Tout au long de notre vie, l’environnement et l’alimentation jouent un rôle majeur dans notre santé. Cela commence même avant la naissance. Du lit en passant par les produits ménagers ou l’alimentation, Agnès Barbot, puéricultrice de PMI spécialisée en santé environnement, balayait auprès du personnel de la maternité de l’hôpital d’Orléans, le 11 mai dernier, les risques de l’exposition aux substances chimiques mais aussi distillait des conseils à transmettre aux parents. En effet, le passage par la maternité – bien que très court – est l’occasion de donner quelques recommandations pour les professionnels de santé. « Les périodes les plus à risque car liées aux facteurs hormonaux sont la grossesse, la petite enfance, de la naissance à 2 ans, et l’adolescence », rappelait Agnès Barbot en évoquant les perturbateurs endocriniens. La professionnelle est revenue également sur le scandale du Distilbène et ses conséquences sur plusieurs générations. « Même à petite dose, il peut y avoir un impact des perturbateurs endocriniens », précisait-elle. « Les mille premiers jours sont une période importante. On sait que l’âge, la génétique mais aussi l’environnement et l’alimentation jouent sur la santé.
Si on ne peut rien faire sur l’âge et la génétique, il est possible d’agir sur les deux autres », insistait la professionnelle de santé.
Du matelas aux jouets
Avec un visuel représentant une chambre de bébé, la puéricultrice du Département a passé en revue l’environnement du nouveau-né. Pour ce qui est du lit, celui-ci peut être d’occasion mais le matelas doit être neuf, à la taille du lit et en matière naturelle comme la laine ou « en latex, s’il n’y a pas d’allergie dans la famille ». « Attention au traitement anti-acarien. C’est un traitement chimique. Sauf indication de l’allergologue, dans le cas d’une maladie particulière, on évite, recommandait Agnès Barbot. Mieux vaut aérer ! » Pour le matelas à langer tout comme pour le tapis de jeux, il faut vérifier la composition. Pour ce qui est des jouets et autres peluches qui sont souvent offerts à la naissance, s’ils sont neufs, mieux vaut « ouvrir les emballages en amont et les laisser s’aérer ». Les peluches sont particulièrement à éviter pour les plus petits car « elles sont difficiles à nettoyer et ce sont des nids à bactéries. En plus, les composés organiques volatiles se déposent dans les poussières ». Pour un bébé, mieux vaut donc privilégier les poupées et doudous en coton et textiles naturels, faciles à laver. Au niveau des jouets d’occasion, même s’ils sont moins source d’émanations, attention aux normes de sécurité « avant 2015 » et au bon état. « Pas de peinture écaillée, par exemple », précisait Agnès Barbot. Les jouets de fabrication européenne sont également plus sûrs. Les Lego, par exemple, sont ainsi sans BPA et phtalates. Pour les vêtements, s’ils sont neufs, ils devront être lavés en amont. Les textiles avec un écolabel sont à privilégier. « L’occasion et la récupération de vêtements dans la famille sont une bonne alternative aussi », ajoutait-elle. Autre élément parfois présent dans les chambres de bébé : l’écoute-bébé. « Il faut d’abord s’interroger sur sa nécessité. Si on en a vraiment besoin, il faudra prendre un modèle analogique, pas celui avec une caméra et connecté car il faut éviter les ondes. On ne le place pas directement à côté de la tête du bébé. De même, le wifi devra être déconnecté la nuit dans la maison », expliquait celle qui alerte aussi du danger des portables. « On en trouve parfois dans les berceaux », observait une professionnelle de santé de la maternité qui constatait que plus une seule maman ne s’en passe en salon d’allaitement. « Cela coupe la communication entre le parent et l’enfant… et il y a l’exposition plus tard aux écrans », rappelait Agnès Barbot.
Cosmétiques et couches
Pour ce qui est des soins au bébé, « les produits cosmétiques traversent la barrière de la peau, donc attention », ajoutait Agnès Barbot qui privilégie le coton, l’eau pour le change et un savon solide surgras avec une composition simple, type savon d’Alep. « On peut utiliser un liniment oléo-calcaire maison en promenade, précisait-elle, et il n’y a pas besoin de donner le bain tous les jours non plus à un nouveau-né car il ne se salit pas. Sauf si on en fait un moment de partage avec son enfant. » Seule une crème de change peut être utile en cas d’érythème fessier. Pour ce qui est des produits cosmétiques, attention à la liste d’ingrédients. Le premier élément indiqué est celui en pourcentage le plus important dans la composition. Plus la liste est longue, moins c’est bon signe. Il faut donc oublier définitivement la lingette nettoyante et les parfums. Par contre, en matière de crème solaire ou de dentifrice, mieux vaut oublier le fait maison. « On n’expose de toute façon pas les enfants au soleil avant la maternelle », indiquait la professionnelle qui rappelle également que les huiles essentielles ne doivent pas être utilisées avant 7 ans « sauf si l’on est accompagné par un professionnel car c’est comme pour un médicament ». Pour ce qui est des couches, les couches lavables sont idéales mais ne concernent, aujourd’hui, qu’une part réduite de parents. Les couches jetables restent majoritaires mais ce ne sont pas forcément les couches des marques les plus saines. « Parfois les marques distributeurs proposent des compositions plus simples », observait la puéricultrice en orientant vers les écolabels ou les études réalisées par les associations de consommateurs afin de faire un choix éclairé.
