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Orléans tope bien avec Zagreb
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Orléans tope bien avec Zagreb

Orléans tope bien avec Zagreb

La mairie d’Orléans a confirmé la semaine dernière la concrétisation du partenariat avec la faculté de Zagreb afin de former des médecins. Des « cours de soutien » ont également été annoncés pour soutenir tous les étudiants du « campus Santé » d’Orléans.
Benjamin Vasset (avec G.M.)
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Le partenariat entre la Ville d’Orléans et l’Université de Zagreb n’est pas enterré. Au contraire : il entrera dans une phase très concrète dans un gros mois, lorsque des premiers étudiants prendront part au concours d’entrée de la Medical Studies in English (l’antenne de la fac de médecine croate qui propose des cours en anglais) le 7 juin prochain. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons pas combien de jeunes femmes et de jeunes hommes seront amenés à répondre aux 120 questions de ce concours. Une chose est sûre : le nombre d’étudiants admis sera limité à 50. Les heureux élus bénéficieront ensuite, début septembre, d’une « remise à niveau technique de dix jours en anglais » à Orléans. Puis ils s’envoleront à Zagreb pour un premier trimestre d’études en présentiel, avant de revenir en France pour un enseignement en distanciel de février à juin. Ils pourront alors, à Orléans, suivre des « cours de soutien » dispensés en complément par une association à « but non lucratif » (voir plus loin). Les étudiantes et étudiants qui s’inscriront dans cette filière devront verser 12 000 € à l’Université de Zagreb, dont la moitié pourra être prise en charge par des collectivités locales, et au premier chef la mairie d’Orléans. Chaque bourse sera d’ailleurs soumise à l’approbation du conseil municipal. Le Département du Loiret devrait lui aussi être mis à contribution pour financer ces études. En contrepartie, les étudiants qui seront aidés de cette manière devront s’engager à « exercer pendant cinq ans sur le territoire d’Orléans ou du Loiret à la fin de leurs études ».

Encore des points à éclaircir

Voilà pour le cadre de ce projet qui, depuis son annonce en février dernier, a mis du temps à entrer dans sa phase concrète, au point que certains ont cru à sa mort pur et simple, notamment après l’annonce de la création d’une fac de médecine à Orléans. « Il y a eu beaucoup de fantasmes », a reconnu la semaine dernière Serge Grouard, confirmant cependant que le dialogue avec les représentants de la fac de Zagreb avait été ardu. « Sur le plan opérationnel, ça a pu être compliqué, par exemple sur la répartition du temps de formation entre Zagreb et Orléans », a précisé le maire d’Orléans. À l’origine, les élus orléanais avaient en effet tablé sur des cours suivis dans leur très grande majorité en distanciel : or, ce n’est pas la formule qui a été retenue. Si le découpage a été énoncé pour la première année d’études de cette formation, la répartition des cours entre présentiel et distanciel pour les années suivantes, ainsi que l’endroit où ils seront suivis à Orléans, restent des données à éclaircir. Serge Grouard et Florent Montillot, maire-adjoint en charge de la santé, ont en outre bien insisté, la semaine dernière, que tout – ou presque – serait géré par la faculté de Zagreb : le contenu des cours, les modalités du concours d’entrée, ainsi que les critères de réussite aux examens. « Nous ne créons pas une antenne de la faculté de Zagreb à Orléans », ont asséné les élus orléanais, précisant que ce partenariat n’avait donc pas besoin d’agrément des ministères français. Dans l’esprit, c’est donc un « couloir » qui paraît avoir été ouvert entre la faculté de Médecine de Zagreb et la Ville d’Orléans ; couloir qui ne bénéficiera d’ailleurs pas seulement à des jeunes Orléanais ou de jeunes Loirétains, puisque des étudiants de toutes les régions peuvent candidater. En d’autres termes, la mairie semble plutôt avoir préempté 50 places de formation tous les ans en Croatie, en s’assurant en retour de stages sur son territoire. Ceux-ci auront lieu « de préférence à Orléans, notamment au sein du CHRO, mais également dans d’autres hôpitaux et cliniques du Loiret ». En outre, des internes de la faculté croate pourront venir exercer dès cette année à l’hôpital, sans que cela, selon Serge Grouard, ne pose de problème d’encadrement. 

