La colère ne faiblit pas. Dans plusieurs grandes villes de France dont Paris, Strasbourg, Lille, Tours ou encore Limoges, les théâtres sont occupés. Celui d’Orléans s’est ajouté à la liste, à l’appel du CUIP 45 (réunissant salariés du spectacle et organisations syndicales), de Sud Culture Loiret et du SNAM-CGT Orléans. La première assemblée générale a eu lieu samedi dernier et a réuni 160 personnes.
Un plan de relance local ?
« La direction du théâtre nous soutient à 100 % », assure Vincent, syndiqué au SNAM-CGT. Plusieurs dizaines d’artistes, techniciens et salariés de la culture dorment chaque soir dans le théâtre et ont trois exigences. La première : le retrait de la réforme de l’assurance-chômage. « C’est le plus important et ça dépasse le domaine de la culture », clame Vincent. Également active dans le mouvement d’occupation, Aurélie, intermittente, complète ses propos : « Un pays, ce n’est pas que de l’argent. On piétine les droits humains, ça finit par être dévastateur. » Deuxième point : la prolongation des droits à l’assurance-chômage d’un an minimum, après la fin de la période d’incapacité de travailler. Aurélie va plus loin : : « Il n’y a jamais eu de réflexion profonde sur des conditions saines et acceptables pour travailler dans le milieu de la culture depuis quinze ans. » Les occupants veulent également une diminution du seuil d’heures minimum d’accès pour les primo-entrants et les intermittents en rupture de droits.
Quelques jours avant le début de l’occupation du théâtre, certains de ces intermittents ont pu s’entretenir avec le maire d’Orléans, Serge Grouard. « La rencontre s’est bien passée, on a eu une très bonne écoute », assure Vincent. Un plan de relance imaginé par les intermittents a été évoqué et représente le troisième point de leurs revendications. Chiffré à hauteur de 1,6 M€ à l’échelle du département, il comprendrait une série de quelques dates avec des répétitions et des résidences d’artistes qui pourraient être mises en place dans des lieux fermés, une à plusieurs fois par an. « Pour les effets que ça pourrait avoir, ça ne coûterait pas cher. On demande de l’argent utile », abonde Vincent. Aurélie ajoute qu’il faut « que le plan de relance aille vers l’artiste, sans trop d’intermédiaires. C’est comme ça qu’il fera vivre des lieux culturels et que cela irriguera le monde de la culture sur le territoire »..
Pour les occupants du théâtre, ce n’est qu’en respectant ces trois revendications qu’une réouverture des lieux culturels est envisageable « dans des conditions viables et pérennes », selon les mots de leur communiqué. Pour évoquer ces thématiques, le maire d’Orléans doit avoir un rendez-vous prochainement avec la préfète du département, un territoire qui comprend environ 900 intermittents. Enfin, certains d’entre eux ont aussi eu un second rendez-vous mercredi avec François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire.