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Comment sera dépensé votre argent ?

Comment sera dépensé votre argent ?

Le conseil municipal d’Orléans a adopté jeudi dernier son budget primitif pour l’année 2022. Trois priorités ont été pointées par la majorité : la sécurité, la santé et l’environnement. Pourtant, l’investissement est en baisse, ce que n’a pas manqué de faire remarquer l’opposition.
Benjamin Vasset
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Comme chaque fin d’année depuis 20 ans, Michel Martin, le « grand argentier » de la Ville d’Orléans et premier maire-adjoint aux Finances, se colle à la présentation du budget pour l’exercice suivant. Et comme chaque année, ou presque, il fait valoir les « fondamentaux » qu’il tient à faire respecter, à savoir « stabilité de la fiscalité et de la dette » ou encore « préservation de la capacité de financement de la municipalité ». On ne changera certainement jamais Michel Martin, qui ne cesse jamais non plus de rappeler, en fin d’année, la chute des Dotations Générales de Fonctionnement (DGF) versées par lÉEtat à la municipalité depuis 2013. « L’État ne nous a pas fait de cadeaux », affirme-t-il, arguant encore d’une nouvelle baisse de 300 000 € en 2021. Un chiffre contesté par la conseillère municipale LREM et députée du Loiret, qui déclare, documents de la Préfecture à l’appui, que cette fameuse DGF versée à la Ville d’Orléans aurait… augmenté l’an dernier. 

Au-delà de cette querelle politique, la municipalité orléanaise prévoit de dépenser l’an prochain un peu plus de 195 M€ (dont 173 aux « actions et projets de la mairie d’Orléans »), dont 139 M€ seront consacrés au fonctionnement, et un peu moins de 34 M€ à l’investissement. Un chiffre qui continue de baisser depuis 2019 (où il s’établissait à plus de 50 M€). Attention, cependant : avec les investissements réalisés par la Métropole au titre des transferts de compétences, la lecture de ces données peut être quelque peu biaisée. Mais il n’en faut pas plus à l’opposition de gauche pour juger le budget 2022 d’Orléans « tranquille » et sans grande innovation. « Le budget est contenu, la dette est inférieure à celles d’autres villes de taille similaire : je pense qu’il y avait une marge de manœuvre pour faire davantage d’investissements », fait par exemple remarquer l’élu écologiste Jean-Philippe Grand. 

Trois « priorités »

Michel Martin, lui, défend un budget « solide » bâti autour de trois grandes priorités : la sécurité, l’environnement et la santé. Pour celle-ci, la Ville a fléché en 2022 1,3 M€ vers les travaux du centre de santé municipal A.Gault, qui devrait ouvrir en 2023, et dont elle a racheté les locaux à la Métropole. L’opposition tique pourtant sur les résultats observés à l’échelle orléanaise sur cette question de la santé, alors qu’un article de La République du Centre, publié la semaine dernière, a décrit des urgences du CHRO au bord de l’implosion. « La santé est dans une situation catastrophique aux niveaux national et régional », convient le maire-adjoint Florent Montillot, appelant la Région Centre-Val de Loire à revoir la carte de formation des infirmières, puisque ce serait à cause d’un manque criant de professionnelles que 135 lits seraient fermés au CHRO, ce qui contribuerait à embolliser les urgences. « Sur la santé, nous déployons beaucoup d’énergie, et nous aimerions être davantage soutenus, ajoute Serge Grouard, maire d’Orléans et président du conseil de surveillance de l’hôpital. Quand je vois la situation des urgences, je ne sais plus dans quel pays nous habitons. Et je suis un peu agacé d’entendre les discours d’autosatisfaction de certains qui feraient mieux de se mettre au boulot ! » Un discours offensif de la part du premier magistrat de la ville, qui pointe comme souvent l’incurie de l’État. (Quelques heures avat la tenue du conseil municipal d’Orléans, la députée LREM et conseillère d’opposition Stéphanie Rist a publiquement demandé à une réunion en urgence des acteurs de la santé sur le territoire pour mieux répartir, si l’on peut dire, la pénurie d’infirmières, ndlr). Sur les deux autres grandes « priorités » de la majorité –la sécurité et l’environnemen– Michel Martin a acté un développement du programme de vidéoprotection, de renouvellement des véhicules, mais aucune hausse d’effectifs au sein de la police municipale. Sur le volet environnemental, la Ville va en outre enclencher un « plan de solarisation de son patrimoine » et entamer des travaux de rénovation thermique dans l’école élémentaire du Châtelet pour un montant de 500 000€. Pas assez pour Jean-Philippe Grand, qui réclame davantage d’investissements pour éduquer les enfants à cet enjeu de la transition écologique ainsi qu’un un plan global de gestion technique du chauffage. 

Les mails, un projet « métropolitain »

Quid, sinon, des grands projets annoncés par la majorité lors de sa prise de pouvoir en 2020 ? Le budget 2022 prévoit une ligne de de 500 000 € concernant des études pour l’extension et la rénovation du Conservatoire. Un projet dont Michel Martin se refuse à dévoiler le prix, rappelant seulement que le MOBE et les récents équipements aquatiques avaient coûté entre 15 et 20 M€ chacun. L’étiage, sur le Conservatoire, devrait être peu ou prou le même. Par ailleurs, concernant la rénovation des Halles Châtelet, autre grande ambition de Serge Grouard, 500 000 € ont été provisionnés pour de possibles rachats de surfaces commerciales. « Ça avance, un chef de projet a été nommé », a ajouté Serge Grouard, alors que la mairie d’Orléans doit communiquer publiquement, ce vendredi, sur ce projet. Concernant la salle de musiques actuelles que la majorité dit espérer réaliser au cours de ce mandat, Michel Martin explique qu’il « n’y a rien d’abouti à ce jour », reconnaissant tout de même, à demi-mot, qu’un site est dans le viseur, à proximité de la station de tram Libération : 200 000 € seront consacrés en 2022 à des études diverses sur ce sujet. Enfin, sur la réhabilitation des mails à Orléans, aucune ligne n’a été inscrite au budget de l’an prochain. Le projet est-il abandonné ? « Non, mais c’est un projet métropolitain », répond Michel Martin. Voilà qui devrait animer les débats au cours des prochaines semaines à la Métropole, car il n’est pas tout à fait sûr que certains maires d’autres communes de l’agglomération, à qui l’on a demandé de faire des efforts en novembre dernier et de renoncer à certains de leurs projets, acceptent de voir la Métropole financer tout ou partie de cette réhabilitation des mails qui intéressera au premier chef Orléans et les Orléanais. Mais cela est (presque) une autre histoire…

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