Il ressort enfin que l’une des annonces majeures faites la semaine dernière par le maire d’Orléans et son adjoint concerne surtout l’émergence de cours de soutien qui seront gérés par une association à laquelle la Ville participera. « Soutenir le développement des formations en santé de médecins ou encore d’infirmiers » (sic), « favoriser une implantation des personnels médicaux sur notre territoire »… Cette fameuse association baptisée
Loire&Orléans en santé, aux buts variés, sera surtout chargée de « proposer des cours de soutien aux étudiants en médecine inscrits en PASS ou LASS au sein du campus santé d’Orléans ainsi qu’aux étudiants d’Orléans inscrits dans une faculté européenne dont le diplôme est reconnu en France ». Qui se chargera des cours et à quels tarifs ? Chef du service des maladies infectieuses au CHRO, le docteur Thierry Prazuck participera par exemple à cette association. « Pour ces cours de soutien, avance-t-il, il n’y aura pas de rémunération particulière, mais les médecins de l’hôpital qui le souhaitent pourront donner, bénévolement, des cours dans leur domaine. Ce sera sur la base du volontariat. » Dans le cadre des liens avec l’université de Zagreb, lui-même pourrait être « sollicité pour donner des cours dans (sa) spécialité » en Croatie. Une université que Thierry Prazuck a pu visiter en mars dernier, puisqu’il faisait partie de la délégation orléanaise qui s’est rendue à Zagreb. « Cette formation est reconnue au niveau international, continue-t-il. Ses équipements, ainsi que les établissements hospitaliers qui l’entourent, n’ont rien à envier aux nôtres. » Ce spécialiste du VIH voit en outre un deuxième volet dans cette coopération avec Zagreb : la Recherche, avec un partenariat possible avec l’université d’Orléans et le CNRS. Une coopération que réclame aussi Stéphanie Rist, médecin rhumatologue au CHRO, mais aussi députée sortante (LREM) du Loiret et conseillère municipale d’Orléans. L’élue, qui continue de regarder avec bienveillance ce mariage entre Orléans et Zagreb, souhaite que ce dernier se construise avec « l’université » d’Orléans. « Il ne faut pas que ces deux filières CHU et Zagreb, avancent de façon parallèle sans se croiser », estime-t-elle, tout en concédant que, pour le moment, ce lien avec l’université orléanaise n’apparait pas clairement. Mis à part peut-être pour l’instant à travers le docteur Prazuck, qui indique participer aussi à la transformation du CHRO en CHU.

Toujours  d’accord ?

Enfin, comment l’opposition, de son côté, va-t-elle accueillir cette nouvelle avancée ? Il y a deux mois, elle avait applaudi l’objectif initial de Serge Grouard de se battre pour résorber une partie du désert médical local. Si depuis, la création d’études de médecine propres à Orléans et la transformation du CHRO en CHU est passée par là, la majorité orléanaise continue de dire que le compte n’y est pas tout à fait : « Le Campus Santé (sic) d’Orléans devrait former 50 médecins en 2023/2024, 100 en 2024/2025 et 150 en 2025/2026, alors qu’il faudrait en former au minimum 200 par an immédiatement. » L’élu écologiste Jean-Philippe Grand, qui avait applaudi le projet Zagreb en février, paraît aujourd’hui un peu plus circonspect : « J’ai du mal à comprendre qu’on veuille former des médecins à mi-temps et en anglais sur le territoire en espérant qu’ils s’installent ensuite… ». La gauche devrait aussi se positionner sur le coût de ces études. Combien la Ville devra-t-elle dépenser pour accompagner ces futurs étudiants en médecine ? « Je ne pense pas qu’il ne faudra pas financer tous les étudiants, et surtout le faire en fonction des ressources », avance Stéphanie Rist. La majorité évoque déjà, elle aussi, des « critères sociaux » concernant l’octroi de ces bourses.

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