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Université d’Orléans : une rentrée « en 100 % présentiel » en septembre ?

Université d’Orléans : une rentrée « en 100 % présentiel » en septembre ?

Nouveau patron de l’Université d’Orléans, Éric Blond ébauche les grands principes de la prochaine rentrée sur le campus de La Source. Conditions d’accueil, situation financière de l’établissement, effectifs en hausse, paupérisation des étudiants, avancée du projet Madeleine… Pour La Tribune Hebdo, le patron de l'université fait le tour d’un propriétaire qui aura été sérieusement chahuté ces derniers mois...
propos recueillis par gaëla messerli
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Rentrée présentiel en septembre 

Éric Blond, vous venez de prendre les rênes de l’université d’Orléans. Dans quel état la trouvez-vous sur le plan financier ?

On nous a laissé une situation saine*. Par rapport aux autres universités, on est au milieu du tableau français sur ce point. Comme partout, nous avons eu des dépenses non-prévues avec la crise de la Covid-19 : cela représente 2 M€ en plus sur l’année entre les équipements en ordinateurs portables réalisés en urgence, l’équipement des salles pour les cours à distance… Personne ne le voit, mais il y a eu aussi des frais sur les réseaux et au niveau des serveurs pour permettre à tous les étudiants de passer les examens en simultané. L’université fait également face à une hausse des effectifs, mais notre dotation est au mieux indexée sur l’indice des prix… On sort également d’une période de gel des postes afin de préserver l’équilibre financier. Mais cela veut dire qu’on a moins de collègues et plus d’étudiants…

La crise de la Covid-19 a-t-elle été bien gérée ?

Globalement, nous avons tous bien géré, avec des hauts et des bas… Peu de gens en parlent, mais les enseignants-chercheurs ont quand même dû revoir trois ou quatre fois leur façon de travailler sur une seule année, entre les différentes jauges de présentiel et le distanciel. On a regardé le coût financier de la crise de la Covid, mais il y a aussi un coût humain, avec des collègues qui sont à bout de souffle. Ce temps passé à la réécriture de leur cours, c’est aussi du temps pris sur les travaux de recherche. Beaucoup de doctorants ont prolongé leurs thèses, les programmes européens sont décalés dans le temps. C’est un coût en matière de recherche que l’on ne mesure pas aujourd’hui. Pourtant, quand on voit Chantal Pichon** qui travaille sur les ARN Messager depuis plus de dix ans… À l’époque, peu de gens s’y intéressaient. C’est une illustration du temps de la recherche.

En ce qui concerne les étudiants, la présidente d’OSEM, qui assure des distributions alimentaires sur le campus, évoquait maintenant la présence d’étudiants issus de la classe moyenne.
Y a-t-il une paupérisation des étudiants ?

OSEM, ce n’est pas l’université, mais une association apolitique qui travaille très bien. Elle faisait déjà du tutorat auprès des étudiants extracommunautaires pour permettre une meilleure intégration. Quand la crise est arrivée, ils ont tiré la sonnette d’alarme. Au niveau de l’université, nous avons une convention avec le Secours Populaire, qui assure un suivi de la situation. Il y a effectivement un changement de population, car beaucoup d’étudiants extracommunautaires ont fait le choix de rentrer chez eux et il y a désormais cette « deuxième catégorie », souvent discrète, qui demande de l’aide. C’est une population qui vivait déjà dans un équilibre complexe : les enfants faisaient des études et leurs parents les aidaient comme ils pouvaient. Là, ces parents ont mangé leurs économies –
au sens premier du terme – avec le contexte, ou bien ce sont leurs enfants qui n’osent plus leur demander de l’aide. La vraie question est : est-ce que cette situation va se poursuivre à la rentrée ? S’il n’y a pas de rebond économique, je pense que oui. Et même si l’on sort de la crise, nous allons quand même pérenniser certaines actions en les adaptant, comme l’aide à l’équipement informatique ou le guichet AIDE (aide individualisée aux étudiants).

Comment envisagez-vous la rentrée, justement ?

Nous voulons assurer une rentrée en 100 % présentiel, mais nous prévoyons aussi une autre possibilité, chat échaudé craignant l’eau froide… Avec le boom démographique, nous devrions avoir encore plus d’étudiants que cette année. En quatre ans, il y a eu une hausse de 25 % des étudiants : ils sont aujourd’hui près de 21 000 à l’université d’Orléans. C’est une bonne chose, mais il faut qu’on soit capable d’offrir les conditions d’études les meilleures possibles. Sinon, sur le plan des formations, nous ouvrirons cette année de nouvelles licence LAS (Licence Accès Santé, voir ci-contre), une classe préparatoire à l’École de la magistrature et une classe prépa « Talents du service public ».

Et sur le plan du rayonnement de l’université ?

Actuellement, nous sommes dans le classement de Shanghai***, et deux collègues viennent d’être nommés à l’Institut universitaire de France. Orléans fait aussi partie de l’université européenne Athena, une alliance de sept établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Le but est de permettre une mobilité à l’intérieur du réseau : on a trois ans pour créer les premiers diplômes. C’est l’un des gros chantiers du mandat.

Plus localement, où en est le projet Madeleine ?

La première phase de concours de maîtrise d’ouvrage a déjà eu lieu : cinq dossiers ont été pré-selectionnés sur plus de 130. Les candidats doivent rendre leurs esquisses avant l’été. L’objectif est d’installer à Madeleine un learning center qui ne soit pas seulement destiné aux étudiants, mais qui sera ouvert à tous les habitants. Il y aura aussi la totalité de la fac de droit éco-gestion, ainsi que les centres de recherches qui y sont liés. Le but est d’y emménager d’ici 2025. Il y aura ensuite deux autres grandes étapes : le déménagement de l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Enseignement) sur le campus de La Source. L’idée est de créer un pôle centré sur la pédagogie et de construire un lien entre les enseignants du primaire, du secondaire et de l’université. Après Madeleine, il y aura aussi le déménagement de l’école de kiné dans les locaux de l’IRD (Institut de Recherche et de Développement, dont les locaux sont situés rue du Carbone, à La Source, ndlr) afin de créer une clinique pédagogique autour de la rééducation et d’accueillir d’autres formations en santé. Car actuellement, on ne peut physiquement pas accueillir plus d’étudiants en école de kiné.

Que pensez-vous de l’éternel débat d’une fac de médecine à Orléans ?

Il y a le temps universitaire. Je pense que tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut plus de médecins. On a l’université de Tours pour former : Orléans peut participer, mais avec Tours. Il ne faut pas oublier que l’école de kinésithérapie d’Orléans n’aurait pu se faire sans le soutien actif de Tours. L’idée est donc de travailler en complémentarité.

* Éric Blond appartenait initialement à la liste menée par l’ancien président Ary Bruand, qui s’est finalement retirée à la course à la présidence de l’Université
** Chercheur au Centre de Biophysique Moléculaire d’Orléans
*** Il s’agit du classement annuel des universités mondiales. L’Université d’Orléans faisait partie en 2020 des 35 universités françaises qui y figuraient, mais au-delà de la 900e place.

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