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Le projet de fac de médecine à Orléans fait grincer des dents

Le projet de fac de médecine à Orléans fait grincer des dents

Fin janvier, le maire LR d’Orléans, Serge Grouard, annonçait la création à la rentrée prochaine dans sa ville d’une antenne de l’université de Zagreb (Croatie) pour former des médecins en six ans. En anglais et à distance. Un projet qui a suscité de nombreuses réactions dont celle de Patrice Diot, le doyen de la faculté de Médecine de Tours, qui prône d’autres solutions pour lutter contre la désertification médicale.
P.N

Le maire LR d’Orléans, Serge Grouard, n’était pas mécontent de son annonce jeudi 27 janvier qui a fait l’effet d’un pavé dans la mare en arrosant d’une eau bien fraîche les élus de la région en cette fin janvier. Il avait pourtant signé

en compagnie de 35 d’entre eux, parlementaires, présidents de départements et maires de grandes villes, une lettre adressée le 14 janvier au Premier ministre Jean Castex pour lui réclamer la création d’une faculté de Médecine au CHR d’Orléans afin de former 200 médecins supplémentaires chaque année pour combler un déficit chronique de en région Centre-Val de Loire.

Son message était clair : si l’État ne bouge pas, lui a une solution de rechange avec la création d’une annexe de l’université de Zagreb dans sa ville d’Orléans. La Croatie étant dans l’Union européenne, le diplôme délivré serait a priori reconnu au terme des six ans de formation correspondant aux années d’externat. Ce projet a effectivement suscité de nombreuses réactions, parmi lesquelles celle de Patrice Diot, doyen de la faculté de Tours et président de la conférence nationale des doyens, qui apporte ici des éléments au débat sur la formation des médecins et la lutte contre la désertification médicale.

« La désertification médicale, un mal régional »

« Vous croyez que nous avons attendu 2022 pour se préoccuper de la désertification médicale ? Ce n’est jamais agréable à entendre pour les politiques comme pour les habitants, mais aujourd’hui la région Centre-Val de Loire n’attire pas les jeunes médecins. Les chiffres sont sans appel : à l’issue de la 6e année, 72 % des étudiants en médecine quittent la région pour aller faire leur internat ailleurs. À partir de là, il est difficile de les faire revenir après. C’est un constat objectif dont il faut tenir compte. On nous dit qu’en formant davantage d’étudiants, ils seraient plus nombreux à rester dans notre région. C’est sans doute vrai, mais rien ne dit que les futurs étudiants formés par l’université de Zagreb à Orléans – si cette formation existe un jour – resteront dans le Loiret après… »

« Pour former plus de médecins, il faut davantage de professeurs »

« Avec la réforme du numerus clausus, nous avons augmenté les effectifs de 20 % à la rentrée dernière pour atteindre 340 étudiants, ce qui représente déjà un réel progrès. Car il ne faut pas oublier ce qu’une telle croissance implique en termes de coûts, d’organisation, de ressources globales qui vont se répercuter d’année en année au fur et à mesure de l’avancée de la formation. Il faut des moyens, humains notamment, supplémentaires. Tout le monde s’accorde sur un objectif de 500 médecins à former chaque année. Mais pour les former avec un taux d’encadrement conforme à la moyenne nationale, il nous faudrait 72 professeurs en plus ! C’est juste impossible, parce que, même si les ministères de tutelle (NDLR : ministères de l’Enseignement
supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et celui des Solidarités et de la Santé) nous accordent les budgets nécessaires, ces enseignants n’existent pas. On ne trouve pas des professeurs de médecine comme ça…

On peut toujours imaginer des enseignants au rabais, mais cela risquerait d’impacter la qualité de la formation de nos futurs médecins. Et personne n’a envie ensuite d’être soigné par un médecin à la formation douteuse. Pour être réaliste, nous avons donc fait un plan pluriannuel demandant le recrutement dix professeurs, soit deux par an, sur les cinq prochaines années afin d’accompagner la montée en puissance de la génération actuelle. Nous avons recruté un maître de conférences en cardiologie pour le CHR d’Orléans à la rentrée dernière. »

« Nous travaillons ensemble avec le CHR d’Orléans »

« Certains avancent la rivalité entre le CHRU de Tours et le CHR d’Orléans pour soi-disant expliquer le déficit de médecins formés, Tours empêchant Orléans d’en former et autres contre-vérités. Cela arrange peut-être certains politiques mais, je peux vous dire que ce n’est pas la réalité. Nous avons beaucoup de projets en commun avec Orléans et il n’y a pas lieu de créer des clivages là où il n’y en a pas. Nous, les professionnels, nous travaillons ensemble mais dans un cadre contraint, pour les raisons que je viens d’exposer. Pour tenter de faire face à la désertification médicale dans des délais plus courts, nous pouvons envisager le déploiement de docteurs juniors dans les zones peu denses ou le développement des formations d’infirmiers de pratique avancée qui pourraient participer à la prise en charge de maladies chroniques pour soulager les médecins généralistes. Mais il n’y a pas de solution miracle à court terme, la formation médicale nécessite beaucoup de moyens et c’est là-dessus qu’il faut se mobiliser… »

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