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Moi, OSCAR, 36 ANS, ANGLAIS… ET MALADE du Covid à Orléans

Moi, OSCAR, 36 ANS, ANGLAIS… ET MALADE du Covid à Orléans

S’il est de notoriété publique qu’accéder à des soins de santé sur la région Centre-Val de Loire est affaire de patience, l’expérience a été bien plus difficile encore pour Oscar, un Anglais de 36 ans qui a emménagé à Orléans en 2020, juste avant d’attraper le Covid-19. Il témoigne ici du parcours du combattant auquel il a dû se frotter, alors que son corps souffrait...
AMBRE BLANES
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le témoignage saisissant d'un jeune anglais venu vivre à orléans en pleine pandémie

Oscar est conscient que son timing n’était pas franchement le meilleur : venir en France tandis que le Royaume-Uni opérait le Brexit et qu’une pandémie touchait l’Europe fut un cauchemar logistique et bureaucratique. Sans compter que découvrir un nouvel environnement lorsque seuls les lieux « essentiels » étaient ouverts n’a rien facilité non plus. Résidant jusqu’alors dans le sud-ouest de l’Angleterre, Oscar a débarqué sur le continent en juin 2020 par le premier ferry qui a quitté son pays, tout juste déconfiné. Il a rejoint à Orléans sa chère et tendre, et n’est depuis jamais reparti. « Je suis venu non pas pour le pays mais pour une personne, raconte-t-il. Cela n’a jamais été mon intention de vivre ici, mais j’ai saisi l’opportunité comme une chance. »

Oscar a contracté le Covid-19 en novembre 2020. En tant qu’ancien athlète, il s’imaginait alors être couché pour seulement dix jours. Hélas, le virus déclencha une réaction en chaîne et bouleversa son système inflammatoire. Il se souvient s’être senti spectateur lorsqu’une ambulance vint le chercher à son domicile pour détresse respiratoire. « C’était ma première visite à l’hôpital, et ma conjointe n’a pas été autorisée à rester à mes côtés », rappelle-t-il. Des visites, il y en eut d’autres, une fois Noël passé, pour le jeune homme qui souffrait en fait d’un Covid long (des symptômes persistants) et de séquelles diverses. S’ajouta en outre, à chaque rendez-vous médical, la barrière de la langue. « Le fait que je peine à communiquer m’a donné le sentiment de ne pas être pris au sérieux, explique-t-il aujourd’hui. Un docteur a appelé mes poumons “oreillers”, mais on a réussi à se comprendre. Et une interne avec des notions d’anglais a insisté pour qu’on me fasse passer un scanner… qui a révélé les traces d’un AVC. »

Sa conjointe fit office de traductrice et mena la chasse aux médecins. Les appels auprès des spécialistes s’enchaînèrent pour trouver la cause des maux d’Oscar, qui dut aussi composer avec une absence de Carte Vitale. « Certains ont considéré ne pas me soigner car je n’avais pas de carte verte, bien que je payais tout de ma poche et comptant », regrette le trentenaire. Il dépensa ainsi plus de 2 000 € entre janvier et septembre 2021 et collectionna les feuilles de soins. « Aujourd’hui, ce n’est pas encore fini mais, heureusement, ma carte devrait me parvenir sous deux mois…. » Au-
delà des difficultés relatives à son statut d’étranger, il note aujourd’hui des dysfonctionnements de communication dans le système de santé « à la française » : « On m’a dit de revenir à l’hôpital si je “perdais la vision ou l’usage d’un membre”… C’est la chose la plus ridicule que j’ai entendue ! On m’a aussi dit “tout va bien”, pour m’apprendre une heure plus tard une mauvaise nouvelle. Ce n’est pas un problème de langage, mais un manque de considération pour le patient, une communication bâclée. En Angleterre, les gens seraient furieux dans une telle situation… »

« Vulnérable et abandonné »

En parallèle, Oscar tente désormais tant bien que mal de s’intégrer dans son pays d’accueil, dont il adore la culture et, sans surprise, la cuisine. La pandémie n’a pas permis à cet Anglais de baigner régulièrement dans un cercle social propice pour apprendre la langue « sur le tas », même lorsqu’il fut embauché en CDD dans une entreprise à Paris qui favorise l’usage de l’anglais. Histoire de s’assurer un revenu stable, il accepta donc des missions de consultant en marketing pour des entreprises internationales et en télétravail, mais désire aujourd’hui retrouver le chemin du bureau et si possible en France, où il aimerait faire sa vie. « Il ne semble pas y avoir beaucoup de besoins pour les anglophones, s’étonne Oscar. Hors de Paris, je pense que trouver un boulot sans parler un français courant est impossible, du moins dans mon secteur. J’aimerais presque trouver un mi-temps pour apprendre les bases du français professionnel, en dehors de la maison. » Maintenant qu’il a son visa, les choses devraient cependant pouvoir se décanter, puisqu’il paraît que la roue finit toujours par tourner… En attendant, l’expatrié a trouvé un médecin qui a reconnu l’urgence et mis en place un parcours de soins. Oscar vient aussi de finaliser son inscription à Pôle Emploi. S’il n’espère pas bénéficier d’une allocation, il aimerait suivre des cours de français pour étrangers pour assurer son installation. Cela fera bientôt un an et demi qu’il a traversé la Manche pour s’installer à Orléans, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses premiers mois dans l’Hexagone auront donc été rock’n’roll. « Être malade en France en tant qu’étranger a été la pire expérience que j’aie jamais traversée pour ma santé, du fait des frais et du manque d’interlocuteurs, résume-t-il. Ajoutez-y les difficultés d’intégration et de job, vous comprendrez que je me sois senti vulnérable et abandonné… » Malgré tout, Oscar n’en oublie pas sa chance : « Orléans est une belle ville historique, avec un climat agréable. Cela ressemble à Bath, que j’ai quittée, une merveille d’architecture : assez petite pour tout voir et assez grande pour ne pas étouffer, proche de la capitale et entourée de verdure… » 

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