Les chiffres sont atterrants. Selon une étude présentée fin mai et réalisée par un réseau d’observateurs du muséum d’Histoire naturelle, de l’Office français de la biodiversité ou encore de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la population des oiseaux vivant en milieu urbain ou rural a baissé de près de 30 % en trente ans ! Si les effectifs de certaines espèces ont augmenté, 43 d’entre elles ont diminué, comme le chardonneret élégant, la tourterelle des bois ou l’hirondelle de fenêtres. Si l’agglomération orléanaise est plutôt bien dotée en diversité d’espèces d’oiseaux – à en croire une étude de 2019 réalisée pour la Métropole –, certaines espèces ont subi elles aussi une une baisse d’un tiers de leurs effectifs ces dernières années, due, selon l’association Loiret Nature Environnement, à l’urbanisation et aux produits phytosanitaires.
Vive les confinements ?
La petite équipe de bénévoles de la LPO Loiret s’efforce ainsi d’encourager la création de « refuges », un label créé par la Ligue de protection des oiseaux en… 1921 et attribué aux terrains dont les propriétaires (particuliers, entreprises, collectivités), s’engagent dans la protection de la nature de proximité. Ceux-ci doivent créer « les conditions propices à la vie du sol, de la faune et de la flore » en « préservant le refuge de toutes les pollutions » et en « réduisant leur impact sur l’environnement ». Dans la métropole, ce sont le cimetière de Frédéville et la confluence Bionne-Canal, à Saint-Jean-de-Braye, qui ont fait l’objet d’une labellisation « refuges », après des inventaires réalisés par Loiret Nature Environnement. Sur le premier site, ce sont des pics épeiches, menacés, des rougequeues à front blanc, protégés, ou des fauvettes grisettes qu’on a observés. Quant au second refuge, cinq espèces de pics, trois espèces de fauvettes, plusieurs espèces de mésanges, ainsi qu’un martin-pêcheur, protégé, ou un hypolaïs polyglotte ont justifié une convention avec la mairie. Plus loin dans le Loiret, c’est au château de Chamerolles, à
Chilleurs-aux-Bois, que les pouillots fritis, le roitelet huppé, la linotte mélodieuse, menacée, les martins-pêcheurs ou les hirondelles des fenêtres peuvent espérer couler des jours tranquilles, grâce au label de la LPO.
Des espèces menacées, Loiret Nature Environnement en compte pourtant d’autres dans le département : « On peut citer l’alouette, le bruant jaune ou les rapaces, qui ont de moins en moins de proies, précise Marie-des-Neiges de Bellefroid, chargée d’études. Mais les mesures de protection ont aussi permis de voir désormais plus de grandes aigrettes, par exemple. » Autre bonne nouvelle : « Les demandes pour créer des refuges ont augmenté pendant le confinement et les adhésions également, indique Dominique Derouin, bénévole à la LPO. Le confinement et le télétravail ont peut-être permis aux gens d’être plus attentifs à la faune de leurs jardins. Et avec moins de mouvements, les oiseaux se sont
également rapprochés… »