, nous n’observons pas de dégâts. Il faut reconnaître que l’activité économique est soutenue. Le démarrage 2022 est correct, cela devrait bien se passer. Il faut quand même garder
l’espérance… 

En dehors de la Covid, les problèmes de recrutement concernent pourtant de nombreux secteurs… 

Pour la restauration, une partie des personnels s’est réorientée vers d’autres secteurs. Aujourd’hui, les entreprises doivent être attentives : nous ne sommes plus dans le même contexte qu’avant. Il faut développer l’alternance et l’apprentissage, former davantage aux métiers manuels, mais pas seulement. Nous sommes encore loin de ce que devrait être l’apprentissage en France. Se plaindre est une chose, mais il n’y a pas que le salaire qui compte : il y a aussi les conditions de travail et l’environnement qui entrent en jeu, comme le contexte périphérique pour le conjoint et les enfants. Le problème était déjà sous-jacent avant la crise, mais il s’est accéléré depuis : cela rappelle l’époque des 35 h, ceux qui ne proposaient pas de RTT étaient défavorisés. Maintenant, c’est pareil pour ceux qui ne proposent pas de télétravail ! Avec les jeunes, ce n’est plus comme avant également : ils veulent avoir leurs activités et leur vie de famille à côté. Il faut donc accepter d’être plus souple. De même, les jeunes générations sont sensibles à l’écologie. L’entreprise ne peut pas s’exonérer de la RSE, c’est un élément d’attractivité. En même temps, c’est une bonne chose : chacun doit être écoresponsable. 

2022 est une année électorale…

L’économie est déconnectée de la politique et les entreprises sont en concurrence au niveau international. Il y a un certain nombre de mesures qui devraient être harmonisées, comme la fiscalité au niveau européen. Après, l’impôt sur les sociétés a baissé et doit passer à 25% en 2022. Il y a encore la question du prix de l’énergie et des matières premières. Pour ces dernières, le problème est passager. En ce qui concerne l’énergie, on doit faire baisser les émissions de carbone. Ce que l’on peut retenir, avec le recul, c’est une accélération du changement de comportement des consommateurs.

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