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Le silure, un récent top prédateur !

Le silure, un récent top prédateur !

Hausse de la température et baisse de la qualité des eaux notamment dans l’estuaire, difficultés de remonter les cours d’eau jusqu’aux frayères, diminution voire disparition de ces zones… Les poissons traditionnels de Loire en général et les espèces migratrices en particulier (aloses, lamproies, saumons…) sont toujours en diminution. Sans compter qu’ils sont aussi victimes de ce prédateur-né qu’est le silure, même s’il est pour l’heure difficile de mesurer son impact sur la biodiversité des populations, par rapport aux activités humaines et au changement climatique notamment. Une étude est d’ailleurs lancée dans le cadre du Plan Loire Grandeur Nature pour tenter d’évaluer le rôle qu’il joue sur la raréfaction des lamproies dans un premier temps…
P. N.
Le silure

Il fait le bonheur des pêcheurs amateurs et régulièrement la une des journaux, comme au mois de janvier dernier où un spécimen de 2,55 m pour 100 kg a été pêché puis remis à l’eau sur la commune de Berthenay, en aval de Tours. Si certains peuvent se réjouir de telles prises, elles n’ont pourtant rien de rassurant. Pourquoi ? Parce que la multiplication de ce super prédateur dans les eaux du bassin de Loire (la Loire mais aussi ses affluents comme le Cher ou la Vienne) met en péril l’équilibre entre les espèces et représente une menace pour la biodiversité.

Depuis son apparition dans nos eaux en provenance du bassin du Danube il y a une bonne trentaine d’années, il a supplanté le brochet comme prédateur en haut de la chaîne alimentaire. Et ce d’autant plus facilement que le brochet lui-même éprouve des difficultés pour se reproduire, les prairies recouvertes d’eau dans lesquelles il se reproduit à la fin de l’hiver étant elles-mêmes de plus en plus rares.

« Mais ce n’est pas tout à fait la même chose d’avoir un prédateur comme le brochet qui mesure 1 mètre au maximum et un autre qui fait entre 2 et 3 mètres et plusieurs dizaines de kilos, explique Catherine Boisneau, enseignante-chercheure en écologie des cours d’eau et biologie des populations à l’université de Tours. Leurs besoins ne sont pas les mêmes et les espèces de poissons migrateurs n’ont pas eu le temps de s’adapter à ce nouveau prédateur arrivé depuis bientôt quarante ans. »

Des besoins qui occasionnent inévitablement des prélèvements sur les autres espèces, en particulier les populations des poissons migrateurs déjà très menacées. On a pu constater sur quelques cours d’eau que certains silures se spécialisaient sur les poissons migrateurs dans les passes à poissons. Opportunistes, ils savent où se positionner pour attendre leurs proies et s’en nourrir.

Une pression supplémentaire qui se rajoute à la dégradation du milieu

Le silure n’est pas seul responsable de cette diminution des espèces migratrices comme le saumon, la lamproie, l’alose, etc. L’activité humaine pèse évidemment aussi énormément dans cette extinction progressive –pour ne pas dire programmée –, mais disons qu’il représente une pression supplémentaire en plus de tous les autres facteurs identifiés qui sont les seuils et barrages, la quantité et la qualité des eaux, trop sales ou trop chaudes…

Au-delà même des prélèvements qu’ils occasionnent, la présence de silures est en soi une source de stress pour les espèces qui ne peuvent pas toujours se reproduire dans les meilleures conditions. Certains poissons préférant même renoncer à frayer en faisant demi-tour plutôt que de prendre le risque de croiser le chemin d’un tel ennemi. Or, la reproduction des espèces migratrices est un processus très complexe qui peut être perturbé par de très nombreux facteurs tout au long du cycle. Selon les espèces, ce cycle va prendre plusieurs mois ou années entre le moment où l’adulte entame sa remontée de la Loire pour retrouver les frayères situées plus en amont – du côté de l’Allier pour le saumon par exemple – et le moment où le juvénile regagne la mer. Il peut effectivement se passer beaucoup de choses pendant ce cycle très meurtrier pour les espèces (voir encadré ci-contre).

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