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Vignerons à soutenir sans modération !

Vignerons à soutenir sans modération !

Restaurants fermés, traiteurs au repos forcés, réceptions, fêtes de famille, mariages et communions annulées, salons des vins interdits, frontières fermées avec les autres pays également confinés... La filière viticole, à l’instar de la restauration, vit des heures très difficiles à cause de la crise sanitaire qui a stoppé net les ventes de vins. Le déconfinement a permis de rouvrir caves et caveaux pour accueillir à nouveau le public et tenter de relancer des ventes en berne...
Patrice Naour

«Tout dépend de vos circuits de distribution, mais on estime que la baisse du chiffre d’affaires est de 30 à 50 % pour les mieux lotis et peut aller jusqu’à 80-90 % pour certaines exploitations dépendantes de l’export ou des ventes à la restauration, c’est colossal comme baisse d’activités… » Christophe Vigneau, du domaine Vigneau-Chevrault à Vouvray et vice-président du GABBTO (Groupement pour une agriculture bio en Touraine), résume parfaitement la situation dans laquelle la crise sanitaire a plongé la plupart des exploitations viticoles. Certaines, parmi les plus importantes, ont pu faire face aux dépenses durant la période de confinement grâce à une trésorerie solide malgré l’effondrement de leur chiffre d’affaires, mais c’est une minorité. La majorité des viticulteurs – et viticultrices car, ne l’oublions pas, le métier se féminise largement depuis quelques années – doivent ou devront faire face à des difficultés de trésorerie insolubles ou presque car, après plus de mois sans ventes ou presque, l’addition sera salée. « Les plus grosses difficultés sont à venir puisqu’il y a souvent un décalage entre les ventes et les encaissements, poursuit Christophe Vigneau. De fait, on a continué à avoir des rentrées d’argent pendant le confinement sur les ventes réalisées en début d’année, mais on n’en aura pas dans les prochains mois, c’est aussi cela qu’il faut anticiper… »

80 € par hectolitre destiné à la distillation

Ce que confirme Benoît Gautier, viticulteur à Rochecorbon, dans l’appellation Vouvray également et président de la FAV (Fédération des Appellations Viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe). « Le tsunami s’est produit, la vague est lancée, elle nous submergera dans 2-3 mois quand les trésoreries seront à sec et qu’il faudra faire les vendanges. Si les caisses sont vides et les caves pleines parce que le vin n’aura pas été vendu, ça posera de sérieux problèmes… » Et Benoît Gautier de rappeler la particularité des exploitations viticoles en cette période de l’année : « contrairement à d’autres secteurs qui ont pu bénéficier des dispositifs d’accompagnement comme le chômage partiel, nous nous avons continué à travailler car la vigne ne s’arrête pas avec le virus, nous sommes en pleine période d’ébourgeonnage et nous avons besoin de tous nos employés, il a donc fallu verser les salaires, cela pèse sur les trésoreries quand en même temps vous n’avez pas de rentrées ou très peu… »

Les exploitations viticoles comme, les entreprises des autres secteurs, ont bénéficié d’aides comme le prêt garanti par l’état (PEG) – mais comme son nom l’indique, il faudra pouvoir le rembourser – ou encore, mesure spécifique pour la filière, une aide à la distillation de 80€ par hectolitre de vin distillé, une solution apparue comme pertinente à la fois pour alléger les stocks et pour produire du gel hydroalcoolique. « Mais il y a beaucoup d’effets d’annonce, il faut attendre de voir comment cela se passe concrètement, tempère Benoît Gautier. D’une part, 80€, ça ne couvre pas le coût de production à l’hecto et, d’autre part, s’il faut payer entre 50 et 60 € au distillateur par hecto, la mesure, pas mauvaise sur le fond, ne sera pas suffisante, elle permettra tout juste de réguler les stocks. On attend de voir ce que décidera le gouvernement en juin car pour l’instant le compte n’y est pas… »

La profession continuer de discuter avec les représentants de l’État pour affiner et renforcer ces mesures d’accompagnement. Des annonces pourraient être faites en juin. Mais pour tous les professionnels, la priorité c’est d’anticiper cet effet ciseau différé quand, dans quelques mois, les dépenses liées aux vendanges viendront assécher une trésorerie déjà à marée. C’est à ce moment-là que les risques de défaillance seront les plus importants pour les exploitations les plus fragiles.

Les touristes seront-ils au rendez-vous ?

D’autant que la saison touristique, qui permet aussi à certaines exploitations, tournées vers l’œnotourisme en particulier, d’augmenter leur chiffre d’affaires, s’annonce aussi incertaine. On espère un tourisme de proximité avec une présence renforcée des Français. Mais cela compensera-t-il l’absence pressentie des étrangers, très présents habituellement dans le Val de Loire ? Il faut le souhaiter. Un point positif tout de même dans ce contexte : le vin n’est pas une denrée périssable. Il se garde et se bonifie même avec le temps. Encore faut-il avoir de la place pour le stocker et les moyens de le mettre en bouteilles car tout cela a un coût. Des caves toujours plus pleines ne résoudront pas le problème de trésorerie immédiate si les ventes ne repartent pas rapidement. Il y a donc urgence à relancer la consommation. Avec la réouverture annoncée des restaurants, c’est un petit coin de ciel bleu qui apparaît sur un horizon bien bouché. Alors il faut tout simplement se mobiliser pour que les viticulteurs ne boivent pas la tasse cet été !

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