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Un coin de ciel bleu pour les vignerons

Un coin de ciel bleu pour les vignerons

Après plusieurs récoltes plombées par les aléas climatiques et une année 2020 marquée par la crise sanitaire qui a fragilisé de nombreuses exploitations, les vignerons de Touraine pourraient retrouver le sourire ce mois-ci. Les vendanges qui doivent commencer entre le 15 et le 20 septembre selon les appellations, s’annoncent très belles avec des raisins en quantité et pourraient même déboucher sur un millésime exceptionnel si la météo est de la partie jusqu’au bout...
Patrice naour

On n’a pas connu de gros aléas climatiques cette année, contrairement aux années précédentes où le gel, des orages ou la canicule, parfois les trois, avaient touché certaines parties du vignoble, donc s’il n’y a pas de phénomènes extraordinaires dans les prochains jours, on se dirige vers de belles vendanges… » Benoît Gautier, président de la Fédération des associations viticoles d’Indre-et-Loire et de la Sarthe, retient son souffle. Les vendanges – qui ont déjà commencé à l’est du département du côté de Bléré pour des blancs plus spécialement destinés aux vins pétillants – devraient débuter vers le 15 septembre sur l’appellation de Vouvray où il a son exploitation, peut-être un peu plus tardivement pour les rouges de Chinon, Bourgueil et Saint-Nicolas de Bourgueil. « Mais il n’y aura pas trois semaines d’avance comme on le pensait en début d’été par rapport à une année normale, si tant est qu’on puisse employer ce mot tant chaque année est différente, mais, on va plutôt vers une petite précocité d’une semaine… » reprend-il.

Car, comme souvent avec la vigne, les choses se sont rééquilibrées au bout du cycle et, autant l’été chaud et sec avait accéléré la maturation du raisin permettant d’envisager des vendanges début septembre au lieu de fin septembre-début octobre habituellement, autant le rafraîchissement des températures la dernière semaine d’août a ralenti le phénomène de maturation pour retarder finalement les vendanges au-delà de la mi-septembre.

Un très grand millésime espéré

Cette légére précocité redonne le sourire aux vignerons, en particulier dans les appellations où les rouges prédominent à l’ouest du département. Car, en général, « un millésime précoce est un bon millésime » se félicite François Delaunay, vigneron à Bourgueil, qui exploite aussi des vignes sur Saint-Nicolas et le Chinonais. Ce que confirme Jean-Martin Dutour, président de l’appellation des vins de Chinon : « j’ai regardé récemment les dates de début des vendanges pour les plus grands millésimes de l’appellation comme 1893 ou 1947 et à chaque fois les vendanges commencent avant la mi-septembre, le 11 par exemple pour 1893 qui est une année exceptionnelle… » De là à penser que 2020 pourrait aussi s’avérer une grande année… « On n’en est pas là, tant que le raisin n’est pas dans la cuve, on ne peut pas prédire ce que sera le millésime mais on a hâte de le goûter, ça peut être une très, très bonne surprise en effet… »

Si la qualité peut être exceptionnelle, côté rendements, en revanche, tous s’accordent à dire que c’est une « année normale » sur le plan des quantités. « Il y a des raisins dans les grappes, même s’ils sont peut-être un peu plus petits que d’autres années à cause du manque d’eau cet été » expliquent-ils. Mais les pluies du dernier week-end d’août vont peut-être aussi regonfler un peu les raisins qui, comme tout fruit, a besoin d’eau pour se charger en jus. Un peu de chaleur là-dessus – comme la météo le prévoit en ce début septembre – et on pourrait alors assister au petit miracle des vendanges parfaites ou presque où toutes les conditions se conjuguent pour donner un grand millésime, qui plus est commercialisable en grandes quantités…

La crise sanitaire a laissé des séquelles

Car si les vendanges sont évidemment la grande affaire qui préoccupe les viticulteurs en ce début septembre, la crise du Coronavirus qui les a frappés de plein fouet en mars au moment du confinement, a laissé des séquelles dans la filière. « On a connu un trou de trois mois dans nos ventes, explique Benoît Gautier, ce qui va occasionner un important manque à gagner sur l’exercice en cours. Et même si depuis l’activité a repris progressivement cet été, ce qui est perdu, on ne le rattrapera jamais. Et puis tous les secteurs ne sont pas repartis, la restauration, ça va à peu près, mais certains de nos clients comme les traiteurs ne travaillent toujours pas dans l’événementiel, l’organisation de séminaires, mariages, réceptions, etc. Il faudra du temps pour revenir à la situation antérieure. »

Difficile de tirer des généralités tant chaque exploitation est un cas de figure unique par sa taille, ses productions (rouges, blancs, rosés ou pétillants ne se vendent pas de la même façon aux même périodes de l’année par exemple) et, bien sûr, par ses circuits de commercialisation, en France ou à l’exportation, vers la grande distribution ou le négoce ou davantage vers les particuliers, cavistes ou restaurateurs… Chaque situation est unique mais le constat est général : à des degrés divers, la commercialisation des vins est en baisse. Et certains vignerons ont dû faire de la place dans les chais pour accueillir la récolte à venir. Pour cela, ils ont eu recours à la distillation avec la prime de 80 € par hectolitre distillé promise par le Gouvernement. Mais peut-être que les aléas climatiques qui ont marqué les trois-quatre dernières années, avec des récoltes plus réduites en quantité, ont finalement permis de réduire les stocks, permettant ainsi aux vignerons d’avoir moins de vin en caves que s’ils n’avaient connu que des années « normales » sur le plan des rendements… Avec des stocks réduits, ils vont pouvoir faire le plein avec ce millésime 2020 qui s’annonce bien né. Et, après un printemps noir à cause de la Covid, ils vont retrouver un coin de ciel plus à l’automne. Enfin de bonnes nouvelles aux exploitations viticoles qui en ont bien besoin après cette année 2020 inédite !

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