|
|
|
Jonathan Baranger : Sur son arbre perché
Portrait

Jonathan Baranger : Sur son arbre perché

Professeur de français à Tigy, Jonathan Baranger est passé de l’autre côté du miroir en 2018 en devenant à son tour écrivain. Co-fondateur, il y a quelques années, du « Centre d’Études Psycho-Bataves » (!), ce quadra fou de musique se considère toutefois comme n’étant « ni aventureux, ni surprenant ». Et pourtant…
Hugo De Tullio
1980 : Naissance
2018 : Parution de son premier roman, Chokolov City
2020 : Publie son deuxième roman, Don Creux est mort

« Je ressemble à une caricature de vieux prof lettré… Ce n’est pas grave : je ne suis pas un être aventureux, ni surprenant. » Quand Jonathan Baranger parle de lui, ce n’est jamais pour se mettre en avant ou provoquer un quelconque effet d’admiration. Pourtant, cet homme de 40 ans, originaire d’Orléans, trace un parcours séduisant, parsemé de lettres en tous genres. Après un Bac L au lycée Jacques-Monod, une prépa Lettres à Pothier, puis une Licence et une Maîtrise de Lettres modernes, il passe son CAPES avec succès et devient professeur de français à partir de 2003 dans un collège à Tigy. Un métier qui lui tient à cœur, mais qui ne l’empêche pas d’avoir des hobbies. Et des passions, l’enseignant en a plusieurs…

En 2005, le jeune homme collabore sur Internet pour un blog consacré à la musique créé par un ami, « en amateur », pendant six ans. Tous leurs articles concernent exclusivement les groupes des années 60 : ils évoquent tous les genres musicaux (pop, soul, underground, garage punk) et tous les continents (Amérique, Europe). « Il n’y avait rien de journalistique dans notre approche, se remémore Jonathan. On faisait des improvisations critiques, des évocations subjectives de chansons qu’on adorait, quelque chose de poétique. » Si son affection porte particulièrement sur la scène underground, le professeur peut tout aussi bien apprécier des artistes plus réputés, comme James Brown, les Beatles ou les Doors. Plus de 300 disques – là encore tous issus des années 60 – complètent sa collection de vinyles. Mais il ne faut pas s’y tromper : le quarantenaire n’est pas resté coincé dans une époque révolue et affectionne également les groupes contemporains, tels que Ty Segall, King Gizzard ou les Mystery Lights. Des noms cités tout sauf par hasard : « quelque part, ces groupes des années 2010 ont une lourde dette envers les sixties, car tout vient de là… »

En parallèle, Jonathan Baranger participe à un « culte, avec quatre fanatiques absolus de rock garage » : le Centre d’Études Psycho-Bataves ! Comparable au groupe d’avant-garde surréaliste du Grand Jeu émergeant dans les années 30, ce clan avait un fonctionnement bien précis : « on avait créé tout un lexique, des concepts, notre propre vocabulaire, et même des personnages. On a écrit des pages et des pages avec un nouveau langage, une nouvelle sensibilité, une autre manière de voir les choses. » On peut retrouver cette langue inédite dans le fameux blog musical de Jonathan, dans lequel seuls les lecteurs assidus peuvent comprendre ce qu’il dit. Une émission sur Radio Campus a aussi été diffusée, sur ce thème, pendant plusieurs années.

En 2018, ce passionné de littérature a envie de se mesurer à ses idoles, et finit par prendre la plume pour écrire son premier roman : Chokolov City (éd. Champ Vallon), recueil de six chroniques au sujet d’une diaspora bulgare fictive évoluant à New York. Le lecteur y opère des allers-retours dans le temps, avec différents éclairages selon les narrateurs. « Le matériau historique est complètement inventé, j’ignore tout de la culture bulgare, se marre l’auteur. Je revendique la fiction, je préfère les affabulateurs aux historiens, et je pense qu’un roman vaut la peine s’il tord l’Histoire plutôt que de la raconter. »

L’Américain

Deux ans plus tard, le professeur récidive et écrit son deuxième roman : Don Creux est mort. Il s’agit du premier volet d’un diptyque, tandis que le second volume paraîtra en septembre prochain. Le récit, baigné par la musique, a lieu en 1980, et suit le périple d’un groupe de trois hommes qui transportent les cendres d’un ami à travers un grand voyage en Amérique. Là encore, les USA sont une nouvelle fois le théâtre des aventures imaginées par Jonathan, qui y a déjà fait un séjour en 2011 (sur la côte est), pendant un mois : « l’Amérique me passionne, c’est un peu le pays de tous les pays, dit-il. Je m’y sens bien pour la fiction, car je peux m’adresser à beaucoup de monde. »

Toujours enseignant au collège de Tigy, Jonathan Baranger a reçu les faveurs de quelques critiques littéraires lors de la parution de Don Creux est mort, dont celles de Libération. « Je ne veux pas faire le faux modeste : ces critiques sont très flatteuses, mais ce n’est qu’une goutte d’eau, et ça n’a que peu d’écho… », tempère notre homme, décidément imperméable à toutes louanges. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES SIMILAIRES

Signaler un commentaire

Enable Notifications Oui Plus tard