L’Église se méfie des conséquences des discussions sur le projet de loi bioéthique en débat au Parlement. Le 13 janvier dernier, le conseil permanent de la Conférence des Évêques de France exprimait ainsi, par voie de communiqué, ses inquiétudes quant aux débats menés depuis quelques mois sur le sujet, et en particulier sur l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes. « Aucun être humain ne peut être traité comme un objet », affirmaient ainsi les évêques de France, demandant en outre à ce que « le respect de l’enfant (soit) la considération première ». Ils s’interrogeaient également sur les suites éventuelles que donnerait, pour la société, une « légalisation de la filiation sans père ni ascendance paternelle et de la maternité par simple déclaration de volonté, devant le notaire, sans que la femme vive la gestation ». Les évêques appelaient, en outre, les « citoyens inquiets à faire connaître leurs réserves et à exprimer leurs points de vue », ce qui fut fait lors d’une manifestation organisée à Paris le 19 janvier, et dans laquelle quelque 150 Loirétains rassemblés autour du collectif « Marchons ensemble 45 » (voir ci-dessous), s’étaient notamment intégrés.
« Je souhaite un débat apaisé »
Jacques Blaquart, évêque d’Orléans
Pourquoi l’Église exprime-t-elle de tels doutes face à ce projet de loi ? En septembre 2019, Monseigneur Blaquart, évêque d’Orléans, s’était exprimé à ce sujet au micro de nos confrères de RCF 45, alors qu’un premier article du projet de loi avait été voté à l’Assemblée nationale. Homme d’Église plutôt considéré comme ouvert sur les questions de société, Jacques Blaquart avait détaillé pendant dix minutes ses positions, qui étaient celles, expliquait-il, de la Conférence des Évêques de France.
« Quel est l’intérêt de l’enfant ? »
L’évêque d’Orléans indiquait que l’être humain, « quel qu’il soit », se posait trois questions fondamentales au cours de son existence, dont celles-ci : « d’où je viens ? » et « qui je suis ? » Selon lui, un enfant issu d’une PMA ouverte aux couples de femmes ne pourrait jamais avoir de réponses à ces interrogations. « Bien sûr, il pourra recevoir de l’amour, continuait-il. Mais il restera toujours chez lui la question de ses origines. » Monseigneur Blaquart disait aussi « entendre la souffrance » des couples de femmes ne pouvant pas avoir d’enfants. « Mais tout en comprenant cela, je veux resituer le débat du côté de l’enfant, poursuivait-il. L’enfant est-il un dû ? L’intérêt de l’enfant, quel est-il ? La question des origines reste selon moi capitale. » Interrogé sur le sujet de l’adoption, il le mettait en parallèle avec celui sur la PMA pour toutes : « on n’est pas dans le même ordre d’idée. D’un côté, il y a des enfants qui ont subi des violences, et c’est le rôle d’une société que de réparer cette injustice. Dans le second cas, on ne répare pas une injustice, puisque l’enfant n’est pas encore conçu. Au contraire, on en construit une, puisque l’enfant n’aura pas d’ascendant. » Dès septembre, Monseigneur Blaquart en appelait à un débat « apaisé ». A-t-il été entendu ?