C’est un signalement de l’assistante sociale et de l’infirmière du collège où Mélissa* était scolarisée qui a tout déclenché. Cette jeune fille de 13 ans, qui avait un comportement anormal, a un jour tout « lâché » aux deux femmes. En proie à des idées noires, elle était hantée par le souvenir du comportement de Jacques*, son oncle. Et pour cause : à l’âge de 8 ans, en plein repas de famille, alors qu’elle était assise sur ses genoux, Jacques avait déboutonné son pantalon, lui avait glissé ses mains dans sa culotte puis avait enfoncé son doigt dans son vagin. L’arrivée d’un membre de la famille avait stoppé net cette agression silencieuse. Deux ans plus tard, l’homme avait encore forcé sa nièce à l’embrasser sur la bouche. Des baisers visiblement habituels. Jacques : un homme qui a toujours eu des difficultés scolaires et n’a jamais réussi à nouer une relation amoureuse. Un homme qui travaille dans une usine, comme opérateur de conditionnement, et vit très seul. Aujourd’hui, seules sa sœur et sa mère continuent de le voir.
« Pas à elle d’avoir honte »
Jacques a été jugé en octobre dernier par le Tribunal judiciaire d’Orléans. « Je ne sais pas pourquoi je me suis senti attiré comme ça », a-t-il bredouillé, embarrassé, le jour où il a comparu. Quand il fut entendu par les enquêteurs, Jacques avait révélé être « amoureux » de Mélissa, qui était la première de ses nièces. Hormis elle, il précisa n’avoir jamais eu d’attirance particulière envers les autres enfants. Lorsqu’il a embrassé sa nièce le jour de ses 10 ans, il s’est dit « que ce serait la dernière fois ». Depuis l’anniversaire de Mélissa, son frère, qui lui a « demandé de se faire soigner », ne veut plus le voir. « Je l’ai accepté, a répété Jacques. Jusqu’à la fin de mes jours, je vais vivre seul. »
À l’audience, face au président du Tribunal qui lui a rappelé le mal-être de sa nièce, Jacques a répondu avec lucidité : « Ce n’est pas à elle d’avoir honte, mais à moi. » Le psychiatre qu’il a rencontré n’a pas identifié de pathologie particulière chez lui, mais a estimé qu’un suivi médical était nécessaire et qu’il ne devait logiquement plus être en contact avec les enfants. Dans ses réquisitions, la procureure de la République a estimé que « l’interdit du désir sexuel envers l’autre tout comme celui de la relation entre adulte et enfant, d’autant plus dans le milieu familial » semblait compris par Jacques, mais que ses « prédispositions pédophiles posaient problème ». Le Tribunal judiciaire a alors suivi le Parquet dans ses réquisitions et a condamné Jacques à 8 mois de prison avec un sursis probatoire, une interdiction de travail avec des mineurs pendant trois ans et une inscription au FIJAIS (Fichier Judiciaire Automatisé des Auteurs d’Infractions Sexuelles ou violentes).
* Les prénoms ont été modifiés.