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Vous appelez ça un confinement ?

Vous appelez ça un confinement ?

Le virus qui continue de progresser en France et en région Centre-Val de Loire a incité le Président à confiner le pays depuis vendredi dernier. À Orléans, certains se demandent cependant si confinement il y a vraiment, au vu de la circulation observée sur les routes à certaines heures de la journée…
Benjamin Vasset (avec G.M)
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« La deuxième vague, on y est. Et la marche du dessus est plus brutale à passer que ce l’on pensait… » Ainsi parlait lundi soir le docteur Thierry Prazuck, chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital d’Orléans, qui a vu son service se transformer en… service Covid-19. « Je n’ai plus qu’un lit, expliquait le médecin en début de semaine. On devrait en ouvrir 10 nouveaux demain (mardi) ou jeudi, alors que nous pensions ne devoir le faire que le 9 novembre. Orléans et Montargis concentrent actuellement près de la moitié des lits de réanimation de la région. » En région Centre-Val de Loire, les trois départements de l’est (Loiret, Eure-et-Loir et Cher) sont d’ailleurs particulièrement touchés par la Covid-19, tandis que l’ouest est étrangement moins impacté (Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Indre). Comment expliquer cette situation ? En début de semaine, la Préfecture de région n’avait pas d’éléments objectifs à mettre sur la table, mis à part « l’effet de la proximité d’avec Paris, pour le Loiret et l’Eure-et-Loir. »

Lundi dernier au soir, l’ARS Centre-Val de Loire indiquait 41 cas en réanimation dans le Loiret et 98 à l’échelle de la région, soit 7 de plus que le 30 octobre. Pour rappel, le 1er octobre, 7 lits de réanimation étaient occupés dans le département. D’autre part, lundi dans la soirée, 93 personnes étaient également hospitalisées dans le Loiret, soit 86 de plus que la semaine précédente… Et le docteur Thierry Prazuck, au CHRO, estimait lundi que le nombre de cas devrait doubler d’ici quinze jours. Il appelait d’ailleurs les habitants de la région à « aider les soignants en restant sérieux ! » Et contrairement à la première vague, où les cas les plus sévères se trouvaient être des patients de plus de 80 ans ou obèses, le praticien constatait en outre que de nombreux patients étaient « diabétiques et âgés d’entre 40 et 50 ans. »

Trop « complexe », ce reconfinement ?

Face à cette situation sanitaire qui s’est dégradée en très peu de temps dans tout le pays, le président de la République a donc décidé, il y a une semaine, de procéder à un deuxième confinement après celui du printemps. Celui-ci court en théorie jusqu’à début décembre, mais dans le monde économique, on doute déjà très fortement de la véracité de cette échéance. « On ira au-delà de début décembre, pense Alain Jumeau, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Loiret. On ne nous dit pas la vérité, et c’est problématique, parce que les entreprises ont besoin de se projeter. » En début de semaine, des responsables s’inquiétaient, plus prosaïquement, de voir autant de circulation dans les rues d’Orléans. « Franchement, on n’a pas l’impression d’être en confinement », faisait ainsi remarquer Gérard Gautier, le président de la Chambre des Métiers du Loiret.

Impression ou réalité ? À la préfecture du Loiret, Xavier Marotel, le directeur du cabinet du Préfet, répond : « oui, on a constaté qu’il y avait pas mal de monde dehors, mais c’est normal : par rapport au premier confinement, tous les services publics et les établissements scolaires sont ouverts, les chantiers du BTP fonctionnent toujours. Il y a aussi un certain nombre d’entreprises pour lesquelles le télétravail n’est pas possible. Forcément, cela fait du trafic. Rappelons cependant que ce confinement est différent de celui des mois de mars-avril et qu’il a un double objectif : concilier la protection des populations et sauvegarder l’économie et l’emploi. »

Depuis vendredi, le contrôle du reconfinement par la puissance publique est d’ailleurs marqué du sceau de la souplesse. Mardi après-midi, la Préfecture du Loiret expliquait que le nombre de verbalisations se « comptait en unités » dans tout le département, même si, à partir de cette semaine, « nous allons regarder d’un peu plus près les choses, précisait Xavier Marotel. Il y aura des contrôles, mais ni plus ni moins que lors du premier confinement. » Pareillement, sur la question de la fermeture des rayons non-essentiels dans les grandes surfaces, les services de l’État vont laisser un peu de temps aux patrons de supermarchés et hypermarchés pour s’adapter. « On ne va pas envoyer la répression des fraudes dès mercredi ! Ces gérants sont de toute façon des professionnels qui ont l’habitude de la complexité ».

La « complexité », c’est justement le reproche qui est fait ici et là à l’État au début de ce deuxième confinement. « Le télétravail, c’est d’un fouillis… », lance par exemple Gérard Gautier, tandis que Serge Grouard, maire d’Orléans, évoque une « usine à gaz » en parlant des décrets qui s’amoncellent. « Oui, les textes sont touffus, concède Xavier Marotel, mais par exemple, pour les systèmes d’aide, on se rend compte que si les textes sont trop simples, on ne coche pas toujours tous les cas de figure. On est dans une société hyper-complexe, avec des interdépendances très fortes entre toutes les chaînes de l’économie. Mais nous, je le répète, les consignes qu’on donne, c’est de ne pas être dans une optique tatillonne du contrôle ». L’État sait que le seuil d’acceptabilité du reconfinement n’est pas loin d’être atteint, et certains maires locaux, comme à Sully-sur-Loire ou à Saint-Denis de l’Hôtel, l’ont bien compris, eux qui se sont fendus d’arrêtés (pour rouvrir les commerces non-essentiels) qu’ils savaient illégaux. Ces élus-là devraient se méfier : au grand jeu du populisme de bas étage, il y a très rarement des gagnants.

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