Le 24 février dernier, l’Europe était jetée dans l’effroi d’une guerre qu’on prévoyait brutale et dont les conséquences étaient inconnues. Un an plus tard, l’Ukraine est toujours debout, la Russie poursuit sa stratégie de harcèlement, et le reste du continent continue de trembler face aux risques d’embrasement du conflit. Certes, depuis les premiers jours de la guerre, les menaces de chaos nucléaire ont été légèrement mises en sourdine, mais plus le temps passe, plus les risques d’escalade sont grands, au fur et à mesure que les armes employées et issues des quatre coins du monde détruisent davantage de vies. Jusqu’où dirigeants politiques et militaires réussiront-ils à ne pas aller pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis (de bombes) de l’irréparable ?
Bien malin celui qui pourrait objectivement prévoir comment cette affaire se terminera, et l’issue la moins pire, à espérer comme à redouter, est que chacun finisse malheureusement par épuiser ses corps et ses réserves sans avancées majeures. Les parties pourraient alors se décider à se mettre autour de la table sans avoir l’impression de s’y asseoir ni en vainqueur, ni en perdant potentiel. Il ne faudrait pas trop tarder, cependant, car en plus d’ôter des vies dans un fracas assourdissant, cette guerre qui dure ne peut que contribuer à déstabiliser davantage un monde en équilibre instable. Il n’a en effet échappé à personne le net regain de tensions entre les Etats-Unis et la Chine, comme si l’empire du Milieu, sachant son rival pris sous d’autres feux, cherchait à le tester et à lui envoyer des messages sous forme de ballons empoisonnés. Chaque jour qui passe depuis le 24 février 2022, il y a quelque chose de redoutable à voir l’Ukraine devenir « notre » Vietnam, théâtre d’affrontement globalisé où (presque) tous les coups sont permis. Avec, cinquante ans plus tard, toujours la même question : tout ça pour quoi ?
